2-4 Le travail de la JOC rendu difficile par la répression

A la suite de l’arrestation et du long procès des dirigeants de la JOC en 1978, le mouvement se reconstitue à partir de sa base grâce à une campagne « santé » soutenue par une profusion de divers moyens (affichettes, t-shirts, autocollants). Elle s’engage aussi dans une lutte pour une « représentation authentique » des populations noires, pour l’acquisition de nouveaux droits sociaux et syndicaux…

En 1984, la JOC d’Afrique du Sud affirme son autonomie dans un document destiné à la différencier des autres organisations, tant politiques que religieuses. La JOC y privilégie toujours le principe de « classe » avant celui de « race » au risque d’être accusée d’être aveugle à la couleur de la peau. Elle s’engage ainsi clairement aux côtés du mouvement syndical démocratique et de classe qui se forme en Afrique du Sud. La promulgation de l’Etat d’urgence en 1985 oblige la JOC à poursuivre ses activités dans une semi-clandestinité. Elle compte à cette époque entre 30 et 40 groupes dans le pays, regroupant entre 300 et 400 militants. Toujours active malgré le contexte répressif, ses militants et militantes vont aider à l’émergence d’un véritable syndicalisme ouvrier autonome en Afrique du Sud avec le FOSATU et à partir de 1985, le COSATU (Congress of South African Trade Union).

Malgré tout, les six années d’Etat d’urgence ayant entraîné l’interdiction de toute activité publique et la menace constante d’arrestations préventives a affaibli la JOC. Elle n’a, en effet, pas pu recruter de nouveaux membres depuis 1986. D’autre part, les bureaux du Cap, de Port Elisabeth et de Durban ont dû cesser leurs activités par décret de la police. Il ne restait au mouvement que ses branches dans les entreprises aux côtés des militants ouvriers attachés à construire un syndicalisme authentiquement autonome et démocratique.

Au début des années 90, le mouvement ne compte plus qu’une vingtaine de groupes, tous dans la province du Transvaal, autour de Johannesburg et de Pretoria.