Il fallait désigner un nouveau supérieur. Conformément à l’usage qui s’était progressivement établi au Collège, les directeurs adressèrent sous pli leurs vœux individuels au séminaire de Paris208. Le Conseil prit sa décision le 15 juillet 1869 : « Nous avons reçu les lettres que vous nous avez adressées au sujet de la nomination de votre supérieur. Nous croyons répondre à votre attente en désignant M. Laigre comme le nouveau supérieur du Collège de Pulo-Pinang 209 . » Lors de cette consultation, on avait aussi pressenti les directeurs quant à la possibilité de ne nommer les supérieurs que pour une durée déterminée, en limitant leur mandat à trois ans. Il ne semble pas que la création d’un statut de supérieur « temporaire » ait séduit les intéressés. Le Conseil décida finalement de ne modifier en rien les attributions du supérieur du Collège : « Nous n’avons pas cru devoir changer à cette occasion le mode suivi jusqu’ici pour l’élection de votre supérieur ni restreindre à une limite déterminée le temps du Supériorat[…]210. » Les archives témoignent de l’accroissement des échanges épistolaires entre Rome et Penang, via Paris, dès le début du supériorat de M. Laigre. En mars 1870, le supérieur de la rue du Bac demandait à Joseph Laigre d’établir « pour qu’il l’envoie à Rome, un état des études faites au Collège et quels sont les livres classiques 211 . » L’influence intellectuelle du courant ultramontain français se fit nettement sentir dans la réponse. Les élèves ne recevaient plus que certains enseignements dans leur langue maternelle, afin qu’ils ne l’oublient pas et puissent encore, à leur retour, prêcher leurs compatriotes. La liturgie fut latinisée : on chantait désormais l’office grégorien. Le port de la soutane était exigé en toutes circonstances. Les premières allusions à la théologie thomiste, promue par Rome, qui remplaça progressivement, au Collège, celle de Liguori, apparaissent en 1880. Le règlement intérieur se transforma également. L’obligation de parler latin fut étendue. Chacune de ces évolutions reflètait l’ascendant croissant de l’administration romaine. Pie IX avait réorganisé et centralisé l’enseignement de la théologie, confiant aux jésuites la direction du Collège romain, ouvrant des séminaires, comme celui des spiritains à Saint-Louis-des-Français, en 1853. Les théologiens défendaient alors, généralement, la primauté du Souverain Pontife : la conception d’un gouvernement monarchique de l’Église était désormais fortement établie, même si certains la contestaient ou tentaient de l’atténuer. L’utilisation du latin et la liturgie grégorienne212 visaient à une uniformisation des pratiques et des rites213. Pour ce qui touchait à la spiritualité, s’opposant aux conceptions en partie héritées du jansénisme (gallican), on préconisait une relation personnelle et sensible avec Dieu, sous trois formes principalement : la dévotion au Sacré-Cœur, la confession et la communion aussi fréquentes que possible, la piété mariale. Dans tous ces domaines, les directeurs du Collège général appliquaient diligemment les préceptes de la hiérarchie romaine214. La tendance à la centralisation s’observait également au sein des Missions Étrangères : en 1874, parut un nouveau règlement. Rédigé pendant le concile de Vatican I, il fut approuvé, provisoirement en 1870, et définitivement en 1890. Ce texte, confirmant le précédent règlement de 1847, maintenait le Collège général dans la catégorie des établissements communs de la Société, placé, en tant que tel, « sous l’autorité et la direction du séminaire de Paris ; c’est lui qui en nomme les supérieurs et les directeurs, en approuve les règlements particuliers, fixe leurs allocations et contrôle leurs comptes 215. »
Enfin, grâce aux interventions du Saint-Siège, l’autorité institutionnelle des Missions Étrangères en Malaisie s’affermit. En 1827, Léon XII avait étendu à Singapour la juridiction des vicaires apostoliques de Siam, laquelle comprenait donc toute la péninsule malaise. Grégoire XVI, par sa bulle de 1838, Multa Praeclare, plaçait Malacca sous la juridiction du vicaire apostolique d’Ava et Pegu (Birmanie), déclenchant le schisme de Goa. En 1840, ce pape confirma officiellement le décret de Léon XII.
