1-8 D’autres formes de soutien

Le CCFD s’impliqua auprès du Mouvement anti-apartheid qui existe en France depuis la fin des années 70. Comme nous l’avons vu, un long chapitre de L’apartheid sans masque publié en collaboration avec le CCFD est consacré à l’histoire et à l’action du Mouvement anti-apartheid. Du point de vue de l’action, le Comité adopta les mêmes prises de position quelle celles du MAA concernant les boycotts.

Dominique Lesaffre, chargé de mission au CCFD au milieu des années 80, m’a informé que le Comité soutenait également financièrement les actions du MAA, tout en précisant bien que le CCFD ne partageait pas toutes les prises de positions de ce dernier. Par exemple, le CCFD ne partageait pas l’idée d’un « boycott religieux » qui consisterait à stopper l’envoi de missionnaires européens en Afrique du Sud.

Le CCFD établit également un « partenariat » de nature un peu particulière avec le bureau parisien de l’ANC. Dominique Lesaffre tient à préciser que le soutien du CCFD à ce dernier, dans les années 80, se traduisait par un appui financier et visait à venir en aide à une représentation à l’étranger de la principale force de résistance noire sud-africaine interdite dans son pays. L’ANC était alors considéré par le CCFD comme un mouvement de résistance en exil.

Son implication du CCFD auprès du bureau parisien de l’ANC se manifeste plus clairement encore lors de l’assassinat de la représentante de celui-ci, Dulcie September, en mars 1988. En effet, si cet assassinat suscite l’émotion au sein des milieux politiques de gauche (parti communiste en tête), le CCFD témoigne également de son implication lors des funérailles célébrées au Père Lachaise. En tant que représentant du CCFD, Dominique Lesaffre y assiste, aux côtés du prêtre Pierre Toulat qui les célèbre.

Toujours dans les années 80, le CCFD vient aussi en aide à des camps de réfugiés mis en place par l’ANC en dehors des frontières du pays.

Concernant la question des relations entre le CCFD et l’ANC, il est important d’apporter quelques précisions nécessaires afin d’éviter de nouvelles polémiques qui avaient déjà ébranlé, en leur temps, les dirigeants et les membres de l’organisme catholique.

Dominique Lesaffre tient, en effet, à rappeler et à préciser que le CCFD, s’il a bien eu des relations avec l’ANC, n’a jamais financé des actes de violence et de terrorisme. Le partenariat établi visait bien à soutenir un mouvement politique et de résistance qui, frappé d’interdiction en Afrique du Sud, pouvait faire entendre sa voix au sein de bureaux officiels établis dans la plupart des grandes villes du monde comme étant celle à l’étranger des opprimés au sein du pays.