5-4 L’expérience sud-africaine de Philippe Denis : une optique particulière

L’itinéraire de Philippe Denis apparaît, comme les deux premiers, exceptionnel, mais il manifeste bien les mutations de l’engagement chrétien autour de 1990 au sein des clercs les plus militants. On y aperçoit la double volonté de concilier le besoin d’histoire et les nouvelles formes d’engagement social.

Philippe Denis est arrivé en Afrique du Sud seulement deux années avant la fin de l’apartheid. Cependant, son arrivée à une époque où l’oppression à l’encontre de tous les mouvements anti-apartheid et de la population dans sa globalité était totale, lui permit de comprendre la violence de l’apartheid et ses effets sur la population. S’il arrive en Afrique du Sud en tant que dominicain, c’est surtout à titre personnel et laïc que Philippe Denis s’impliqua dans la société sud-africaine. Ses activités d’historien et de chercheur le conduisent encore aujourd’hui à étudier l’histoire des communautés chrétiennes durant l’apartheid, les positions et engagements des Eglises vis à vis du système. Aujourd’hui, ces sujets d’étude se prolongent dans la société post-apartheid et doivent prendre en compte les nouvelles questions qui se présentent à la société sud-africaine comme celle du Sida ou de la violence civile. Le travail de Philippe Denis ne se « limite » donc plus à un travail d’historien classique mais devient davantage sociologique et psychologique tout en respectant les techniques rigoureuses de l’histoire orale. Bien que d’origine européenne, Philippe Denis porte un regard particulier sur l’histoire sud-africaine car il est devenu un observateur éclairé de l’évolution de l’Afrique du Sud et à la différence des expériences précédemment tracées, la sienne semble s’inscrire dans la perspective d’un établissement durable.