L’évêque métropolitain de Goa, furieux, avait alors menacé d’excommunication le clergé de Malacca et de Singapour, s’il se soumettait à une autre autorité que la sienne ! Il fallut attendre 1884 et le bref Studio et Vigilentia de Léon XIII, pour que soient confiées aux MEP les missions de Malacca et de Singapour (quelques paroisses portugaises restées sous la protection de Goa furent rattachées au diocèse de Macao). En 1887, la S.C. de la Propagande attribua l’appellation de Péninsule malaise au vicariat de l’Ouest Siam216. Un an plus tard, Léon XIII rétablissait le siège épiscopal de Malacca217, qui avait été désactivé en 1818, de sorte que le vicariat de la Péninsule malaise devint un diocèse, confié à Mgr Gasnier218 : la péninsule malaise formait une circonscription ecclésiastique distincte de celles du Siam et de la Birmanie. L’âpre lutte opposant le Saint-Siège et le Portugal aboutissait à la victoire du centralisme romain. Le Collège général était devenu l’une des institutions les plus en vue de la principale société missionnaire catholique de Malaisie, reconnu par Rome et protégé par le séminaire de Paris. L’origine de ses élèves continuant de se diversifier (le premier élève japonais entra en 1869), la légitimité de l’appellation Collège général n’était plus contestable.
Mais parallèlement, les effectifs se mirent à fondre : l’utilité et la fonction même du Collège au sein des Missions Étrangères allaient être de nouveau gravement mises en doute. Comment expliquer cette nouvelle chute du nombre d’élèves ? Il y avait, tout d’abord, des causes « nationales ». La guerre de 1870 en France avait eu, entre autres, de sérieuses conséquences, pour les missions. L’aide financière provenant de l’OPF n’arrivant plus, on ne pouvait financer le voyage des étudiants vers Penang. Le précédent règlement des MEP datant de 1847 avait limité à douze par mission le nombre d’élèves envoyés à Penang aux frais de la Société ; les élèves surnuméraires restant à la charge de leurs vicaires apostoliques. Cette mesure avait été contestée par les directeurs du Collège, qui lui reprochait de n’être guère incitative : elle avait connu quelques dérogations. Devant la baisse générale des revenus de la Société, les vicaires apostoliques s’en tinrent strictement au nombre fixé par le règlement :
On tablait également sur une augmentation des ressources propres du Collège qui permettrait de diminuer ses allocations :
‘En continuant ainsi pendant quelques années encore à diriger dans cette voie votre cher collège, il nous est permis d’envisager dans un avenir qui ne saurait être fort éloigné, le moment où ses ressources particulières nous permettront sans porter aucune atteinte à sa vitalité, de diminuer graduellement les subsides que nous prélevons chaque année pour lui sur la mense commune. Les missions y gagneront alors une augmentation proportionnelle de leurs ressources en continuant à jouir comme par le passé des bons services que leur rend le collège général220. ’Après 1870, les effectifs tombèrent en dessous de cent élèves. Il y avait 124 collégiens le 1er mars 1870 : ils n’étaient plus que 99 en 1873, 89 en 1878, 87 en 1883221. Il y a une autre explication à ce phénomène. Partout en Asie, à cette époque, les positions des Européens se consolidaient222. Il n’est évidemment pas question de développer ici le vaste sujet des rapports entre mission et colonisation223. Si l’on s’en tient au Collège général, on voit que les progrès de la colonisation, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, paradoxalement, contribuèrent plutôt à l’affaiblir, au moins temporairement. Certes, l’emprise des MEP sur la péninsule malaise s’était progressivement consolidée, en partie grâce à la pax britannica, ce qui ne pouvait nuire au Collège. Des missionnaires s’étaient d’ailleurs enhardis : en 1875, le Père Allard224 créa la mission de Taïping à Pérak et bâtit une église pour les catholiques chinois. En 1882, une autre mission fut fondée, pour les Tamouls, à Bagan Serai (Pérak). Mais, les progrès de la colonisation ayant mis un terme aux persécutions religieuses, les vicaires apostoliques n’avaient plus aucune raison d’envoyer leurs séminaristes à Penang ; d’autant moins que leur santé y était souvent mise à rude épreuve par un climat malsain et de fréquentes épidémies. Ils préféraient donc développer sur place leurs propres séminaires, qu’ils pouvaient contrôler plus aisément et qui leur revenaient moins cher. Puis, la soudaine recrudescence des persécutions au Vietnam fit provisoirement croître le nombre d’élèves, selon un processus déjà observé, mais qui se répétait alors pour la dernière fois. En 1884, un an après un