1-4 Les mesures diplomatiques : le poids des symboles

Si les sanctions économiques sont présentées comme un moyen concret, mais à l’efficacité discutée, de contestation du régime de Pretoria, les sanctions diplomatiques sont davantage perçues comme une action symbolique. La visite en Europe de Pieter Botha l’illustre bien.

Réactions à la venue de Pieter Botha en France

L’année 1984 fut l’année de nombreux débats concernant les relations diplomatiques existant entre la France et l’Afrique du Sud, notamment à l’occasion de la visite en France du président de la République sud-africaine Pieter Botha. Le quotidien La Croix relaie un communiqué de Gabriel Marc, alors président du Comité de continuité des commissions « Justice et paix » d’Europe, demandant au président de la République française François Mitterrand « qu’il manifeste publiquement de la fermeté à l’égard du régime d’apartheid qui continue à prévaloir en Afrique australe et qui cherche à obtenir une légitimation en Europe 1669  ».

Après son passage à Paris où il est en visite officielle, Pieter Botha se rend à Longeval (Picardie) où il doit poser la première pierre d’un musée commémorant la participation en Picardie des troupes sud-africaines aux deux guerres mondiales1670. Julie Ficatier signale que le maire de la ville de Longeval a des liens avec l’ambassadeur sud-africain à Paris et considère que « c’est pour nous une affaire banale que de recevoir un représentant de ce gouvernement  1671 ». Le 9 juin 1984, La Croix publie encore un article concernant cet événement, mettant surtout l’accent sur les remous que la cérémonie provoqua, notamment au sein du PC, d’organisations syndicales (CGT) et anti-racistes (MRAP). Même si l’article rapporte les propos du secrétaire d’Etat aux anciens combattants (Jean Laurain) selon lesquels une telle commémoration « ne saurait valoir approbation de la politique que mène aujourd’hui le gouvernement sud-africain 1672  », la journaliste Claire Guillemain juge tout de même utile de mettre en évidence « l’ambiguïté d’une cérémonie qui accueillait aussi des personnalités de l’opposition dont l’ancien premier ministre Pierre Messmer (RPR) fort chaleureusement nommé par Pieter Botha 1673  ».

Notes
1669.

« Apartheid : « Justice et paix » en appelle à François Mitterrand », La Croix, 6 juin 1984, p. 10.

1670.

Julie FICATIER, « Pieter Botha, visiteur contesté en Picardie », La Croix, 8 juin 1984, p. 7. La journaliste signale que 12 000 sud-africains ont trouvé la mort durant la guerre 1914-18 et 6000 durant la 2ème guerre mondiale.

1671.

Ibid.

1672.

Claire Guillemain, « Pieter Botha en Picardie : le souvenir ambigu », La Croix, 9 juin 1984, p. 9.

1673.

Ibid.