Dans les règlements, la question de la nourriture et de la boisson est toujours abordée sous le double aspect de la morale et de la vie pratique. La tempérance est, sans surprise, l’une des vertus les plus attendues, aussi bien des missionnaires que de leurs élèves. Les auteurs des Monita, après avoir cité l’Évangile de Matthieu (IV, 4), « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu », à l’article 2, évoquant la figure tutélaire de Saint François Xavier, exhortent les missionnaires à imiter sa vie austère :
‘S. François Xavier, ce grand apôtre des Indes, pendant toute sa vie affligea son corps de jeûnes fréquents et de mortifications souvent répétées ; sa nourriture fut toujours frugale et de préparation facile ; c’était une aumône qu’il demandait ou qu’on lui apportait ; ce qui déterminait sa nourriture ou sa boisson, ce n’était pas la satisfaction du goût, mais l’exigence de la nature ; il avait l’habitude de ne manger qu’une fois par jour, et, la plupart du temps, d’un seul aliment, destiné moins à flatter le palais qu’à soutenir la nature694. ’Le missionnaire doit se méfier des « artifices » dont use le démon, « qui sait par expérience combien la vie rude et austère des hommes apostoliques lui est nuisible 695 », pour le détourner de son devoir. La « bonne chère » étant l’une des voies de la tentation, le missionnaire « s’abstiendra de mets recherchés et de douceurs de provenance exotique, et fera sa nourriture des aliments ordinaires de la région 696. » Ces prescriptions se répètent tout au long de l’histoire de la Société. Cependant, le règlement de 1874, à l’article 140, veille à en tempérer la rigueur. Les conditions de vie sont rudes dans la plupart des missions ; le taux de morbidité élevé et l’expérience de l’Asie ont montré ce que l’on risquait à y ajouter d’inutiles mortifications. Les différents règlements du Collège général consacrent plusieurs articles à la nourriture et aux repas. Les plus anciens (avant l’installation en Malaisie) sont assez sévères, aussi bien pour les élèves que pour leurs maîtres, auxquels ils recommandent la frugalité, le jeûne et l’abstinence, la réserve vis-à-vis du monde extérieur :
‘14. Ils seront encore plus religieux à ne manger jamais hors le séminaire et s’il arrive qu’on les convie quelquefois à dîner, ils s’en excuseront toujours civilement.M. Roost, dans son chapitre sur la santé des élèves, se préoccupait presque de diététique, dans un article consacré notablement, non pas à la nourriture, mais à la santé :
‘Iln’est pas nécessaire quand on le pourrait de leur donner beaucoup de viande et de fortes nourritures. Le climat ne demande point cela. Mais il faut leur donner du bon riz toujours bien cuit, quelque peu de poisson, quelquefois un peu de viande à midi, toujours un peu de fruit pour les rafraîchir698. ’Le souci de préserver l’équilibre alimentaire de la communauté est ajusté aux devoirs de la piété ; faire maigre, s’abstenir. Passant de la diététique à la rhétorique des bonnes mœurs, M. Roost écrit plus loin, filant la métaphore, « On doit aussi les priver de certains aliments trop chauds qui pourraient exciter en eux les feux de la concupiscence. » Dans le règlement de 1848, les mêmes types de prescriptions reviennent, avec une tonalité semblable, l’essentiel restant bien de se détourner des nourritures terrestres au profit des nourritures spirituelles : « Que vous mangiez, dit l’Apôtre, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout à la gloire de Dieu 699 . » La nourriture doit être frugale, pour éviter la gourmandise ou les réclamations : « Ils ne se nourriront pas de mets recherchés, mais chacun mangera ce qui sera servi à tous », exige le règlement700. Cette dernière disposition s’est avérée nécessaire, comme le montre le cas suivant :
‘Nous voulons parler des enfants d’Européens qui nous arrivent en ce moment de la Birmanie, mais qui pourraient nous être envoyés aussi par d’autres missions qui ont des colonies d’Européens assez considérables. Nous avons en ce moment trois élèves de cette catégorie qui sortent de l’école des frères de Rangoon. Ces enfants nous causent de l’embarras et du côté de l’entretien et du côté du caractère. Généralement, ces enfants nous arrivent ici plus ou moins habitués à une nourriture européenne, non encore formés et par conséquent plus exposés à souffrir du changement considérable de régime qu’ils trouvent en arrivant. Le 1er essai n’a pas été fructueux, c’est l’élève irlandais qui est en ce moment en philosophie et qui, depuis un an est dans un état de santé bien précaire. Il commence à se plaindre du régime du collège701.’Les directeurs tiennent particulièrement à cette règle, notamment pour ne pas créer plusieurs catégories d’élèves au réfectoire, ce qui risquerait de compromettre l’unité de la communauté :
