Les règlements faisaient obligation aux procureurs du Collège, établissement commun de la Société, de tenir méticuleusement les comptes et de faire un rapport annuel détaillé au séminaire de Paris, son principal bailleur de fonds940 :
‘6. L’un des directeurs choisis par le supérieur et ses collègues sera établi Procureur et Économe et sera spécialement chargé du soin du temporel.La majorité d’entre les procureurs s’est acquitté scrupuleusement de cette tâche, comme l’attestent les archives de la rue du Bac, où l’on a conservé la quasi-totalité des livres de comptes. Il ne saurait donc être question d’épuiser ici la question du financement, des budgets et des ressources du Collège général. Le registre des Procès-verbaux s’est, une nouvelle fois, révélé fort utile. Il donne la balance des comptes du Collège de 1848 à 1918942. Jusqu’en 1878, les montants y sont indiqués en piastres. Après, ils le sont en dollar ($), sans introduire aucun changement de proportion : c’est la même monnaie sous un autre nom943. Notons d’emblée que souvent, les procureurs du séminaire de Paris s’expriment en francs, ce qui rend plus difficile encore la conversion d’une monnaie à l’autre, comme le montre cette lettre de 1832 :
‘On ne comprend pas trop bien vos comptes pécuniaires et le procureur de Macao n’y voit guère plus clair ; c’est ce qui explique que vous vous trouvez dans l’embarras à ce sujet. Les 1 569 piastres que vous reçûtes en dernier lieu (sans dire de qui ni comment) étaient probablement pour compléter ce qui était dû à Messieurs Boret, lesquels vous avaient autorisés à toucher pour eux une forte somme que le procureur laissa entre vos mains pour les besoins présents et futurs du Collège ; et Messieurs Boret reçurent en échange une lettre de change qui fut acquittée ici le 28 mai 1830, et faisait en argent de France 21 200 francs944.’Durant ces soixante-dix années, significatives puisque c’est au cours de cette période que furent réalisés les grands travaux d’aménagement du Collège et les principales acquisitions foncières, le total des recettes s’élève à 424 577 $, les dépenses à 359 972 $ : la balance est donc créditrice de 64 605 $. Les montants les plus élevés sont enregistrées en 1918 : « 1918 : Comptes pour l’année 1917. Dépenses 19 050, Recettes 18 237. » À l’exception de ce cas unique, le niveau annuel des recettes comme des dépenses est dans une fourchette de 2 900 à 13 000 $, la moyenne se situant autour de 7 500 $. Les plus faibles recettes sont de 5 795 $, en 1854 et les plus basses dépenses de 2 223 $, en 1849. Les fluctuations du budget sont rares et modérées. Il n’y a pas « d’années noires », ni de période d’éclatante prospérité. Le reste en caisse le plus faible, 400 $, est enregistré en 1891, le plus élevé, 6 841 $, en 1893 ; la moyenne tourne autour de 3 500 $ environ. Pendant toute cette période, la gestion est globalement équilibrée, les comptes sains945.
Total des recettes | 424 577 | Total des dépenses | 359 972 |
Recettes les plus hautes | 19 050 | Recettes les plus faibles | 5 795 |
Dépenses les plus élevées | 18 237 | Dépenses les plus basses | 2 223 |
Reste en caisse le plus élevé | 6 841 | Reste en caisse le plus faible | 400 |
Les registres sont généralement très laconiques. De temps à autre, les chiffres sont commentés. En 1882, par exemple, le procureur fait le lien entre l’augmentation du compte de réserve et la décision de bâtir la chapelle de Mariophile :
‘11 août : le Procureur a donné lecture des comptes pour l’année 1881 ; recette de 4 698, dépense de 9 183, déficit de 4 484. Le compte de réserve se monte à 26 803 $. Il a augmenté de 160 par rapport à 1880. On a décidé la construction d’une chapelle à Mariophile946.’L’origine des fonds n’est que rarement indiquée, à de rares exception près, comme ici :