massacre de chrétiens à Binh Dinh, en Annam, les séminaristes de cette région arrivèrent en grand nombre. Il y avait 94 élèves en 1884, 125 l’année suivante, venus du Vietnam, mais aussi du Japon, de Corée, de plusieurs régions de Chine, de Thaïlande, de Birmanie, de Malacca ; en tout de onze missions différentes. Le Conseil décida d’ériger une stèle à la mémoire du fondateur du Collège, Claude Letondal, mais aussi d’anciens directeurs morts en mission et de confesseurs de la foi, comme Eugène Conforti, l’un des premiers directeurs du Collège225. L’embellie ne fut que de courte durée. En dix ans, entre 1887 et 1893, la France rassemblait le Cambodge, le Laos, et le Vietnam tout entier sous l’autorité d’un gouverneur général, créant l’Union indochinoise226. Simultanément, l’effectif des élèves du Collège général plongeait. Malgré cette tendance inquiétante, le successeur de Joseph Laigre, Edmond Wallays, décida d’agrandir les bâtiments du Collège. Le Père Laigre s’était éteint au Collège, le 15 avril 1885 :
‘Le Conseil prend note de la mort du très cher et vénéré P. Laigre, son P. supérieur, décédé d’une attaque d’apoplexie hier soir à 19 h ¾ dans la 68e année de son âge. Il est mort après 16 ans de supériorat et 36 ans de travail apostolique dédiés à son cher Collège. Le Conseil conformément au Règlement a reconnu le P. Wallays, le plus ancien Directeur, comme supérieur par intérim227.’Déjà, le nombre d’élèves recommençait de diminuer, mais le supérieur avait eu, avant de mourir, la satisfaction de voir le Collège – auquel il avait consacré plus de la moitié de son existence – se remplir à nouveau ce qui, une fois de plus, attestait de son utilité en cas de crise dans les missions. Sans doute est-ce la raison pour laquelle Edmond Wallays, tout juste nommé supérieur228, décida d’entreprendre la construction d’un nouveau bâtiment. À peine un mois après la mort de M. Laigre, l’agrandissement du Collège était déjà à l’ordre du jour Le conseil de Paris fut consulté sur les plans du futur établissement. Ce serait un bâtiment en pierre, à arcades, dans le style colonial britannique, à trois corps de logis ouvrant sur une cour plantée d’ansennas, vaste et solennelle. L’accord était donné en mars 1886. D’autres travaux avaient été prévus, du vivant de Joseph Laigre : on avait envisagé, un an avant sa disparition, de bâtir une chapelle à Tanjung-Bungah, la villégiature du collège, surnommée Mariophile. Cette chapelle, dédiée au Sacré-Cœur, fut érigée en une année. Le maître autel était surmonté d’une statue, offerte par le gouverneur de la colonie, Sir Frédéric Weld. Cet édifice qui, contrairement aux bâtiments du Collège à Pulo-Tikus, existe toujours, fut inaugurée en juillet 1885 : « La bénédiction de la nouvelle chapelle de Mariophile a eu lieu le 13 juillet dernier. C’est Mgr Gasnier qui y présidait 229 . »
On pouvait s’attendre à la réaction des autres missions. Pourquoi ces agrandissements dispendieux pour la Société, quand le nombre des élèves ne cessait de s’amenuiser ? À Paris, les directeurs du séminaire durent faire face à la désapprobation de plusieurs vicaires apostoliques. Car les effectifs, loin de se stabiliser, continuaient de chuter ce qui, par voie de conséquence, appelait une réduction du nombre de directeurs affectés au collège et une sélection plus sévère des élèves :
‘Votre communauté va se trouver réduite à 30 ou 40 élèves : pas d’espoir que ce chiffre s’élève, du moins de sitôt. Il y a plutôt à craindre de le voir diminuer. Dans ces conditions, il me semble impossible que vous restiez 7 directeurs au Collège. Restez 3 ou 4 à mon avis, que ce soient les anciens, vous, le P. Gérard et le P. Laumondais, peut-être un 4ème ? Et que les autres s’agrègent à la mission de leur choix. Le Collège se trouvera comme il était à ses débuts et qui sait si dans quelques temps il ne se relèvera pas ? En tous cas, élaguez sérieusement tous ceux des élèves dont l’esprit ou le cœur ne seraient pas bons. Quant à vous, cher P. Wallays, bon courage. Il y a 30 ou 40 ans que ce qui s’accomplit aujourd’hui aurait pu arriver230.’« Lettre du Conseil de Paris en date du 18 février : Nous vous prions de nous envoyer chacun séparément par lettre le nom de celui que devant Dieu vous croyez le mieux convenir pour diriger le Collège […] », Procès-verbaux, avril 1869.
DB 460 – 5, le Conseil de Paris aux Directeurs du Collège de Pulo-Pinang, Paris, le 15 juillet 1869. Notons au passage que la nouvelle ne fut connue à Penang que le 19 août : « Le Conseil note réception d’une lettre du Conseil de Paris en date du 15 juillet qui nommait le P. Laigre supérieur du Collège de Pinang », Procès-verbaux, 19 août 1869.
