4-3 La NGK, caution religieuse au régime d’apartheid

Le rôle de la NGK comme cadre de l’élaboration du système d’apartheid est rappelé à de multiples reprises dans la presse chrétienne française. Ainsi, dans Réforme, le but n’est pas de décrire avec précision la théologie calviniste exprimée en Afrique du Sud mais d’apprendre au lecteur le lien que l’Eglise entretient avec la politique en vigueur :

‘« l’Eglise réformée hollandaise, en grande partie, approuve la politique d’apartheid mais ses motifs semblent inspirés par une prise au sérieux de la situation locale et des problèmes qu’elle implique ¹¹⁹  ».’

La caution religieuse donnée au système semble être comprise par l’observateur français. Pour lui, le soutien qu’une Eglise apporte à un système politique doit avoir une raison, même si ce système est basé sur des principes discriminatoires. Aucune condamnation de ce lien n’est faite dans cet article.

La presse catholique se fait également l’écho du soutien de l’Eglise au régime d’apartheid :

‘« Notons que l’Eglise réformée néerlandaise d’Afrique du Sud […] approuve la politique du gouvernement. Elle la justifie même par des raisons théologiques et prétend trouver dans la Bible la preuve de l’infériorité de la race noire qui, d’après elle, ne serait pas sauvée par le Christ de la même façon que les Blancs ¹²⁰  ».’

En 1964, Michel Honorin, grand reporter dans le domaine télévisuel, dénonce dans La Croix le soutien plus que visible, presque caricatural, de l’Eglise réformée :

‘« L’Eglise réformée des Afrikaners loue même l’apartheid dans chaque sermon. J’ai pu entendre la radio un pasteur inconnu prêcher la pureté de la race blanche et imputer à Dieu l’origine de la ségrégation raciale ¹²¹  ».’

Le regard va davantage s’aiguiser dans la décennie suivante, décennie durant laquelle cette caution morale et théologique donnée à la doctrine du développement séparé sera justement dénoncée et jugée irrecevable. Bruno Chenu parle ainsi dans La Croix d’une « Eglise réformée hollandaise parfaitement inféodée au pouvoir et qui ne lui ménage pas son soutien ¹²²  ». La question fait encore l’objet d’un article entier dans La Croix en 1987 :

‘« [L’Eglise réformée hollandaise] a fourni la base théologique de la politique de pureté ethnique nationale. Avec elle, l’apartheid est une sorte de politique d’Eglise !  ¹²³ ».’