‘Nous avons maintenant à répondre aux questions que vous nous posez au sujet des élèves européens qui vous ont été envoyés de la Birmanie méridionale. Nous comprenons qu’il soit pénible pour ces élèves d’être traités de la même manière que leurs condisciples indigènes, que leur santé même puisse souffrir du régime qu’ils trouvent au Collège. Néanmoins nous pensons comme vous que, dans l’intérêt de tous, il est impossible de leur faire une situation à part et de créer en leur faveur de véritables catégories. Au Collège, tous les élèves sans distinction d’origine et de pays doivent, pour la nourriture, le vêtement et la discipline, être traités de la même manière. Des privilèges, des exceptions, ne pourraient qu’être préjudiciables au bon ordre qui doit régner dans une communauté et à la bonne harmonie si désirable entre les membres qui la composent. Précisément à cause de cette difficulté de faire aux élèves Européens une situation en rapport avec leur origine, leur éducation première et leurs besoins et aussi à raison de leur caractère, nous pensons qu’il n’est pas opportun de favoriser l’introduction au Collège général de l’élément européen. Cet établissement est fondé surtout en vue des indigènes que l’on destine au sacerdoce, et la présence des Européens, outre les difficultés, les compétitions, les jalousies entre élèves qu’elle ferait naître, lui enlèverait son caractère, l’éloignerait du but que se sont proposé ses fondateurs et occasionnerait peut-être les justes réclamations des Vicaires apostoliques intéressés702 . ’Par ailleurs, il n’est pas non plus permis d’acheter de quoi manger hors du collège, ni de faire des provisions, même envoyées par les familles, sans les partager avec la communauté :
‘Il est interdit aux élèves de se faire envoyer des provisions. Ils ne peuvent aucunement en accepter sans permission expresse du supérieur. Si cette permission est accordée, les provisions devront être consommées dans le réfectoire à l’heure du repas et partagées avec les voisins de table. Il est interdit d’organiser des repas dans les dortoirs à Mariophile. Et où que ce soit, sont interdits les repas organisés dans les heures qui suivent immédiatement les repas de la communauté703.’Sans donner le détail des menus, les coutumiers laissent supposer que l’ordinaire pouvait être amélioré à l’occasion des fêtes. Observons qu’à la différence des règlements antérieurs, celui de Penang ne comporte aucune prescription concernant le jeûne du carême. On trouve en revanche des allusions à la pratique du jeûne dans les coutumiers : « 1869, 8 décembre, Fête de l’Immaculée Conception. Clôture du Jubilé donné par Pie IX. Toute la communauté avait jeûné les 24 et 26 novembre, et le 4 décembre 704 . » En temps normal, les directeurs veillent scrupuleusement à ce que les repas n’altèrent pas la santé des élèves, ni celle de leurs professeurs. Ainsi, l’article XI du règlement de 1848 stipule :
‘De la fin du repas jusqu’à deux heures, ils se détendront dans un honnête loisir et donc, à ce moment là, s’ils n’en ont pas l’autorisation, ils n’écriront pas, ils ne liront pas et ne feront aucun effort intellectuel de nature à troubler leur digestion ; en outre ils ne travailleront pas avant qu’une heure se soit écoulée après la fin du repas. Ils feront cela à la fois pour leur santé et pour leurs études. Mais tous se promèneront pendant une demi-heure au moins ou se livreront à des exercices physiques.’Cet article est bien le fruit de l’expérience acquise, comme le montre une lettre de dix ans plus ancienne, adressée par Albrand aux directeurs de Paris :
‘De plus il est de toute nécessité, pour conserver la santé de nos élèves, qu’ils prennent un peu de récréation immédiatement après le repas ; mais ici on ne peut la prendre ni au soleil brûlant, ni au serein. Or, la partie de la maison qu’habitent nos élèves n’est pas élevée de quatre pieds au-dessus de la terre ; il serait donc fort à souhaiter qu’elle pût s’élever à la hauteur des maisons de ce pays pour pratiquer en dessous une promenade, que je crois aussi nécessaire à nos disciples que le peu de riz que je leur donne705. ’Toujours dans le dessein de préserver la santé des élèves, l’accès à la chapelle leur est interdit après les repas :
‘15 septembre 1878 : Le Conseil considérant que le séjour des élèves à la chapelle immédiatement après les repas est de nature à nuire à leur santé, a pris la décision suivante : la chapelle sera fermée du dîner jusqu’à 1h ½ et du souper jusqu’à 7h706. ’Parfois, les prescriptions alimentaires revêtent un aspect thérapeutique, comme dans ces conseils donnés aux jeunes missionnaires pour la traversée :
‘Il est bon de se munir aussi de quelques pots de gelée de groseilles, de sirops d’orange, citron, etc., pour faire des limonades, sucre pour les besoins particuliers, chacun au moins un kilo de bon chocolat et une boite de thé noir, chacun une bouteille de bonne eau de vie, rhubarbe en poudre dans un flacon pour combattre au besoin les constipations ordinairement très opiniâtres dans les longues traversées. On en met une forte pincée dans une cuillère à potage au commencement du repas. Il est rare que les premiers jours où l’on est à bord, on n’éprouve pas le mal de mer. Quelque long et dégoûtant que soit ce mal, il ne faut pas s’en effrayer. On n’en meurt pas. Il n’y a pas non plus de remède spécifique pour s’en préserver. Comme il est reconnu cependant qu’une des causes principales est due à l’agitation excessive des intestins provenant du roulis et surtout du tangage du bâtiment, quand après un jour ou deux l’estomac a déchargé force bile, il est bon de se tenir le ventre serré avec une ceinture, ou de rester couché, la position horizontale se prêtant moins au mouvement des intestins. Malgré les répugnances, il est bon de prendre à jeun, tous les matins un peu d’eau de vie avec des biscuits707.’Le régime alimentaire est bien connu. Il a assez peu varié au cours de l’histoire du Collège :