DB 460 – 5, le Conseil de Paris aux Directeurs du Collège de Pulo-Pinang, Paris, 15 juillet 1869.
DB 460-5, à M. Laigre, supérieur du Collège de Pinang, 22 mars 1870.
Restaurée à Solesmes par Dom Guéranger. Institutions liturgiques, 1841-1844.
Cf. Claude Prudomme, op. cit. « Centralité romaine et frontières missionnaires. »
« Le Conseil s’est occupé de la rédaction du catéchisme latin […] ». « Le Conseil a été d’avis de faire la consécration solennelle au Sacré-Cœur de Jésus au jour indiqué par le Souverain Pontife. Le Conseil a décidé que la veille il n’y aurait pas classe le soir, pour permettre aux élèves de se confesser », Procès-verbaux, 20 mai et 10 juin 1875.
Règlement de la Société des Missions Étrangères, Rome, Propaganda Fide, 1874, article 194. Parmi les autres « établissements communs », on trouve les procures des missions, chargées de gérer les budgets, les séminaires, les sanatoriums. Soulignons qu’à partir de 1866, un procureur des MEP résida régulièrement à Rome. Dans le règlement de 1874, il prit le titre de « Procureur général des Missions Étrangères », conformément au droit canon. Mais l’usage se maintint, dans la Société, d’appeler « Procureur général » le responsable de la procure de Hong-Kong, et ce jusqu’à l’Assemblée générale de 1950, qui lui attribua l’appellation d’« Économe général ».
En 1841, le bref pontifical Universi Dominici Gregis de Grégoire XVI avait divisé le vicariat apostolique du Siam en deux parts : Est-Siam et Ouest-Siam, qui était devenu un vicariat indépendant confié aux MEP.
Lettre apostolique In Indosinensibus.
Édouard Gasnier, 1833-1896, Évêque d’Eucarpie et vicaire apostolique de Malacca en 1878. En 1888, il est créé évêque de Malacca, avec faculté de résider à Singapour où il fut enterré.
DB 460 – 5, le Conseil de Paris aux Directeurs du Collège de Pulo-Pinang, Paris, 10 mars 1873.
DB 460 – 5, le Conseil de Paris aux Directeurs du Collège de Pulo-Pinang, Paris, 22 avril 1872.
« Bulletin de l’œuvre des partants », AME, 1870-1884.
a. La Cochinchine avait été cédée à la France en 1862 : le Cambodge était placé sous protectorat français l’année suivante. Francis Garnier s’empara d’Hanoï en 1873 tandis qu’au Japon, les édits anti-chrétiens étaient abolis. En 1876, Disraeli avait fait proclamer Victoria « impératrice des Indes ». En 1882, l’amiral Courbet bombarda Hué et imposa le protectorat français à l’Annam : une expédition fut lancée au Tonkin et, en 1897, Paul Doumer devint le premier Résident général d’Indochine. Quelques années auparavant, en 1893, le Siam avait cédé la rive gauche du Mékong à la France. Les Français imposèrent un protectorat à Madagascar en 1885. En 1884, les Anglais occupaient Mandalay : quinze ans plus tard, en 1899, ils signèrent avec les Russes un accord sur la Chine, tandis que les Américains énonçaient le principe de la « porte ouverte ».
b. Plus près de Penang, en 1867, Malacca était rattachée aux Straits Settlements. Puis, par le traité de Pangkor de 1874, les Anglais reconnaissaient Raja Abdullah comme Sultan de Perak, en échange du protectorat sur Perak et Selangor. Le premier Résident anglais, William Birch, s’installa en 1874 : il fut assassiné un an plus tard lors d’une insurrection. Le protectorat britannique s’étendit par la suite à Negri Sembilan et Pahang, en 1888, puis au reste de la Malaisie par le traité de Bangkok de 1919. Les quatre régions (Perak, Selangor, Negri Sembilan et Pahang furent regroupées et formèrent, en 1895, les « États malais fédérés », autonomes en théorie, mais administrés en réalité par le résident général britannique siégeant à Kuala Lumpur, qui dépendait lui-même du gouverneur des Straits Settlements (installé à Singapour). C’est d’ailleurs ainsi que Kuala Lupur prit sa dimension de métropole gouvernementale. En 1919, le Siam transféra à la couronne britannique, par le traité de Bangkok, ses droits de suzeraineté sur Perlis, Kedah, Kelantan et Trengganu. La mainmise des Anglais sur la Malaisie était alors complète. Cf. Jacques Dupuis, Singapour et la Malaysia, Paris PUF, 1972, op. cit., p. 37-44.
