II-3. Le spirituel, le corporel, le temporel

a. Liturgie et pratiques de dévotion

‘« Partout, depuis mon arrivée chez les confrères de Pinang, même charité, même fraternité.
J’ai été ému jusqu’aux larmes de la piété avec laquelle on assistait
au Saint sacrifice et on récitait les prières581. »’

Pourquoi consacrer un chapitre à la question de la liturgie au Collège général ? Tout d’abord, bien sûr, parce que les aspects qu’elle prit et leur évolution dans le temps proviennent des débats issus de la querelle des rites, témoigent de la romanisation (s’opposant à l’indigénisation des formes de la dévotion) et illustrent les réformes dues au concile de Vatican II. Mais plus encore, parce que de fréquentes pratiques rituelles contribuent, plus encore peut-être que l’étude de la théologie, à façonner les consciences, à cimenter les communautés mais aussi, bien que ce ne soit pas leur but affirmé, à évacuer, ou du moins à différer, d’angoissantes spéculations doctrinales582. Or justement, l’éducation par le milieu ambiant est au cœur de cette enquête sur la formation du clergé indigène.

Notes
581.

Vol. 339, M. Cazès, Pinang, 20 septembre 1865.

582.

Je fais ici notamment référence aux travaux de Jean Delumeau sur la prolifération des rites afin de conjurer les angoisses liées à la pastorale du péché et de la damnation. Jean Delumeau, La peur en Occident, Paris, Fayard, 1978.