2 Une mobilisation au sein du protestantisme : la Cimade

Alors que le CCFD est le principal organisme de développement catholique au sein duquel s’élabore une réflexion et une action autour de la question sud-africaine, la Cimade est en quelque sorte son « pendant » dans le milieu réformé. Historiquement, l’objectif de la Cimade, lancée par la protestante Madeleine Barrot et la théologienne Suzanne de Dietrich, était de venir en aide, à partir de 1939, aux populations françaises évacuées vers le Sud à cause de leur proximité avec la ligne Maginot1398. La solidarité évangélique de l’organisme s’exprima ainsi au sein des camps de réfugiés dans le Sud (Gurs, Rivesaltes…) et aida ensuite au passage d’enfants juifs vers la Suisse… Après la guerre, la Cimade travaille pour la réconciliation entre populations françaises et allemandes, la reconstruction, l’accueil des réfugiés et des migrants. Elle débute également un soutien en direction des pays du Sud, venant en aide à des réfugiés fuyant des situations de répression ou de guerre1399. Dans cette optique, une implication de la Cimade vis-à-vis des populations opprimées d’Afrique du Sud trouve tout son sens. A partir des années 70, la Cimade devient ainsi un « maillon » important de la mobilisation chrétienne, révélant une réelle fédération de l’action au sein de la famille réformée, plusieurs actions étant menées en lien étroit avec le DEFAP et la FPF. Nous nous pencherons donc sur cette mobilisation, s’incarnant lors de campagnes et d’actions en France, mais aussi par la mise en place de projets et de programmes venant en aide aux populations réfugiées et opprimées, particulièrement en Namibie.

Notes
1398.

Au début de la guerre, l’action du CIM (Comité inter-mouvements, première dénomination de la Cimade), émanait de plusieurs mouvements de femmes et de jeunes protestants, notamment la FACE (Fédération des Associations chrétiennes d’étudiants), les UCJ (Union chrétienne de jeunes) et l’EU (Fédération des éclaireurs et éclaireuses unionistes). En avril 1940, le CIM devint la CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués).

1399.

En 1955, la Cimade vint en aide aux réfugiés d’Indochine dans plusieurs camps français (Noyant…). Pendant la guerre d’Algérie, la Cimade s’implanta dans le pays et dénonça les conditions de vie dans les camps de regroupement imposés par l’armée française. Elle aida à l’installation des pieds-noirs et des harkis. Aujourd’hui, le champs d’action de la Cimade est celui de l’aide aux migrants et réfugiés. Elle vient ainsi en aide aux demandeurs d’asile dans leurs démarches, participe à l’intégration des étrangers en France. Elle place ainsi au cœur de ses préoccupations le respect et la dignité de la personne étrangère fuyant une situation de crise et de misère.