‘Ils mangent de la viande deux jours de la semaine seulement le dimanche et le mercredy qui est le jour de congé ; le reste du temps ils mangent du poisson qui est la nourriture du pays708.’Mais la base de cette alimentation est le riz. Aux débuts de l’installation du Collège en Malaisie, cette céréale semble faire défaut, tant en quantité qu’en qualité :
‘Je sais que M. Letondal, à son arrivée, fera grand bruit pour cela ; mais enfin que faire ? Ne pas même épargner la vie de ces jeunes gens ? Quelque chose qu’il en soit, cela ne se peut pas. Je ne dis pas qu’il ait si cruelle intention pour quelque vue de politique, ni n’ose le penser ; mais il le fait avant l’incendie sous prétexte qu’il n’avoit pas assez d’argent, il leur achetoit du fort mauvais riz, et en achetoit de meilleur pour ses ouvriers, qui travailloient au collège ; parce que, disoit-il, ces charpentiers ne peuvent pas manger de ce riz, il fait beaucoup d’autres choses dans ce genre. Il résultera de tout cela que quand même l’argent suffiroit, ce collège ne peut durer longtemps709.’Évidemment, ces propos sont partiellement inspirés par la rivalité qui opposait le refondateur du Collège à son premier supérieur. Cependant, ils laissent entrevoir les difficultés matérielles auxquelles les missionnaires eurent à faire face, pour nourrir les jeunes séminaristes et, dans ce cas précis, les ouvriers qui travaillaient à leur bâtir un abri. L’agriculture étant insuffisamment développée sur l’île, on y dépendait largement des importations :
‘D’ailleurs Pinang n’est plus ce qu’elle était lorsqu’on y a placé le Collège. Les Anglais qui viennent de s’établir de tous côtés l’abandonnent un peu de sorte que tout y est extrêmement cher et n’y est pas en abondance parce que c’est une île entièrement stérile qu’on alimente toute entière du dehors710. ’C’est pourquoi le coût de la vie y resta constamment élevé, en particulier pour les denrées alimentaires :
‘J’ai trouvé tout bien cher à Pinang ; mais outre que l’argent peut s’y placer à un plus grand bénéfice, j’ai remarqué qu’il faut y profiter de certaines circonstances pour faire des provisions, il s’en présente de très favorables pour cela ; mais il faudrait aussi un bon frère lai pour pourvoyeur. Il faut aussi y avoir un champ de riz, un jardin pour des légumes et des fruits, des volailles et autres animaux711.’Cette lettre de Claude Letondal annonce l’une des préoccupations majeures des directeurs du Collège de Penang, au long de leur présence en Malaisie, l’approvisionnement :
‘J’ai été bien triste en apprenant que vous avez renvoyé quatre écoliers de Chine, disant que ce sont des sujets trop faibles pour un collège général, et que d’ailleurs vous ne pouviez plus les nourrir712. ’Aussi, ils cherchèrent très tôt à développer leur propre production agricole, seul moyen d’assurer l’indépendance de la communauté et d’économiser les ressources financières provenant d’Europe :
‘6. Quels sont les moyens de réduire les dépenses afin de procurer plus de ressources aux missions ? Il faut faire des provisions aux temps favorables, tâcher d’avoir un champ de riz qui fournisse la consommation et de quoi payer sa culture ; avoir soin de tirer ce qu’on pourra du terrain adjacent en cocos et autres fruits. Il faudrait aussi peu à peu se pourvoir en poisson nécessaire ce qui est facile étant situé près du bord de la mer. Plut à Dieu que l’on put y établir quelque genre de travail utile en guise de récréation, ne fut-il que de faire des paniers qui serviraient pour faire les provisions au marché713.’Le vœu de M. Letondal, « avoir un champ de riz », ne fut exaucé qu’en septembre 1869 :
‘Les circonstances sont favorables pour convertir en champ de riz le terrain inculte et malsain qui s’étend vers la mer. Le Conseil confirme les démarches faites par le Procureur et ratifie le contrat porté à 110 piastres pour les travaux préparatoires. Le Conseil prend note également du bornage effectué entre le Collège et les Chinois, à l’accord satisfaisant des deux parties714.’Cinq ans plus tard, le Père Laigre pouvait écrire : « De ma chambre, qui est celle qu’occupait le cher Père Greiner, je vois à mon aise la rizière qui contient maintenant 12 orlons715. »Grâce à la riziculture, aux ressources procurées par diverses ventes et quelques loyers, mais surtout aux dons provenant des Œuvres européennes, il fut donc possible de pourvoir à la subsistance d’élèves dont l’effectifs dépassa, certaines années, la centaine :
