Impressions de voyage…

Faim et développement reproduit dans un article d’octobre 1988 les « impressions » de voyage de Jacques Maire, animateur du CCFD dans la région sud-ouest1358. Les détails donnés sur la ville de Johannesburg sont ceux d’un voyageur comme tant d’autres, surpris devant la physionomie moderne de la ville : mode vestimentaire « à l’européenne », rues propres…La description de sa visite à Sowetoest tout aussi succincte et révèle assez peu de choses sur les conditions de vie dans cet immense township « où la poussière vient rejoindre la fumée des poêles à charbon, pour constituer ce nuage si caractéristique qui flotte sur l’agglomération 1359  ». Mais la deuxième partie du récit touche plus particulièrement à la description de « l’absurdité de l’apartheid » :

‘« Que d’énergie perdue à vouloir à tout prix classifier les gens en Blancs, Noirs, Métis et Indiens. Tous les ans, la bureaucratie sud-africaine procède à des corrections et à des re-classifications […]. On pourrait sourire d’une telle scrupuleuse méticulosité si l’on ignorait ce que cela signifie en Afrique du Sud d’être Noir. Cela veut dire, entre autres choses, l’interdiction d’habiter une ville blanche comme Johannesburg, l’obligation pour les enfants d’aller dans une école pour Noirs et bien sûr, la suppression du droit de vote1360 ».’

Jacques Maire est donc touché par les vexations quotidiennes que connaissent les Noirs, les inégalités et discriminations économiques, sociales, sanitaires et scolaires mais il se souvient avec émotion des scènes vues à Johannesburg, notamment celles des Noirs attendant patiemment les taxis à la fin de leur journée de travail, quittant la ville dans laquelle ils n’ont pas le droit de vivre, pour rejoindre leurs townships :

‘« Demain, comme tous leurs frères noirs, ils se lèveront de très bonne heure pour « faire tourner la machine » de ce très beau et grand pays dont ils sont exclus. Continuerons-nous à être les silencieux complices d’un tel système, qui a pour nom l’apartheid ?1361 ».’

La question de la responsabilité de la communauté internationale qui resterait simple observatrice devant les lois ségrégationnistes de l’apartheid se pose donc toujours à la fin des années 80, comme elle s’est posée depuis le milieu des années 70, au CCFD et à la plupart des observateurs chrétiens.

Notes
1358.

Jacques MAIRE, « L’apartheid au quotidien », Faim et développement, n°52, octobre 1988, pp. 14-15.

1359.

Ibid.

1360.

Ibid.

1361.

Ibid.