3-3 La naissance d’une idéologie

Bruno Chenu, dans la presse catholique, dénonce avec des mots chocs « l’idéologie religieuse, d’origine calviniste, servant de couverture à des intérêts politiques et économiques puissants. Il appartient donc à la puissance chrétienne de dénoncer ce travestissement évangélique et cette « barbarie à visage chrétien » 111  ».

Cette religiosité prend corps au sein d’une structure ecclésiale qui servira de cadre indiscutable à l’élaboration du système institutionnalisé de l’apartheid. Eglises calvinistes hollandaises et structures politiques ne font ainsi qu’un. Une raison supplémentaire pour les milieux chrétiens français de réagir :

‘«Cette légalisation de l’injustice est pratiquée, justifiée et soutenue par un gouvernement et une population se rendant chaque dimanche à l’Eglise réformée pour y entendre la « Parole de Dieu » et s’y faire « blanchir » la conscience ! 112 ! »’

Il semble bien pour l’auteur de l’article que la responsabilité des Afrikaners soit aggravée par leur appartenance fidèle à l’une des Eglises réformées hollandaises. Dans ce cadre religieux et ecclésial, la responsabilité devient culpabilité et honte. C’est ainsi que les réformés se doivent de constater que leurs premiers interlocuteurs seront « leurs coreligionnaires calvinistes, car c’est là que se situe le cœur du soutien idéologique à la politique d’apartheid 113  ». Désireuse de comprendre avant de juger, la presse religieuse française va présenter cette mentalité calviniste afrikaner qui se révèle au sein des Eglises réformées.

Notes
111.

Bruno CHENU, « les fondements théologiques… » (1978), op.cit.

112.

« Apartheid, la voie du C.O.E », Réforme, n°1340, 21 novembre 1970.

113.

« La résistance à l’apartheid » (1971), op.cit., p. 7.