2-4 Tout va très bien en Afrique du Sud….

« L’Afrique du Sud deviendrait-elle un enjeu de la vie politique française ? ». Cette phrase sert d’introduction à l’article de Réforme paru en juillet 198786 retraçant « l’affaire » de la visite de neuf députés français (trois du RPR, trois de l’UDF et trois du FN) en Afrique du Sud, revenus « porteurs d’une bonne nouvelle : « l’apartheid a été aboli par le gouvernement sud-africain 87  ». Usant d’un ton fort cynique, Ariane Bonzon se déclare outrée face à l’aveuglement de ces « tristes sires » qui n’ont pas su faire la différence entre un apartheid mesquin qui disparaît peu à peu et la logique du développement séparé, plus vivace que jamais. Présentés comme étant plus coupables d’ignorance que victimes de la propagande sud-africaine, Ariane Bonzon fustige l’attitude déplorable des politiques français :

‘« Que la France n’ait pas de leçon à donner au pays de M.Botha, passe encore […]. Mais que ces tristes sirs aillent y chercher la bonne parole c’est pousser un peu loin le bouchon. De trop bonne grâce nos députés ont posé devant le monument huguenot de Franschhoek lors de ce voyage organisé par le bureau de l’information sud-africain […]. Au demeurant investi d’aucune mission officielle, ce groupe en goguette n’aura pas fait le voyage pour rien : Jean Marie Le Pen saura y puiser quelques arguments supplémentaires, avec le redoutable « bon sens » qui le caractérise88 ».’

Cette visite, présentée comme presque pitoyable si le sujet n’était pas si grave, révèle bien la confusion régnant au sein de la classe politique française sur la question sud-africaine. La visite de ces neuf députés a en effet eu lieu quelques jours après que, sous l’égide de Danielle Miterrand, une rencontre d’Afrikaners libéraux et de dirigeants de l’ANC ait eu lieu à Dakar…

Dans son éditorial paru dans La Croix, Noël Copinmanifeste de la même façon son sentiment outré et choqué devant la naïveté de ces politiques incapables de s’interroger sur la nature profonde du système et particulièrement sur la politique persistante des homelands. Quant à l’hommage adressé à P. Botha, Noël Copin annonce quelque peu dépité que « c’est déjà en soi choquant même si ce n’est pas tellement surprenant 89  »…

Noël Copin ne peut que manifester, d’une manière définitive, son découragement devant le « comportement de quelques représentants du peuple à la veille de la fête nationale, au pays des droits de l’homme 90  ». Cet événement témoigne d’un aveuglement d’une certaine partie de la classe politique française, répondant favorablement aux messages envoyés par le bureau de l’information sud-africain…

Notes
86.

Ariane BONZON, « Tout va très bien madame la marquise », Réforme, 25 juillet 1987, p. 3.

87.

Ibid.

88.

Ibid.

89.

Noël COPIN, « Apartheid : l’aveuglement » (éditorial), La Croix, 14-15 juillet 1987, 1ère page.

90.

Ibid.