‘1883 : 21 août : Lecture est donnée des comptes ; Recettes 4 787, Dépenses 7 802,Pour en savoir plus, il faut consulter les livres de comptes du Collège. Le montant et la nature des recettes et les dépenses y sont indiqués semestriellement. Les recettes peuvent être classées en quatre grandes catégories : tout d’abord, les allocations du séminaire de Paris et celles des associations de soutien aux missions (OPF, Œuvre de Saint-Pierre Apôtre), puis les dons, les legs et les messes, ensuite les ventes de produits agricoles, enfin les locations ou les ventes de terres ou d’immeubles de rapport. À cela, il faudrait ajouter les intérêts des placements financiers. Les dépenses, quant à elles, consistent essentiellement en frais de fonctionnement : « viatiques 948 » des pères, nourriture de la communauté, blanchissage, salaires des domestiques, fournitures, entretien des locaux, impôts. Le cas échéant, les acquisitions de biens fonciers et immobiliers, les travaux de construction viennent les compléter. En 1845, par exemple, les recettes consistent en l’allocation du séminaire de Paris, de 3 647 piastres ; divers dons et remboursements, transitant par la procure de Macao, dont un de 50 roupies dû à l’Amiral Cochrane949, la vente d’arecs950, de 7 000 cocos, de ramboutans et de noix cassées provenant des terrains de Tanjung Bungah (Mariophile), pour 150 piastres. La vente d’huile de cocos, de macis951 et de noix de muscade est également mentionnée. Les dépenses consistent en habits, souliers, blanchissage (45,62 piastres), frais de passage de missionnaires (45 piastres), l’achat d’une barque et d’une voile (14,64 piastres), une machine pour faire l’huile, des vases et des tonneaux (55 piastres), le nettoyage des arbres à cocos et le salaire des ouvriers agricoles (130 piastres), le transport des cocos, pour 9 piastres. Dans la marge, à côté de cette rubrique, le procureur a noté : « à rebrousse poil » ! En plus viennent des dépenses extraordinaires : la fourniture de bois et de briques, poutres, solives, de 16 fenêtres cintrées, 10 colonnes inférieures, un portique entouré de balustrades, des tuiles, des pierres de Malacca pour le pavement, des ferrures de portes et fenêtres. Enfin, une commande est passée de 59 lits, 12 bancs, 12 prie-Dieu. Ces dépenses sont destinées à la chapelle et au dortoir. Viennent en sus les salaires des charpentiers, des transporteurs, des peintres, le tout pour 1 108 piastres. 35 piastres supplémentaires sont affectées à la construction de 10 latrines en planches et d’une petite étable à cochons. On pourrait multiplier les exemples952. En 1858, parmi les dépenses, sont mentionnées : la cuisine « viande, poisson, légumes, poisson salé, huile, graisse, sel, poules, noix, cochons » pour un total de 535 piastres. Le vin, l’arac, le thé, le tabac coûtent 240 piastres (dont 156 pour le tabac) ; le médecin a reçu 91 piastres, les domestiques 331, les ouvriers 94. Le poste des vêtements (souliers, blanchisserie, fil et aiguilles, étoffes) représente 348 piastres. Les fournitures (papier et encre, peaux à relier, plumes, bois) se montent à 106 piastres, dont la moitié pour le bois. Il faut y ajouter les viatiques des directeurs (180 piastres), les impôts (54 piastres), les barques à riz, les charrettes, le courrier et 5 piastres d’aumônes. Le total des dépenses est de 3 901 piastres. Les recettes se montent à 9 258 piastres cette année là, dont les deux tiers proviennent des allocations et dons faits au Collège, et le dernier tiers des ventes de produits agricoles. Très vite, les frais généraux du Collège ont augmenté : « Cette année j’ai reçu en tout 1 019 piastres. Un monsieur Anglais m’a donné 50 piastres à distribuer aux écoliers. J’en ai dépensé 1 007. Ainsi 2 000 ne suffisent pas comme certaines lettres le portaient »,écrivait Michel Lolivier en décembre 1821. Or, ces charges pesaient entièrement sur le séminaire de Paris. Les allocations du Collège étaient alimentées par des legs, des dons provenant de bienfaiteurs, français ou locaux :
‘M. François Ferrâo, négociant catholique dans cette ville, m’a chargé d’envoyer à votre grandeur la somme de 240 piastres, qu’ildonne pour le collège de Siam, comme il a de coutume, et chargeoit tous les ans M. Rectenwald de cette commission953.’Mais à partir de 1822 (date de la création à Lyon, de l’Œuvre pour la Propagation de la Foi), le Collège général, établissement commun de la Société des Missions Étrangères, reçoit une allocation, prélevée sur le total de la dotation faite par l’Œuvre au séminaire de Paris. Les supérieurs de la Société décident de la proportion attribuée à chaque mission. Le Collège général est relativement bien loti, à ses débuts en tous cas, puisqu’il ne dispose pas de ressources propres suffisantes :
