3-1 Une naissance dans un milieu catholique traditionnel, le séminaire à Rome

Emmanuel Lafont est né à Paris en 1945 dans une famille pieuse pratiquant un catholicisme plutôt traditionnel. Les 9 enfants de la famille bénéficient d’une éducation religieuse intense et c’est sa mère qui lui apprend que la foi n’est pas seulement un sentiment passif, mais aussi et surtout un effort. Quant à son père, il inculque à ses enfants que la foi doit se traduite dans tous les actes de la vie… Porté par un tel contexte religieux, Emmanuel se sent précocement « appelé » pour devenir prêtre, alors qu’il a 7 ans… Bien plus tard, son bac de philo en poche, s’affirme sa vocation de prêtre. Son père, méfiant vis à vis des séminaires français jugés trop progressistes, l’envoie à Rome. Il y commence ses études théologiques en 1962, alors que s’ouvre le concile Vatican II. Présent à Rome pendant les 4 années du Concile, Emmanuel Lafont se souvient avoir été très marqué par cet événement qui lui permit de comprendre que l’institution catholique et son message théologique étaient capables de se renouveler. Il y découvre notamment une Eglise qui s’ouvre au monde et qui se positionne davantage sur le plan social… Emmanuel Lafont est particulièrement touché par le message d’Helder Camara, l’archevêque brésilien de Récife qui livre sa vision d’une « Eglise des pauvres » et qui a contribué à la définition de « l’option préférentielle pour les pauvres ». Après une éducation religieuse plutôt traditionnelle et conservatrice, le Concile lui ouvre ainsi l’esprit sur le monde :

‘« Dans ma famille, le socialisme, c’était Satan et la Révolution avec sa devise « Liberté, Egalité, Fraternité », c’était le péché pur et simple. Mon père ne m’a jamais embrigadé, mais on était plutôt maurrassien et antisémite autour de moi1538 ».’

Emmanuel Lafont va donc passer 4 ans dans cette ambiance conciliaire porteuse d’un message nouveau pour l’Eglise. Il fréquente la faculté jésuite de théologie la Grégorienne où il côtoie 3000 étudiants venus de tous horizons.

Notes
1538.

Ibid., p. 20.