Le concept de « rébellion juste »

Le concept de « rébellion juste » est apparu dès le début des années 70, souvent abordé de manière simultanée avec le thème des actions du PLR . Réforme en fait référence dès 1970 :

‘« Le problème est une fois de plus celui de la violence. Il est apparu au COE qu’on ne pouvait indéfiniment exiger des opprimés de répondre par la non-violence à la violence qui leur est faite. Et qu’à choisir, mieux vaut la violence de la justice en mouvement que celle de l’injustice établie. Il ne s’agit pas d’avaliser n’importe quelle violence, ni surtout des méthodes pareilles à celles du FLQ ou des Palestiniens. Il s’agit d’admettre que pour briser des chaînes injustes il faille bien recourir à la force quand il n’est pas d’autres moyens. Il semble difficile à ceux qui ont ces autres moyens de faire la leçon à ceux qui ne les ont pas […]. Si sa propre défense armée est pour un chrétien toujours problématique, celle de son prochain est assurément la seule que l’on soit en droit d’appeler légitime1826 ».’

Le journaliste insiste bien sur le fait que la violence peut être considérée comme légitime lorsqu’elle répond à une autre violence, établie, institutionnalisée. Elle doit, par contre, relever d’un choix éclairé et doit intervenir lorsque tous les autres modes d’action ont été vains. Il ne s’agit pas ici de défendre le recours à la violence mais plutôt de le comprendre.

Quelques mois plus tard, Christian Piton aborde, lui-aussi dans Réforme, la question de l’aide aux mouvements de libération (et de leur recours à la violence) en qualifiant les actions du Programme de Lutte contre le Racisme « d’option courageuse et efficace 1827  ». Le journaliste aborde surtout l’angle symbolique du soutien accordé, symbole de l’engagement des Eglises vis-à-vis d’opprimés qui refusent de se soumettre à une autorité temporelle :

‘« Les Eglises ne bénissent pas toujours la « légalité » lorsque celle-ci va contre la loi divine, et que « l’autorité instituée par Dieu pour le bien », à laquelle le chrétien doit obéissance, c’est l’autorité « légitime » et non la force et la violence qui en usurpent les apparences1828 ».’

Les réformés traitent dans leurs organes de la presse de la question du recours légitime à la violence sans tabou ni détour. Ils rejoignent l’opinion exprimée par Pierre Toulat au sein de la commission « Justice et Paix ». Le recours à la violence est présenté comme étant légitime face à un régime qui ne recherche par le Bien commun.

Notes
1826.

« Apartheid : la voie du COE » (1970), op.cit.

1827.

Christian PITON, « Afrique du Sud : la résistance à l’apartheid » (1971), op.cit., p. 7.

1828.

Ibid.