‘Mais le lendemain notre touriste vient visiter le séminaire et après maintes autres questions, nous demande par quelles ressources, à l’aide de quelles riches dotations nous couvrons les dépenses de cet établissement et donnons du riz à une famille si nombreuse. Ici notre cœur s’émeut, Messieurs les Associés, et nous répondons au fier Anglais, ce qui est la vérité, que l’aumône de l’Europe catholique est notre seul trésor. L’Anglais sourit de cette explication, et, habitué qu’il est à comprendre et à pratiquer l’économie autrement que le missionnaire, essaie de cacher poliment qu’il n’en croit rien, vu les prix excessifs où les denrées sont à Pinang716. ’Cette lettre, publiée dans les Annales de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, voulait rendre un hommage explicite aux donateurs et de les encourager à persévérer ! Cependant, les correspondances privées le confirment : dès la seconde moitié du XIXe siècle, la communauté était convenablement nourrie. Seule, la période de l’occupation japonaise mit un terme provisoire à cette autosubsistance :
‘8 octobre 1942 : Nous commençons à ne plus manger qu’une fois par jour du riz, à midi […]Cette période fut particulièrement dure sur le plan alimentaire, pour l’ensemble de la population de l’île. Les missionnaires et leurs élèves n’échappèrent pas à la pénurie de nourriture et surent s’adapter :
‘À partir de cette époque, le pain de froment devint introuvable et il y eut des substituts à base de farine de maïs, tapioca. En raison de la diminution des rations il nous faut donner une impulsion plus grande à la culture ; nous plantons des milliers de pieds de patates douces et de tapioca718.’Le déroulement des repas est strictement réglé. Pendant les repas, pris en silence, on écoute des lectures pieuses et chacun, à tour de rôle, participe au service de la table :
‘V. À sept heures, ils prendront le petit déjeuner en écoutant une lecture pieuse ; puis, jusqu’à huit heures ils se détendront dans l’inactivité de l’esprit.On peut parler entre les lectures, mais en latin uniquement.Cette obligation, qui ne concernait pas que le réfectoire, s’est prolongée jusque dans les années soixante, comme en témoigne cette anecdote, due au P. Michel Arro :
‘J’ai connu à Penang un père français qui voulait dire qu’il viendrait au repas de midi au Collège. Comme il n’y avait personne pour l’accueillir, il a laissé ce message à un séminariste : « Pater manducandus », « le père à manger » ! Alors il était connu sous ce nom là, le « père à manger. » Tous les séminaristes riaient, parce qu’eux savaient le latin720 !’Il arrive aussi que des exercices aient lieu pendant le temps du repas : « Le Conseil décide de commencer les sermons au réfectoire pour les élèves qui suivent le cours d’éloquence sacrée 721 . » Au réfectoire, « Le déjeuner sera présidé alternativement par un professeur, chacun pendant une semaine. Les élèves se tiendront dans le même ordre qu’aux autres repas 722 », chacun occupe une place conforme à son rang ou à son ancienneté :
‘Pour les plus anciens à la table du côté de la chaire qui est la plus rapprochée de la table des Pères. Commencer par placer les plus anciens du côté du mur, disposer les suivants alternativement à droite et à gauche en suivant l’ordre de liste général ; pas de places spéciales : 10 élèves par table723. ’Le Procès-verbal du 10 mai 1847 comporte une disposition particulière pour les professeurs indigènes : « Les professeurs indigènes seront placés chacun dans un dortoir, seul dans leur cellule, à portée des issues. Ils seront placés de même au réfectoire et servis particulièrement. » Les élèves subissent partout la surveillance de leurs aînés. Mais celle-ci s’exerce avec plus de vigilance dans les dortoirs, les salles de bain et au réfectoire, lieux où les corps peuvent se trouver soumis à diverses tentations724. Il existe un inventaire des biens du Collège, à ses débuts, en 1838. Le mobilier et la vaisselle du réfectoire y sont détaillés725. Cela paraît assez insuffisant, si l’on songe qu’il y avait alors une quarantaine d’élèves au Collège. Plus tard, les conditions matérielles se sont améliorées :
‘Oui, notre collège général a beaucoup d’agrément qu’il n’avait pas de votre temps et chaque année il devient de plus en plus propre. À commencer par la cuisine et toutes ses dépendances et même l’étable, qui ne font maintenant plus qu’un seul bâtiment en briques, parallèle au réfectoire, couvert en tuiles726.’La plupart du temps, les cuisiniers sont Chinois, et plutôt mal vus des Pères, qui voudraient confier le soin de la cuisine à des religieuses :
‘Nous souhaiterions comme en France, pour les collèges et petits séminaires, avoir comme eux des sœurs qui exerceraient leur charité au milieu de nous. Nos enfants travaillent tous à acquérir la science nécessaire à leur vocation ; mais peu à peu leur santé se ressent de la vie sédentaire qu’ils mènent pendant de longues années et nous recevons fréquemment des plaintes au sujet de la santé des élèves qui s’en retournent. Les domestiques chinois suivent toujours leur routine, ne savent pas varier dans la cuisson ou les aliments […] C’est pourquoi, Messieurs, nous vous demandons de nous procurer le secours de quelques sœurs de Saint-Maur qui toutefois, seraient toutefois toujours maintenues en dehors de la communauté. Mgr Gasnier, entrant complètement dans nos vues, a favorablement accueilli cette demande, que nous vous demandons de bien vouloir approuver727. ’Cette requête, réitérée728, ne pouvait manquer de susciter la méfiance des directeurs de Paris, qui ne voyaient pas d’un bon œil la présence de femmes, fussent-elles religieuses et âgées, au milieu de la communauté !
