2-3 Soutenir le PLR est-ce soutenir la lutte armée ?

L’existence du PLR pousse tout naturellement les chrétiens concernés à se questionner sur le recours à la violence et à son caractère légitime dans certaines occasions. Un document du COE évoque particulièrement cette question dans un document paraissant en 1978.

Les observateurs chrétiens français lisent le document « L’Afrique du Sud, quel prix ? »

Plusieurs journaux, catholiques et réformés, rendent compte de la parution d’un document concernant la position du COE vis-à-vis de l’apartheid, document visant à l’élaboration d’une ligne de conduite sur la question :

‘« le COE a envoyé le 12 janvier à ses 233 Eglises-membres, ainsi qu’à des groupes et différentes personnes, un document devant stimuler le débat sur l’Afrique du Sud 1822».’

Le document questionne en effet les Eglises sur les différents moyens de réactions possibles face à une menace de violence. Le COE donne la piste suivante :

‘« Ne pas juger les victimes du racisme qui sont amenées à la violence comme seul moyen qui leur soit laissé pour réparer les torts et ouvrir ainsi la voie à un ordre nouveau plus juste1823 ».’

Le document laisse apparaître une autre question :

‘« Pouvons-nous nous déclarer solidaires de ceux qui se rebellent pour une juste cause en refusant simplement de les juger ?1824 »’

Il met ainsi en évidence la nécessité pour les chrétiens de ne pas ignorer la question de la violence, considérée comme un moyen possible pour des opprimés de lutter contre un état de violence institutionnalisée. Implicitement, c’est l’aide aux mouvements de libération qui est évoquée. Si le document du COE fait suite et réagit à la mort de Steve Biko et au bannissement de 18 organisations, il met en évidence l’attitude du gouvernement qui réagit avec de plus en plus de répression vis-à-vis des organisations de lutte contre le système. Le document met donc bien en évidence et condamne la violence institutionnalisée du gouvernement. Face à elle et dans un tel contexte, une contestation violente est-elle compréhensible ? Un tel questionnement est également répercuté dans un BIP :

‘« Comment, en tant que chrétiens, pouvons-nous répondre à cette menace de violence demande le rapport. La position du COE « de ne pas juger les victimes du racisme qui sont amenées à la violence comme seul moyen qui leur soit laissé pour réparer les torts et ouvrir ainsi la voie à un ordre nouveau plus juste » est qualifiée d’insuffisante1825 ».’
Notes
1822.

« La conscience chrétienne devant l’apartheid », La Croix, 15-16 janvier 1978, p. 7.

1823.

Ibid.

1824.

Ibid.

1825.

« Document : le COE relance dans les Eglises le débat sur l’Afrique du Sud », BIP, n°289, 18 janvier 1978.