‘Sur l’allocation de 200 000 francs allouée à notre société par l’œuvre de la propagation de la foi, notre Collège de Penang reçoit la somme de 6 600 francs. L’entretien du séminaire de Paris étant aux frais de toutes les missions, chacune d’elle voit son allocation amputée de 3 000 francs, mais on ne touche pas à l’allocation faite au Collège général954. ’Cette lettre date de 1840. À titre de comparaison, signalons que l’OPF, cette même année, avait fait une recette totale de 2. 752. 715 f.955 Le traitement de faveur dont bénéficie le Collège s’explique par l’importance que sa renaissance revêt aux yeux des directeurs de Paris. Mais cela fait grincer des dents, car le budget de l’ensemble des missions était rogné pour l’entretien d’un séminaire qui ne profitait qu’à quelques-unes (le Sichuan, puis la Cochinchine) : le Collège, rappelons-le, ne fut véritablement « général » qu’à partir du milieu du XIXe siècle956. Les directeurs de Paris sont donc partagés entre la volonté de conserver un établissement de prestige, la difficulté de trouver un équilibre entre les besoins du séminaire de la rue du Bac, qui n’a aucune ressources propres, et ceux du séminaire de Penang, extrêmement dispendieux, et une répartition équitable des moyens et des charges entre les missions :
‘C’est bien de l’œuvre de Propagation de la foi que viennent les secours que vous recevez ; mais les Conseils de l’œuvre nous transmettent en bloc l’allocation qu’ils font à notre société et nous laissent le soin de faire à chacune des missions et à chacun des établissements la part qui convient suivant leurs besoins957.’L’équilibre est d’autant plus difficile à trouver que les allocations de la Propagation de la foi, qui dépendent entièrement des dons individuels, varient au gré des circonstances, comme ici, après la Révolution de 1848 :
‘Vous nous dites que pour vous maintenir sur le pied où vous êtes aujourd’hui, vous auriez besoin d’une allocation mensuelle d’environ 20 000 frs. Cette année, vue l’exiguïté de la somme qui nous a été attribuée par les Conseils de la Propagation de la foi, nous n’avons pu vous accorder que 16 000 f. et nous n’avons pas grand espoir de dépasser ce chiffre par la suite, si toutefois nous pouvons l’atteindre958.’Les dons en provenance de l’OPF fluctuent finalement assez peu. Certes, en 1870, les recettes globales passent de 5. 217.092 (francs) à 4. 198.867, en 1915, elles chutent à 2. 062. 214, et la dotation des Missions Étrangères s’en ressent. Mais dans l’ensemble, les allocations se maintiennent à un niveau élevé : elles ont même tendance à progresser959 : « Le Conseil prend note d’une lettre du Conseil de Paris qui annonce pour le Conseil une allocation supplémentaire de dix mille francs 960 . » Soudainement, entre les deux guerres, la contribution de l’OPF s’interrompt :
‘Il est d’autant plus opportun d’introduire ces réformes dans notre comptabilité et de prendre les moyens d’assurer sur place au Collège général les ressources indispensables, qu’une communication officielle de la Propagande vient de nous apprendre que désormais l’OPF ne fera plus rien pour les séminaires, petits et grands, encore moins pour notre Collège de Pinang. On nous renvoie à l’œuvre pontificale de Saint-Pierre Apôtre, qui, pour l’instant et à la suite du motu proprio de l’hiver dernier, est purement désorganisée. Pour elle, comme pour la propagation de la foi, tout est transporté à Rome. Nous allons voir ce que le Bureau central de Rome se prêtera à faire pour Pinang. Je viens de lui écrire une lettre officielle dans ce but961.’Il est fait allusion, dans cette correspondance entre l’adjoint du supérieur des MEP et le procureur de la Société à Rome, à un motu proprio. On pourrait penser à Romanorum Pontificium, de Pie XI. Dans son introduction, le texte précisait les compétences précises de l’OPF : envoyer des missionnaires, les répartir selon les besoins, aider moralement et financièrement les institutions sur place. Il décidait également que :