a. Nul ne conteste la collusion, plus grande peut-être qu’ils ne l’auraient voulue, des différents protagonistes de l’expansion européenne, marchands, militaires, missionnaires, surtout à la fin du XIXe siècle. La formule de David Livingstone liant les « trois C », christianisme, commerce, civilisation, est-elle toujours pertinente ? En France, par exemple, le transfert de l’évangélisation dans de lointaines contrées s’explique aussi par la recherche de terres qui n’auraient pas été « contaminées » par les idées modernes, en réaction contre la déchristianisation, attribuée à la Révolution de 1789, à l’anticléricalisme. On dénonce souvent l’alliance, dans les colonies, du « sabre et du goupillon ».Mais au début de la colonisation du Cambodge, les missionnaires acceptèrent sans entrain, comme un mal nécessaire, l’appui de militaires français qu’ils jugeaient « voltairiens ». Cf. Annexes, Suppléments 2-1, « Jean-Claude Miche (1805-1873). Un évêque des Missions Étrangères en Indochine, aux prémices de la colonisation française. » Enfin, en Asie, au XIXe siècle, le succès de la colonisation ne rime pas automatiquement avec celui de la christianisation, loin de là.
b. « L’Alliance de la Croix et du commerce ? […] Milieux missionnaires et entrepreneurs catholiques lyonnais sont sans doute convaincus que la civilisation repose à la fois sur le progrès économique et le triomphe de la vraie foi, et les missionnaires ne voient que des avantages au développement du commerce européen malgré les risques courus par la production autochtone. Pourtant ils ne pratiquent pas la confusion des genres […] Stratégie missionnaire de la Propagation de la foi et stratégie économique de la Chambre de Commerce obéissent cependant à des logiques spécifiques même si elles peuvent conjoncturellement se rejoindre et se renforcer mutuellement. Elles ne se confondent pas de manière habituelle, ni dans la pensée de leurs concepteurs, ni dans la mise en œuvre sur le terrain de l’Asie Orientale », Claude Prudhomme, in Lyon et les missions catholiques en Asie Orientale à l’époque contemporaine, Cahiers d’histoire, t. XL, n° 3-4, Lyon, 1995, p. 243-247.
c. La Conférence de Berlin de 1884, réunie par Bismarck, n’avait-elle pas garanti la liberté de conscience et la tolérance de toutes les religions dans les colonies, paraissant ainsi ne pas vouloir privilégier les missionnaires chrétiens ? Dans les faits, « la tendance qui l’emporte est bien celle d’une association étroite entre colonisateurs et missionnaires et cela jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Qu’ils l’expriment dans des références laïques ou religieuses, les Européens partagent la conviction d’une responsabilité historique à assumer », Claude Prudhomme, Missions chrétiennes et colonisation, XVIe-XXe siècle, Paris, Cerf, 2004, p. 88.
Marie Allard, 1824-1898.
« Enfin, le Conseil a décidé d’ériger dans la chapelle une pierre commémorative à M. Cl. Letondal, fondateur du Collège décédé en 1813, à M. Lolivier 1er Sup. mort en 1833 et aux directeurs dont les corps ne reposent pas dans notre chapelle : MM. Droutin, Pupier, Conforti, précédemment confesseur de la foi en Chine, Dupin et Lamiral », Procès-verbaux, 23 octobre 1883.
Elle prit, en 1897, le nom de Gouvernement général de l’Indochine.
Procès-verbaux, 16 avril 1885.
« Le Conseil prend note de la sépulture du cher P. Laigre, en présence de toute la communauté et de tous les confrères de la mission alors présents à Pinang. Le corps a été inhumé dans le sanctuaire, du côté de l’épître, à gauche du P. Greiner. Les deux communautés de frères et de sœurs sont venues témoigner leur sympathie et joindre leurs prières aux nôtres », Procès-verbaux, 21 avril 1885.
« Oh, avec quel plaisir je vous donne pour la première fois ce titre nouveau qui vous va si bien ; et comme je vous félicite ! Vous prenez les rennes du commandement dans des conditions excellentes : vous avez eu en effet l’unanimité des suffrages ce qui, je crois, arrive bien rarement dans les élections. C’est là une nouvelle preuve des bons rapports et de l’harmonie qui règne entre vous tous », DB 460-5, M. Chibaudel à M. Wallays, 3 août 1885.
Procès-verbaux, 18 août 1885.
DB 460-6, P. Chibaudel au P. Wallays, Paris, 26 novembre 1894.