‘Nous avons bien entendu, Messieurs et chers confrères, votre requête quant aux soins de la cuisine. Nous comprenons les raisons qui vous ont poussés à nous marquer votre souhait de les voir confiés à des sœurs de la congrégation de Saint-Maur. Cependant, il ne nous semble pas possible d’accéder à cette demande car, outre que cela contreviendrait aux usages, il nous paraît que cela pourrait être de nature à fournir, à des regards ignorants de nos fins et malveillants, de quoi jeter le discrédit sur nos établissements729.’Seules les circonstances exceptionnelles de l’invasion japonaise, à partir de 1941, permirent de déroger temporairement à la règle, les sœurs ayant dû se réfugier au Collège après l’installation des troupes d’occupation dans leur couvent :
‘22 février 1945. Ce matin tout le monde a abattu des cocotiers et défriché au nouveau jardin. L’après-midi on installe une bibliothèque-étude pour les élèves à l’étage dans le couloir au milieu du bâtiment central. Là se trouve la clôture faite de paravents qui nous sépare du domaine des sœurs. La cuisine telle que la font les sœurs plait à tout le monde et on en est très satisfait730.’La présence des sœurs ne laisse pas de susciter quelques réserves chez certains esprits sourcilleux :
‘Les sœurs s’enhardissent et circulent plus librement dans le rez de chaussée de nos quartiers qu’auparavant, même après souper le soir ; bien qu’on leur ait demandé de quitter cette zone à partir de la fin de la prière des élèves. Il y aurait à réagir contre cette promiscuité à la tombée de la nuit731.’On ne saurait omettre, pour finir, une autre forme de repas communautaire, dans lequel la réalité pratique est transcendée par la pratique spirituelle : l’Eucharistie. Célébrée quotidiennement, la messe requiert des hosties et du vin. Les hosties sont fabriquées au Collège. En mars 1854, le Conseil des directeurs passe commande à Paris, d’« un fer à hosties double de 75 millimètres de diamètre 732 . » Cette activité se déroule dans un endroit sûr, pour éviter les incendies : « Il a ensuite été décidé que dans l’officine basse de l’infirmerie on ne pourra établir ni cuisine, ni distillerie, ni la fabrication des hosties, ni autres emplois requérant l’usage du feu 733 .» Elle est confiée à un élève, chargé d’instruire les autres : « Le Conseil décide d’apprendre aux élèves du cours de Pastorale la façon pratique de faire les hosties sous la direction de l’élève qui est chargé de faire celles du Collège 734 . » Lors de leurs déplacements, les missionnaires ne manquent jamais d’emporter avec eux de quoi célébrer la messe. Lorsqu’en 1836, Jean-Claude Miche, par exemple, s’apprête à rallier le Cambodge, ses confrères reçoivent les instructions suivantes :
‘Mgr le coadjuteur a écrit à M. Miche qu’il était destiné au Cambodge. Vous aurez la bonté de lui faire passer tout ce qui lui est nécessaire et qu’il vous demandera : son viatique, du vin de messe, de la farine, le dictionnaire latin-cambodgien, une feuille de pouvoir et les objets dont il a besoin pour aller au Cambodge735.’Le missionnaire traverse la jungle avec assez de vin pour deux ans736. Dans l’ « Instructions pour le voyage des missionnaires » de 1858, parmi « les objets nécessaires pour la traversée », sont mentionnés :
‘Les saintes huiles pro infermia, bougies, pains et quelques bouteilles de vin blanc pour la messe – les pains doivent être conservés dans une boite en carton ou en fer blanc bien fermée. Si l’humidité y pénétrait, les pains se gâteraient737. ’Au terme de l’occupation japonaise, alors que les missionnaires et leurs élèves ont connu la faim, « En juillet les restrictions alimentaires sont à leur maximum et nous sentons vraiment la faim », le rédacteur du « Compte rendu des années de guerre » se réjouit : « Que nous ayons eu assez de farine et de vin pour la célébration quotidienne des Saints Mystères est un autre motif de louange et de gratitude 738 . » L’approvisionnement en vin est rendu nécessaire par les besoins de la liturgie. Dans les commandes adressées à la procure de Paris, il est associé aux livres et objets liturgiques :
‘Je vous prie de m’envoyer pour l’année prochaine, outre les viatiques supplémentaires pour le collège, catéchistes et aumônes extraordinaires si il y en a :’ ‘2 missionnaires à Pulo Pinang et non ailleurs, soit qu’ils restent à Malacca pour venir ensuite me trouver.Or, on parle ici de vin rouge. À maintes reprises, dans les correspondances, les missionnaires de Penang commandent du vin, sans toujours préciser l’usage qui en sera fait : « Veuillez nous faire parvenir du vin de France, 6 à 8 barriques, celui du Portugal ne nous parvenant plus 740 . » L’usage de la boisson est fortement encadré par les textes, depuis les origines du Collège :
