5-1 Le cadre du départ, l’arrivée et l’intégration

Court historique de l’ordre

[Court historique de l’ordre1610]

L’ordre dominicain s’est implanté en Afrique du Sud au milieu du XIXème siècle avec l’arrivée de dominicains irlandais. Durant les premières années du XXème siècle, l’ordre se structura et un apostolat se mit en place autant dans les campagnes que dans les villes. Les dominicains prirent également conscience de la nécessité de former un clergé indigène, mais aussi de pénétrer le milieu afrikaner. Dans les années 20, l’ordre s’établit dans la province du Transvaal. Les paroisses furent alors divisées en deux pour répondre aux exigences de la loi : une située dans les zones blanches avec une église et un presbytère et une dans les quartiers noirs avec chapelle de fortune.

Un noviciat fut crée à Stellenbosch en 1947. Dans les années 60, la communauté comptait une trentaine de membres et au lendemain de Vatican II, l’ordre s’engagea plus nettement dans le combat social1611 et devint alors un ordre considéré comme « dangereux » par le pouvoir. A partir de cette date, les activités des dominicains furent toujours sous surveillance. En 1968, au moment de la création du vicariat général d’Afrique australe, les frères étaient au nombre de 74. Le début des années 80 vit le recrutement de plusieurs membres noirs. Dans les années suivantes, l’ordre s’exprima régulièrement en matière de droits de l’homme et de justice sociale. Déjà en 1977, Albert Nolan, qui venait d’être élu provincial de l’ordre, invita les membres de l’ordre à s’engager en faveur de la justice sociale. Symbole de cet engagement, le provincial et 3 frères emménagèrent en 1979 à Mayfair, un quartier populaire multiracial de Johannesburg.

Albert Nolan fut la personnalité dominicaine la plus marquante en ce qui concerne la lutte contre l’apartheid. Déjà connu par son livre Jésus avant le christianisme 1612 paru en français en 1979 (traduction Jean-Marie Dumortier), il se rendit célèbre en 1983 en refusant son élection comme maître de l’ordre des dominicains pour pouvoir poursuivre son engagement. Poursuivi pour avoir pris la défense de jeunes noirs, il échappe à la prison en se cachant des autorités policières pendant un an.

Mais d’une manière générale et comme le dis Philippe Denis dans son ouvrage sur l’implantation dominicaine en Afrique du Sud, les Frères, dans leur ensemble, s’accommodèrent des politiques discriminatoires de l’Etat quasiment jusqu’à la fin du régime. S’ils tachèrent de limiter les effets des déplacements de population, ils ne s’y opposèrent pas.

Au début des années 2000, l’ordre comptait en Afrique du Sud 29 frères dont 14 sont sud-africains (blancs, noirs et métis).

Notes
1610.

Je me base principalement sur les informations contenues dans l’ouvrage de Philippe Denis : Histoire des dominicains en Afrique, Mémoire dominicaine, n°spécial n°IV, Cerf, 2001.

1611.

En décembre 1968, il aide notamment à se reloger des métis chassés de leur quartier.

1612.

Albert NOLAN : Jésus avant le christianisme, Paris, ed de l’Atelier, 1979.