Les actions du Comité

Dans cette lettre, datée du 22 novembre 1973, Jean-jacques de Felice dresse un historique du Comité, organisme créé à la fin des années 50 « à l’initiative de quelques personnes sensibilisés par la gravité de la situation de l’Afrique australe opprimée par le régime d’apartheid et consciente de la responsabilité de pays occidentaux (y compris le notre) dans le maintien de ce régime raciste 1130  ». Le Comité s’est ensuite transformé en un « comité de liaison » chargé de fournir une base d’action commune à toutes les organisations françaises (politiques, syndicales, anti-racistes, d’inspiration chrétienne…). Les représentants de chaque organisation devaient se réunir régulièrement afin de discuter de l’évolution de la situation. Mais Jean-Jacques de Felice déplore le manque de mobilisation qui apparut rapidement :

‘« Mais pratiquement, et depuis le début, le Comité a reposé sur le travail d’une petite équipe, à qui les organisations en question faisaient confiance. Il se trouve que, dans sa grande majorité, elle était composée de protestants : avec J.J de Felice et E. Mathiot, s’y trouvaient Mme E. Labrousse, A-M Goguel, Marcel Henriet de la Cimade, et quelques amis catholiques1131 ».’

Jean-Jacques de Felice déplore qu’un noyau, certes mobilisé mais plutôt fragile, n’a pu venir à bout des actions à mener, à un moment où il aurait fallu que des comités se multiplient en province et que la mobilisation devienne plus importante (multiplication des réunions d’information, diffusion de publications…). Cette situation donne l’occasion à Jean-Jacques de Felice de rappeler les différents rôles du Comité : être l’interlocuteur français du Comité spécial des Nations-Unies, collaborer avec les autres Comités anti-apartheid existants en Europe, être en contact avec les mouvements de libération africains « dont il aide les responsables lors de leurs séjours à Paris, en facilitant leurs déplacements, leurs contacts avec la presse, avec les milieux politiques, syndicaux d’Eglises…à qui ils désirent exposer les problèmes de leurs pays 1132  ». Le Comité français doit aussi être un interlocuteur possible avec le gouvernement1133 et ainsi exprimer ses objections concernant la politique française vis à vis de l’Afrique du Sud (concernant la vente d’armes notamment).

Le Comité veut également maintenir son effort en matière d’information, « étant donnée l’ignorance dramatique de notre opinion publique en face d’un projet où notre pays est pourtant directement concerné 1134  ». Cette information est rendue possible grâce à l’envoi de documentations (sur demande) et à la parution d’un bulletin paraissant tous les trimestres (envoyé à 300 personnes).

Concernant les moyens financiers, Jean-Jacques de Felice signale que toutes les charges au sein du Comité sont assurées bénévolement et que « c’est un don du COE en 1971 qui a permis de développer nos efforts, par l’acquisition de matériel de documentation et de propagande. Ce don n’a pas encore été renouvelé, et nous vivons encore sur ce qui en reste ». Cette mention témoigne bien de l’implication des Eglises dans l’action du Comité anti-apartheid.

Notes
1130.

Lettre de Jean-Jacques de Felice à Madeleine Barot, 22 novembre 1973.

1131.

Ibid.

1132.

Ibid.

1133.

La lettre signale notamment que le Comité a correspondu avec Maurice Schuman, alors ministre des Affaires étrangères. Il est signalé que l’échange a été « intéressant et utile ».

1134.

Ibid.