‘15. Ils garderont toujours la louable coutume qu’on a introduite dès le commencement dans le séminaire de s’abstenir d’y boire d’aucun vin que ce soit. Si néanmoins quelqu’un croit qu’il ait besoin d’en boire quelquefois, on lui en accordera l’usage comme fait Saint Paul à Timothée, non pas néanmoins dans la communauté, mais en sa chambre741. ’Le règlement de la Société de 1874 reprend la même injonction, en maintenant la possibilité d’assouplir la contrainte : « Ils garderont une exacte sobriété dans le manger et le boire, et surtout dans l’usage des liqueurs spiritueuses. Ils prendront garde néanmoins à tout excès contraire. » Cette latitude laissée aux missionnaires s’explique notamment parce que l’alcool est supposé avoir une vertu thérapeutique. Mais il semblerait que la consommation de vin lors des repas n’eût pas été inhabituelle. Mgr Petitjean, vicaire apostolique du japon, écrit aux directeurs du Collège, le 26 novembre 1867, à propos de ses séminaristes :
‘Les dispositions prises touchant l’usage du vin et du tabac, étaient que les élèves japonais, n’étant accoutumés ni au vin ni à la fumigation, ils seraient rangés dans la catégorie des élèves qui n’en usent pas.’Cela permet de supposer que les autres élèves pouvaient boire du vin et fumer742. Sans doute le faisaient-ils sans excès, conformément aux prescriptions du règlement. Pendant l’occupation japonaise, pour soutenir leur moral, les Pères s’étaient accordé un peu de vin à table, à défaut de pouvoir acheter du whisky :
‘Le whisky atteint 60 $ la bouteille. Pour nous, nous sommes heureux d’avoir encore un petit verre de Clairet à chacun de nos repas. La provision qui nous reste ne semblant pas devoir se conserver en bon état, surtout en raison de la mauvaise qualité des bouchons employés, nous préférons en profiter743.’La tempérance prévalait-elle toujours à la table des missionnaires ? Cette lettre de 1837 permet d’en douter :
‘Monsieur et cher confrère. En lisant les comptes que vous avez envoyés, nous avons tous été extrêmement surpris et souverainement scandalisés de voir que, durant l’année 1836, il s’était dépensé au Collège 560 bouteilles d’eau de vie, outre environ 1200 bouteilles de vin. 560 bouteilles d’eau de vie bues dans un an, grand Dieu, et 1200 bouteilles de vin ! Mais on boit donc comme des soldats irlandais dans ce collège ! 560 bouteilles d’eau de vie dans un an ! Mais une cantinière de régiment n’en vend pas autant. 560 bouteilles d’eau de vie, mais jamais un pareil scandale ni rien qui s’en approche ne s’était vu dans nos missions depuis qu’elles existent. 560 bouteilles d’eau de vie bues dans un an, outre 1200 bouteilles de vin ! Mais que diraient nos autres missions, que dirait-on dans le public si on avait connaissance d’un pareil scandale donné par des évêques et des missionnaires ? Que diraient les saints évêques Garnault et Florens, eux qui ne rougirent jamais d’une goutte de vin l’eau qu’ils buvaient ? Lorsque j’étais dans l’Inde, j’étais sujet à de fréquentes infirmités qui me rendaient nécessaire quelquefois l’usage d’un cordial, mais je m’estimais heureux si j’avais deux ou trois bouteilles d’eau de vie qui me duraient une année entière. Pour le vin, nous pensons tous que vous devriez le réduire à un petit verre pour chacun à dîner et à souper. Si ceux qui potentes sunt ad bibendum ne s’accommodent pas de cela, et veulent l’avoir à discrétion, qu’ils s’arrangent, et ne cédez jamais à des exigences si déraisonnables. Ce n’est pas avec un viatique de 100 piastres qu’on peut boire l’eau de vie et le vin à discrétion. Shame, shame, shame ! Ne croyez pas que je vous écrive ceci en confidence. Je vous prie même de communiquer ma lettre à toutes les personnes intéressées, présentes et absentes ; et nous vous prions tous avec instance de faire cesser ce scandale ! […] Soyez persuadé que j’entretiens envers vous les sentiments de la plus sincère estime et de la plus vive sympathie pour toutes les contradictions que vous avez à endurer dans le poste pénible et dégoûtant que vous occupez744. ’ ‘Il n’y avait alors pas plus de cinq missionnaires permanents au Collège… L’usage de l’alcool était acceptable pour ses vertus médicinales supposées. Mais les excès sont évidemment jugés détestables, – quand bien même la dureté de la vie en mission constituerait une circonstance atténuante –, et ce d’autant plus qu’ils occasionnent des dépenses supplémentaires745.’Règlement, 1874, op. cit., « De la vie que doivent mener les ouvriers apostoliques », Chap. 7, p. 53.
Monita (1665), op. cit., Article 2, « Il faut éviter les soins exagérés du corps », p. 22-23.
Idem, p. 23.
Idem, p. 24.
Avis pour le gouvernement du séminaire de Siam, 1665, Archives de Siam, vol. 129, op. cit.
Manière d’élever les écoliers indiens, donnée par M. Roost Supérieur du Collège de Siam, 1713, De la santé, art. I. Lettre datée du 5 octobre 1718, manuscrite, due à M. Roost, ancien supérieur du collège de Siam à partir de 1713, copie d’après l’original en 1764, vol. 891, p. 37.
Règlement, 1848, Règles générales, art. 2.
1848, Règles générales, art. 6.
Vol. 340 B, n° 301, Rapport annuel sur les élèves, MM. Laigre, Wallays, Laumondais, etc., Penang, octobre 1878-octobre 1879.
