Quel engagement pour les Eglises ?

Ce débat entre Réforme, par la plume de Bertrand de Luze, et le Consistoire de l’ECAAL donne l’occasion de préciser la position de la rédaction (et plus globalement de l’Eglise réformée française) face à la mobilisation exprimée au sein du COE :

‘« M. Bieber nous reproche d’être des défenseurs inconditionnels du COE. Réforme a toujours pensé et continue d’affirmer que c’est non seulement le droit mais le devoir des Eglises de pratiquer une solidarité critique avec le COE en tous domaines, y compris en ce qui concerne les programmes auxquels elles ne participent pas1818 ».’

Bertrand de Luze cherche à mettre l’accent sur la vraie question, s’agissant de savoir « quelle forme doit prendre le témoignage des Eglises dans le problème de l’apartheid  1819 ». Cette question le pousse à aborder de nouveau la fonction du « Fonds spécial », ce dernier provoquant le plus de remous au sein des Eglises :

‘« Le comité central du COE a estimé qu’il fallait aller au-delà et donner un signe que le COE participe à la lutte anti-apartheid. C’est pour cela qu’il a crée le Fonds spécial. Faut-il supprimer ce Fonds puisqu’il est unilatéral (il n’aide que les gens qui luttent contre l’apartheid) et politique (il entre dans le combat contre des institutions et des gouvernements) ? Si c’est cela que voulait le Consistoire supérieur, il fallait le dire clairement […]. Si le Comité central décide de renoncer au Fonds spécial, comment devra s’exprimer le témoignage des Eglises dans la lutte contre les institutions pratiquant et propageant le racisme ?1820 »’

Le Fonds spécial du PLR est donc un cadre utile aux Eglises pour exprimer leur mobilisation contre l’apartheid. Mais plus que cela, par l’aide financière apportée, se pose la question précise et essentielle pour des chrétiens, du principe de l’aide aux mouvements de libération qui sont susceptibles d’utiliser la violence.

‘« Faut-il choisir entre les groupes et mouvements qui luttent contre l’apartheid et n’aider que les non-violents ? C’est ce qui avait été proposé au Consistoire supérieur, qui a refusé la formulation suivante : … « demande au COE de s’interdire toute aide à trout groupe et mouvement dont l’intervention par la force armée est clairement déclarée et manifestement attestée ». C’est une optique possible, qui demande à définir ce qu’est la violence et là où elle se trouve1821 ».’

Bertrand de Luze ne donne pas de réponse catégorique à la question posée. Les questionnements vis-à-vis de la légitimité du recours à la violence vont être récurrents chez les réformés français.

Notes
1818.

Ibid.

1819.

Ibid.

1820.

Ibid.

1821.

Ibid.