La genèse d’un esprit militant 903

Allan Aubrey Boesak est né en 1945 à Kakamas (Northern Cape). D’origine métis, il devient à 14 ans fidèle de la Nederduits Gereformeerde Sending Kerk, la branche métisse de la puissante NGK. Il entre ensuite au Bellville Theological Seminary et devient pasteur dans la ville de Paarl (1967-1970). En 1970, il part étudier la théologie en Hollande puis à New-York. Docteur en théologie, il revient en Afrique du Sud en 1976 et devient le pasteur de la paroisse de Bellville (South) au Cap. Immergé dans le système d’apartheid, il devient rapidement le fer de lance d’une nouvelle résistance chrétienne, désireux de former un front commun capable de regrouper populations noires, métisses et indiennes. En 1982, il prend une envergure internationale, devenant le président de l’Alliance réformée mondiale (ARM). Cette nomination a une portée symbolique évidente puisqu’elle a lieu l’année de l’exclusion de la NGK et de la NHK de l’Alliance Réformée Mondiale alors qu’Allan Boesak avait élaboré « une argumentation qui l’a conduit à demander que l’apartheid soit assimilé à une hérésie par l’Alliance réformée mondiale 904  ». La position d’Allan Boesak est donc complexe puisqu’en tant que membre de la « fille » métisse de la puissante NGK, il n’a cessé de contester la caution religieuse formulée par sa structure ecclésiale905. Ses doutes concernant la ségrégation religieuse dans sa propre Eglise sont reproduits dans Réforme qui rapporte les paroles du pasteur :

‘« Je me suis demandé sérieusement si je devais rester dans l’Eglise réformée hollandaise. En sachant que c’était l’Eglise qui est dominée par la théologie et la pensée de l’Eglise réformée hollandaise blanche, sachant que c’était l’Eglise qui silencieusement soutenait l’apartheid. J’étais inquiet 906  ».’

Ses doutes, Allan Boesak les dépassera à la suite de sa rencontre avec Beyers Naudé en 1964 qui le convaincra que son action sur le système ne sera efficace que si il reste à l’intérieur de l’Eglise qui est elle-même au cœur du système d’apartheid.

Notes
903.

Sur l’engagement d’Allan Boesak, voir :

Allan BOESAK, Farewell to innocence : a socio-ethical study on black theology and black power, New-York, Maryknoll, Orbis books, 1976, 185p.

904.

Ariane BONZON, « Allan Boesak : choisir la justice », Réforme, n°2148, 14 juin 1986, p. 4.

905.

En fait, les Eglises noires et métisses issues de la prédication des Eglises réformées hollandaises (la « sending kerk » des Métis à laquelle appartient A. Boesak et la « NGK in Africa » des Noirs) avaient officiellement condamné l’idéologie de l’apartheid et avaient décidé, en 1975, d’adhérer au SACC.

906.

Ariane BONZON, « Allan Boesak : choisir la justice » (1986), op.cit.