DB 460-5, le Conseil de Paris aux Directeurs du Collège de Pulo-Pinang (reçue le 9 avril), Paris, 1er mars 1880.
Procès-verbaux, 8 décembre 1934 : « Les élèves ont été avertis de ne pas prendre les bananes des autres ni pour les autres ; les bananes restantes seront utilisées au repas du soir », Idem, 30 mars 1936.
« Provisions : Interdire absolument au Collège ou à Mariophile. Parfois cependant à Mariophile permettre à condition que les colis envoyés par les parents ou amis soient déposés et mangés au réfectoire. Jamais au dortoir », Coutumier de 1953, CG 032 Carton 4, op. cit.
Coutumiers, Idem.
M. Antoine Albrand, Directeur du collège de Pinang, aux directeurs du séminaire de Paris, 10 janvier 1834.
Autres exemples : « À présent il y a ici 22 écoliers et on n’envoye que des enfants de 14 à 15 ans ; et assez mal portants parce que disent-ils, on les a fait étudier beaucoup et tout de suite après les repas », M. Lolivier à M. Chaumont, 26 avril 1820, vol. 339. « Il est important aussi de prendre les mesures les plus favorables à la santé des écoliers. Il est un moyen de faire prendre aux écoliers un exercice modéré qui entretienne leur santé, qui était employé dans l’ancien collège général de Siam et dans les collèges particuliers du Tongking et de Cochinchine. Ce moyen consiste à faire travailler les écoliers pendant deux heures ; une heure dans la matinée et une heure dans l’après midi, au jardin ou dans la maison, à quelque travail qui ne soit pas trop fatigant, comme de sarcler ou arroser. C’était le matin depuis 8h jusqu’à 9h et l’après-midi depuis 4h jusqu’à 5h. Après le dîner on leur laissait faire la sieste depuis le dîner jusqu’à deux heures. Ceux qui ne voulaient pas dormir étaient obligés de ne point faire de bruit. Il faut veiller à ce qu’ils n’écrivent pas tout de suite après leur repas », DB 460 – 5, M. Langlois à M. Albrand, Paris, 28 octobre 1834.
Extraits des Procès-verbaux et délibérations du Conseil du Collège général, 1847-1968, CG 002A. Cette disposition s’est maintenue longuement : « 15 septembre 1934. Le Conseil considérant que le séjour des élèves à la chapelle immédiatement après les repas est de nature à nuire à leur santé, a pris la décision suivante : la chapelle sera fermée du dîner jusqu’à 1h ½ et du souper jusqu’à 7h »
Instructions pour le voyage des missionnaires, Lettres communes, V. 171, p. 559, février 1858.
Vol. 884, p. 25, M. Lacère, Collège de Mahapram, 12 mai 1740.
Vol. 339, 1- XII, M. Lolivier, 1813
Vol. 887, M. Pupier, 18 décembre 1821.
Vol. 301, p. 418, M. Letondal (Pinang) à M. Chaumont (Londres), 10 décembre 1809.
BG 1401, Mgr Florens à M. Letondal, 20 juillet 1813.
Vol. 301, p. 769, Macao, M. Letondal, octobre 1811.
Procès-verbaux :16 septembre 1869,
DB 460-7, Lettre du P. Laigre au P. Lemonnier, Pinang, 12 septembre 1874.
Autre exemple. Procès-verbaux : « 28 février 1893. M. le Procureur demande au Conseil s’il serait d’avis de faire vendre une rizière hypothéquée au Collège et dont le propriétaire ne paie pas les intérêts. »
Annales de l’OPF, Lyon, 1860, t. 32, p. 241-243.
Journal du Collège, 1938-1945, op. cit.
Compte rendu des années de guerre, à Nosseigneurs les Évêques Supérieurs des Missions, CG 066 Carton 10, 15 août 1945. Idem, « Le ravitaillement devient de plus en plus difficile. Des vols répétés menacent de nous priver du fruit de nos travaux et il nous faut monter la garde la nuit après avoir travaillé la journée. C’est alors que les bananiers que nous avions plantés nous furent d’un précieux appoint. À nouveau, pendant les premiers mois de l’année, les autorités firent des tentatives pour occuper la totalité des bâtiments du Collège. Grâce à St Joseph, ces menaces furent l’une après l’autre détournées. Le gouvernement avertit alors qu’à la fin de l’année il ne pourra plus distribuer de rations et que chacun doit sans délai planter autant qu’il est nécessaire pour se suffire. La préoccupation de l’aliment quotidien devient obsédante. Au déclenchement de l’invasion de la France, les Japonais nous firent préciser notre statut et exigèrent une déclaration de nos biens. En juillet les restrictions alimentaires sont à leur maximum et nous sentons vraiment la faim. »
Procès-verbaux, 10 février 1961 : « Pour faciliter la lecture au réfectoire du séminaire, un micro avec haut-parleurs ont été installés. »
Entretien avec le Père Michel Arro, Singapour, février 2001, op. cit.
Procès-verbaux, 1er avril 1941.
Procès-verbaux, 26 juillet 1847.
Coutumier de 1939, CG 020.
