Si la déclaration du COE montre bien une mobilisation des Eglises chrétiennes face à la répression du gouvernement et, d’une manière plus globale, contre les lois de l’apartheid, le Comité central du COE va également adresser une requête à ses Eglises membres :
‘« Il prie instamment les Eglises membres, dans les pays qui entretiennent des relations militaires et économiques avec l’Afrique du Sud, de faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour qu’ils mettent un terme à cette collaboration 468 ».’La relation entre la France et l’Afrique du Sud est souvent rappelée dans la presse chrétienne469. Si cette relation est déjà difficile à assumer avant que n’éclatent les émeutes de Soweto, elle devient honteuse après juin 1976 et la requête du COE ne fait que renforcer les dénonciations des observateurs pour qui ce lien est devenu insupportable :
‘« L’ampleur prise par le militarisme sud-africain et son renforcement par la coopération militaire et économique active de certaines grandes puissances occidentales constituent une lourde menace pour la paix. Cette menace est encore aggravée par l’accord récent passé entre la France et l’Afrique du Sud sur la collaboration nucléaire 470 ».’Cette relation privilégiée sur la question du nucléaire sera également rappelée dans La Croix 471 , informant également de l’organisation à Paris (le 21 juin) de meetings de protestation « contre l’apartheid et la fourniture de centrales 472 ». Deux jours plus tard, le journal fait un court bilan du défilé parisien durant lequel des cris scandant « Vorster assassin, Giscard complice » et « pas d’armes aux racistes, pas de centrale nucléaire 473 » ont été entendus.
Plus d’un mois plus tard, alors que des émeutes continuent dans plusieurs townships du pays, Noël Darbroz dans La Croix condamne avec une certaine virulence l’attitude de la France :
‘« Quant à la France embrouillée dans les contradictions de sa politique africaine et de sa politique sud-africaine […], il serait plus que temps qu’elle révise complètement son attitude vis-à-vis de Pretoria 474 ».’« Pour le COE : l’Afrique australe, objectif prioritaire », Réforme, op.cit., p. 4.
Voir aussi SOEPI, mensuel n°26, op.cit., p. 11.
Voir I, 2.
« Pour le COE, l’Afrique australe… », op.cit., p4. L’article fait référence à l’accord passé entre la France et l’Afrique du Sud concernant la construction de la centrale de Koeberg, accord conclu quelques jours avant le début des émeutes de Soweto. Voir I, 2.
« La révolte noire en Afrique du Sud », op.cit., 1ère page.
« L’Afrique du Sud risque l’embrasement », op.cit., p. 3.
« Lourd bilan des émeutes… », op.cit., p. 7.
« A l’ordre du jour : le « pouvoir noir » en Afrique du Sud », op.cit., p. 5.