1-1 La création de la commission au lendemain de Vatican II : pour une nouvelle lecture du monde…

Les commissions épiscopales « Justice et Paix » sont nées de la volonté, à la suite du concile Vatican II, de promouvoir la réflexion et l’action de la communauté catholique vis-à-vis des questions de justice sociale, de développement et de droits de l’homme. La commission pontificale « Justice et Paix » est, dans cet esprit, instituée par Paul VI le 6 janvier 1967 par le Motu proprio 990 « Catholicam Christi Ecclesiam991 ».

Le conseil permanent de l’épiscopat français, lors de sa session du 2 mars 1967, adopte le principe de la création d’une commission au plan national. La perspective évoquée est formulée de la façon suivante :

‘« La création de la commission « Justice et Paix » indique combien tout le peuple est engagé comme tel dans la transformation du monde […]. En notre temps, plus que jamais peut-être, les craintes se mêlent aux espoirs, les chrétiens sont appelés à devenir les témoins actifs de l’espérance du salut pour tous les peuples et pour tous les hommes992 ».’

Les actions de la commission s’organisent autour de quatre points principaux :

  • L’élaboration de documents portant sur les problématiques de justice sociale, de développement, de respect des droits de l’homme…
  • La collaboration avec des organisations non gouvernementales993.
  • L’action auprès de pouvoirs publics.
  • L’établissement de contacts et de relations avec des Eglises et des groupes de chrétiens engagés dans le monde, dans le même combat pour la justice sociale.

Dans leur besoin de s’engager pour la justice sociale, les membres de la commission française trouveront dans la question sud-africaine l’occasion de témoigner de la place que peut prendre l’Eglise catholique dans un combat d’une telle nature. Ils trouveront aussi forcément dans l’engagement de leurs interlocuteurs chrétiens sud-africains la manifestation concrète d’une telle démarche. Si la commission était placée sous l’autorité d’un évêque994, les membres bénéficiaient, en ce qui concerne la question sud-africaine, d’une autonomie certaine concernant les orientations données à la réflexion et aux actions à mener.

Notes
990.

En latin « de son propre chef », le Motu proprio est une lettre apostolique émise par le Pape de sa propre initiative.

991.

Paul VI présente les objectifs d’une telle commission dans l’encyclique Populurum Progressio (26 mars 1967) : le but est de « concrétiser l’apport du Saint-Siège à cette grande cause des peuples en voie de développement » . la commission est chargée de « susciter dans tout le peuple de Dieu la pleine connaissance du rôle que les temps actuels réclament de lui de façon à promouvoir le progrès des peuples plus pauvres, à favoriser la justice sociale entre les Nations, à offrir à celles qui sont moins développées une aide telle qu’elles puissent pourvoir elles-mêmes à leur progrès ».

992.

« Déclaration de la Commission française « Justice et Paix » », La documentation catholique, n°1506, 3 décembre 1968, col 2039.

993.

Aujourd’hui, « Justice et Paix » collabore avec l’ACAT (Association des chrétiens pour l’abolition de la torture), le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), Pax Christi, le Secours catholique, la commission « Eglise et société » de la FPF…

994.

La Commission « Justice et Paix » est en fait un service de la Conférence épiscopale, rattachée à la Commission « Mission universelle de l’Eglise ».