« Pendant que les ministres prépareront la table ou qu’après les repas ils laveront la vaisselle, si on ne les fait observer par un des maîtres, il est à craindre qu’ils ne prennent entre eux une trop grande liberté et qu’ils ne profitent de l’occasion pour recevoir ou envoyer par les domestiques des lettres secrètes », Règlement pour les missionnaires qui travaillent au Collège, 1764, chap 8.
« 2 armoires en bois blanc, bien conditionnées, hautes de 6 pieds environ, larges de 4 pieds. 1 armoire en bois blanc peinte en vert, haute de 6 pieds et large de 5 pieds. 4 tables dont une ronde au réfectoire et les autres carrées à tiroirs. 2 tables fortes et neuves en bois blanc. 2 tables fortes, neuves et vernissées pour le réfectoire des élèves. 18 chaises neuves dont le fond est en rotin fin, en bois rouge plus cinq vieilles chaises en bon état. Vaisselle : elle est en faïence de Chine, en très petite quantité. 1 douzaine de grands verres et autant de petits. Une douzaine de cuillères en laiton. 8 cuillères en argent, trois-quarts plus de fourchettes. 6 plats couverts en faïence de Chine, deux soupières. 2 bocaux pour les lampes. 4 lampes chinoises en laiton, une douzaine de tasses à thé. Les ustensiles de la cuisine sont en petit nombre et de peu de valeur. 3 nappes de table et une douzaine de serviettes. »
DB 460-7, Lettre du P. Laigre au P. Lemonnier, Pinang, 12 septembre 1874.
Vol. 340 B, M. Laigre, Penang, 27 mai 1880.
Procès-verbaux, 1er juin 1880 : « Le Conseil prend note d’une lettre commune adressée à ces Messieurs du Conseil de Paris, au sujet des sœurs à employer au Collège Général. Vu tous les désagréments causés par nos cuisiniers ; vu leur malpropreté ; vu l’état précaire de la santé des Pères et des élèves ; le Conseil demande à Paris l’autorisation d’avoir au Collège quelques sœurs de St Maur pour présider à la cuisine. »
Procès-verbaux, 1952 : « Le P. Sup. (Davias) soumet au Conseil un projet d’appeler des sœurs des Missions Étrangères au collège pour s’occuper de la cuisine et de la lingerie. »
Lettre du séminaire de Paris au Collège de Penang, 12 septembre 1880, vol. 340 B
Journal du Collège général, 1938-1945, CG 063 Carton 10.
Procès-verbaux, 8 avril 1945.
Idem, 7 mars 1854.
Idem, 23 septembre 1867.
Idem, 3 juin 1940.
M. Régereau à M. Legrégeois, procureur à Macao, 19 avril 1838, AME vol. 748. Jean-Louis Taberd (1794-1840), évêque d’Isauropolis, vicaire apostolique de Cochinchine.
Cf. « Jean-Claude Miche (1805-1873), un évêque des Missions Étrangères en Indochine, aux prémices de la colonisation française », op. cit.
Lettres communes, V. 171, p. 559, février 1858.
Compte rendu des années de guerre, à Nosseigneurs les Évêques supérieurs des Missions, 15 août 1945, CG 066 Carton 10. Idem, 28 décembre 1941 : « On a pu acheter de la farine australienne et on s’occupe de la mettre en bouteille pour la conserver en vue de la fabrication des hosties. »
Vol. 891, M. Garnault à M Letondal, 22 août 1787.
Vol. 340, n° 115, M. Jourdain à M. Libois, octobre 1852 : « […] J’ai prié le P. Baclot de vous expédier 10 barriques de vin rouge pour commencer. DB 460-6, M. Grosjean à M. Wallays, Paris, 16 novembre 1906.
Avis pour le gouvernement du séminaire de Siam, op. cit. L’adoucissement de la règle avait été également préconisé par Mgr Pottier : « Chaque Vicaire apostolique instruirait le supérieur du caractère de sa mission et des écoliers qu’il enseigne ; de cette manière il nous paraît que le bien se ferait solIdement ; seulement il faudra prendre des précautions raisonnables afin que les maîtres y mènent une vie moins dure et moins mortifiée que celle qu’ils y menaient ces derniers temps, où ils étaient constamment privés de vin, et même de moustiquaires dans un pays tout couvert de moustiques », Conseils sur la conduite du Collège général, donnés par Mgr Pottier aux directeurs du séminaire des M.E., Setchoan, 16 octobre 1780, AME, vol. 438, p. 26.
« Le jour de la fête du supérieur, 9 mai, les élèves ont visité les églises de la ville. Ils ont bu du rhum chez le P. Mauissal ; ont récité le chapelet à l’église du P. Mauissal et fait le mois de Marie chez le P. Hals », Procès-verbaux, mai 1870.
Procès-verbaux, janvier 1943.
M. Barondel à M. Albrand, Paris, 13 octobre 1837, DB 460 – 5.
Autre exemple : « 18 février 1945, Un officier des Marines fait une tournée et nous enjoint de nettoyer avant notre départ la maison et ses abords. Nous lui répondons que ce dimanche c’est impossible. Il insiste et donne l’ordre. Le travail de nettoyage commence avec les élèves restants et se prolonge toute la nuit, interrompu par un repos un peu avant minuit. Cinq cent bouteilles vides sont transportées à la maison du gardien Koi Nian », Journal du Collège général, 1938-1945.