‘Les offrandes, même les plus minimes, reçues dans tous les pays et de tous les enfants de l’Église, quels qu’ils soient, devront être réunies en un fonds unique, destiné à aider les missions indistinctement ; et toutes ces sommes dont Nous-même et la S. Congrégation de la Propagande pourrons seuls disposer, seront réparties par des délégués que Nous choisiront Nous-mêmes, entre toutes les missions d’après les besoins de chacune962.’Or, ce décret du pape, qui revenait à retirer la direction de cette Œuvre aux conseils nationaux, date du 3 mai 1922, et le P. Robert, dans sa lettre d’avril 1930, parle « du motu proprio de l’hiver dernier ». Puisque c’est, en fait, l’Œuvre de Saint-Pierre Apôtre pour le clergé indigène, les deux motu proprio la réorganisant remontent, non à l’hiver, mais au printemps, précisément le 24 juin 1929 : ce sont « Decessor noster » et « Vix ad Summi » de Pie XI. Le premier en confie la direction à la Propaganda Fide, le second lui fixe un but unique :
‘L’Œuvre, par sa nature même, vient en aide à la S. Congrégation de la Propagande pour la formation du clergé indigène et pour la construction des grands et petits séminaires […] Elle doit s’ingénier à recueillir parmi les fidèles des ressources financières, des cotisations annuelles, des adoptions de séminaristes et des bourses d’études963. ’Fondée à Caen, en 1889, par les dames Bigard964, d’initiative laïque, l’Œuvre de Saint-Pierre Apôtre pour le clergé indigène avait été progressivement placée sous l’autorité de l’Église. En 1920, après de multiples tractations, la Sacrée Congrégation de la Propaganda Fide l’avait prise sous sa coupe, l’Œuvre portant désormais la dénomination : « Pontificale ». Le Cardinal van Rossum, Préfet de la Propaganda Fide, écrivait à ce sujet : « Le Saint-Père a fait connaître, ceci ne vous aura pas échappé, qu’il souhaite que l’attention soit aujourd’hui fixée sur les œuvres centrales, appelées pontificales, puisque le Saint-Siège les a prises sous sa protection 965. » Cette évolution s’inscrit directement dans le cadre de la centralisation romaine, commencée sous Léon XIII, et poursuivie par Benoît XV, avec l’Encyclique Maximum illud, de 1919, qui tenait à « renforcer le caractère supranational de la mission et l’indépendance de la papauté 966. » Or, les laïcs placés à la tête de l’OPF avaient acquis une indépendance et un pouvoir financier qui ne pouvaient manquer de porter ombrage au Saint-Siège967. En 1878, par exemple, l’OPF disposait d’un budget de 6. 804. 000 f, soit dix fois supérieur à celui de la Propaganda Fide 968. Aussi la politique du Saint-Siège visa-t-elle à modifier le rapport de forces en sa faveur, mais aussi à mettre un terme aux rivalités nationales qui s’étaient développées entre les diverses associations de soutien aux missions, parmi lesquelles la France jouissait d’une réelle prépondérance. Il fallait faire rentrer la fille aînée de l’Église dans le giron de Rome. Cela ne se fit pas sans tensions ni sans résistances. Mais en 1922, Pie XI, profitant du tricentenaire de la S. Congrégation de la Propagande et du centenaire de la fondation de l’OPF, fit opérer le transfert à Rome du siège des trois principales associations françaises (OPF969, Saint-Pierre Apôtre et Sainte enfance970). Pour le Collège de Penang, les conséquences furent immédiates. Il faudrait traiter désormais avec la direction centrale de l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre Apôtre, à Rome, pour le financement des études. L’entretien du Collège restant aux missionnaires, la seconde conséquence de ces transferts d’influences était donc l’obligation, pour le Collège, d’accroître plus que jamais ses ressources propres. À partir des années 1930, dans les budgets, l’OPF n’est plus mentionnée, l’Œuvre pontificale s’est imposée durablement :
‘La pension de Ly Paulus, si elle nous est payée en juillet prochain, sera inscrite à l’avoir de la mission du Yunnan. J’ai écrit à l’œuvre de St Pierre de vous réserver les Pensions des quatre nouveaux prêtres et celle de Ly Paulus ; quant à celle de Yang Simon, depuis longtemps déjà je fis la demande qu’elle lui soit conservée puisqu’il devait continuer ses études à Yunnanfu ; je ne doute pas que sa pension vous soit payée en juillet par l’œuvre, qui sait son transfert au Séminaire St Sulpice. Restent donc 5 bourses (ou plutôt 5 séries de P. ou B.) en septembre. Il serait bon d’adresser sans tarder les dossiers d’adoption ou plutôt de substitution. Je joins les enveloppes ad hoc dans lesquelles il faut mettre 2 lettres pour les futurs bienfaiteurs et 4 photographies, de plus les renseignements indiqués sur l’enveloppe sont à inscrire. Cinq des enveloppes portent mention de la substitution dans la marge gauche. Si