L’implication de la JOC pour un renouveau syndical

Ce combat des travailleurs de Brits soutenu par la JOC et l’action de l’organisation se poursuivant au cours des années 80, ce qui témoigne également du rôle que la JOC joua dans la région pour aider à l’apparition de syndicats structurés1523. En dehors du combat des travailleurs de B&S, plusieurs militants jocistes font des liens avec le bureau du Syndicat des Mineurs naissant au milieu des années 80. Le 5 février 1985, Jean-Marie Dumortier trouve, alors qu’il rentrait chez lui, une foule agglutinée aux grilles de la salle au sous-sol de l’église. Sans réfléchir, il ouvre la porte et laisse entrer les trois ou quatre cents mineurs, réunis grâce aux appels de la JOC et du syndicat des mineurs. Cette réunion marqua le début de la grève des mineurs des mines de vanadium à Mothotlung1524.

La JOC a en quelque sorte servi de « laboratoire » ou de lieux d’apprentissage à des jeunes qui renforceront leur engagement par la suite, notamment au sein de syndicats. Jean-Marie Dumortier l’a bien remarqué et le note dans son ouvrage :

‘« En 1984, nos groupes locaux opéraient encore à la manière de laboratoires où des jeunes hommes, et quelques jeunes femmes, faisaient leurs premières expérience d’action collective avant de se lancer dans la vaste entreprise du déploiement d’un syndicalisme de masse1525 ».’

Le mouvement, grâce à un message concret adapté à la situation politique, économique et social du pays, aida donc bien à l’apparition et au développement d’un mouvement social et syndical. Bien que mouvement catholique, la JOC sut dépasser un message pouvant paraître comme parfois trop « moralisateur » et abstrait pour proposer des solutions concrètes et présenter un autre visage de l’Eglise.

Notes
1523.

Parmi ceux qui, au début des années 80, avaient participé au lancement de la JOC à Oukasie, l’un est devenu dans les années 90 Secrétaire général du syndicat des métaux d’Afrique du Sud, un autre en est le secrétaire international, un troisième est le secrétaire provincial pour la province de Johannesburg.

1524.

L’entreprise américaine gérant la mine a transmis le dossier au gouvernement du Bophuthatswana. Celui-ci a dépêché sa police sur les lieux et fait savoir qu’en aucun cas il ne laisserait un syndicat étranger (c’est à dire Sud-Africain) opérer sur son territoire national… Après trois jours, les grévistes ont repris le travail, non sans avoir obtenu quelques promesses de négociation.

1525.

Ibid., p. 144.