2-1 La Fédération protestante et le Comité anti-apartheid

Les premiers liens

La FPF fut souvent sollicitée par le Comité anti-apartheid. Le 11 octobre 1966, l’avocat Jean-Jacques de Felice1120, membre actif du comité, écrit une lettre au président de la Fédération le pasteur Westphal, lui demandant sa participation à la conférence de presse qui doit avoir lieu le 9 novembre de la même année, conférence de presse qui doit réunir notamment le philosophe Jean-Paul Sartre et Daniel Mayer1121. Jean-Jacques de Felice formule sa demande de manière très explicite :

‘« Il serait à mon sens extrêmement important qu’en tant que Président de la Fédération protestante vous vous prononciez contre cette ségrégation inadmissible, plusieurs fois condamnées par la Fédération elle-même. Il serait important également, pour le cas où vous ne pourriez vous joindre à nous, que vous nous écriviez en rappelant la motion votée par la Fédération en mai 1965 et demandant au gouvernement de cesser toutes livraisons d’armes à l’Afrique du Sud1122 ».’

Jean-Jacques de Felice, en interpellant le président de la FPF, réclame ainsi une implication de la Fédération au sein du Comité anti-apartheid, et particulièrement sur la question de la cessation des livraisons d’armes à l’Afrique du Sud. Mais l’avocat cherche aussi à obtenir la participation de la Fédération à une rencontre internationale qui doit se tenir à Paris au printemps 1967 :

‘« Nous aimerions à ce sujet que vous-même ou un responsable mandaté par la Fédération protestante de France prenne la direction de la commission qui aura pour tâche d’étudier l’apartheid sous son aspect religieux et théologique. Vous savez à quel point la résistance spirituelle d’un certain nombre de pasteurs et de membres du clergé catholique en Afrique du Sud est importante puisqu’elle empêche le pouvoir sud-africain lui-même de baser cette oppression raciale sur des considérations spirituelles par ailleurs inadmissibles1123 ».’

La « résistance » des pasteurs sud-africains semble donc être connue par Jean-Jacques de Felice qui trouve ainsi justifiée une intervention des Eglises françaises, particulièrement au sein de la Fédération protestante.

Notes
1120.

Avocat fortement mobilisé au sein de la ligue des droits de l’homme, Jean-Jacques de Felice, avant de s’impliquer au sein du Comité anti-apartheid, s’était fortement mobilisé dans les années 50 pour la défense des Algériens nationalistes.

1121.

Ancien résistant, Daniel Mayer fut député socialiste de la Seine (de 1946 à 1958) puis président de la Ligue des droits de l’homme (de 1958 à 1975) et de la Fédération internationale des droits de l’homme (de 1977 à 1983) avant de présider le Conseil constitutionnel (de 1983 à 1986).

1122.

Lettre de Jean-Jacques de Felice au président de la FPF, 11 octobre 1966.

1123.

Ibid.