1-7 Pierre Toulat, figure centrale de la commission

Secrétaire général de la commission « Justice et Paix » de 1967 à 1990, Pierre Toulat alimenta de ses réflexions le groupe Afrique et s’engagea particulièrement dans la question sud-africaine. Prêtre engagé dans le monde, il fit de la question de l’apartheid une priorité pour le « groupe Afrique », en la considérant comme un thème de réflexion essentiel et une question demandant l’intérêt et la mobilisation active des chrétiens membres de la commission. Car si le problème est lointain, son ampleur et ses conséquences sur les populations noires nécessitent une condamnation sans appel. Afin de mobiliser, Pierre Toulat s’est attaché, dans des lettres internes, à informer de la situation réelle et des mobilisations des Eglises d’Afrique du Sud (tout en déplorant que le clergé catholique soit majoritairement blanc alors que les fidèles sont noirs à 80%), et des effets réels de l’apartheid1070. La commission, elle-même ou aux côtés d’autres organismes chrétiens, témoigne à de multiples reprises de ces indignations face à la répression sud-africaine, surtout lorsque cette dernière toucha des chrétiens engagés dans la lutte anti-apartheid. Ce fut par exemple le cas en août 1985 après l’arrestation du pasteur Allan Boesak :

‘« En empêchant Allan Boesak de poursuivre une lutte non violente contre l’apartheid, le gouvernement sud-africain s’engage plus avant dans la spirale de la violence, décourage les efforts pacifiques et exaspère une population consciente de ses droits 1071».’

Il apparaît donc clair que les objectifs de la commission sont bien d’apporter une information sur le système d’apartheid et ses effets, mais aussi d’établir des contacts avec des personnalités chrétiennes sud-africaines, de défendre et de transmettre leurs messages ainsi que de répercuter les persécutions dont ils sont les victimes…

Notes
1070.

Ces lettres m’ont été prêtées par Bruno Chenu, membre du « groupe Afrique » de la commission dans les années 80.

1071.

« Indignation de Justice et Paix après l’arrestation d’Allan Boesak », AFP, 28 août 1985.