vous voulez avoir certainement des pensions payées pour les autres séminaristes rentrant au grand séminaire, au versement de 1936, de semblables demandes devraient être adressées sans tarder pour eux pour leur adoption971.’Ces mêmes années furent celles de l’approbation du nouveau règlement du Collège par la Propaganda Fide : « Le Conseil prend note de l’approbation définitive du règlement du Collège par la Sacrée Congrégation de la Propagande en date du 14 juin 1932 et des modifications qu’Elle y a apportées 972 . » La centralisation romaine battait son plein. Le règlement de 1874 avait fixé à 12 par mission le quota d’élèves qui seraient entièrement entretenus par le Collège général, sur son budget propre (le double en cas de persécutions), cela sans entraîner la diminution de la dotation des missions concernées, conformément à un usage anciennement établi :
‘Non seulement l’esprit de nos règles ne veut pas qu’on diminue l’allocation des missions qui ont des écoliers à Pinang pour ce motif, la lettre même des règles, chap. 12, art. 14, prescrit que les dépenses du Collège général seront prises sur les fonds communs, sur la masse commune. Et même pour engager (selon le désir de nos fondateurs) les missions à envoyer des écoliers, l’article suivant veut qu’on rembourse aux vicaires apostoliques ce qu’ils débourseront pour le voyage des élèves973 ’En réalité, de nombreux vicaires apostoliques se plaignaient d’avoir à supporter des frais supplémentaires que l’éducation des séminaristes sur place leur épargnerait. De ce fait, l’utilité d’un Collège général était régulièrement contestée. Quant aux directeurs du Collège, ils s’estimaient affaiblis par cette limitation à 12 élèves par missions974. Les frais généraux de fonctionnement d’un établissement comme le Collège général n’augmentent pas proportionnellement au nombre d’élèves. Il faut trouver, en quelque sorte, la bonne vitesse de croisière et inciter les missions à envoyer davantage d’élèves, quitte à ce que, surnuméraires, ils soient pris en charge par la fondation de bourses d’études et de pensions :
‘Je vous envoie, par ce courrier du 12 octobre, 956 frs. Cette somme contient le reste des versements de la loterie et des pensions pour des élèves surnuméraires à Pinang […] Ces pensions sont de 200 frs. Voyez si elles sont suffisantes, sinon, réclamez. Les personnes qui fournissent des subsides désireraient que les élèves qui en jouissent leur écrivissent une petite lettre une fois par an. Je ne sais si vous verrez de l’inconvénient à cela. Peut-être serait-ce un moyen de faire connaître enfin le collège et d’intéresser en sa faveur. Bien entendu que les lettres envoyées doivent être revues par vous […] Ces deux pensions nous sont venues par le moyen de Melle Delarue, toujours si dévouée aux missions […]975 .’Grâce aux associations de soutien aux missions, de généreux donateurs deviennent les protecteurs d’un séminariste, dont ils financent les études. Certains font des prêts, parfois considérables, que le Collège s’engage à rembourser : « On a décidé d’accepter une somme de 12 000 F qui nous est offerte de France, à la charge de verser annuellement au donateur de cette somme une rente viagère de 10% 976 . » Mais la plupart du temps ils font des dons gracieux. Les missionnaires ont soin d’exprimer leur gratitude. La bibliothèque du Collège, pour faire connaître ces Œuvres aux élèves, et contribuer, en retour, à leurs activités, fait l’acquisition des Annales : « 23 août : le Conseil décide de profiter de l’occasion qui est offerte pour faire l’achat de la collection des Annales de la propagation de la foi et de la Sainte enfance 977 . » Des messes sont célébrées à la mémoire des donateurs et pour leurs familles, qui sont inscrits à l’obituaire du Collège :
‘Le Conseil prend note d’une lettre de M. Delpech Sup. du séminaire de Paris, nous annonçant la fondation d’une bourse nouvelle par Melle Delarue. À l’occasion de la mort de cette généreuse bienfaitrice, il est décidé que la messe solennelle célébrée dans l’octave des morts pour les Directeurs défunts les autres confrères morts au Collège et qq. Bienfaiteurs insignes sera aussi pour les fondateurs de bourse défunts et pour Mgr Boucho, ancien vic. apost. de la presqu’île de Malacca978.’Ou encore, les élèves sont incités à écrire à leurs protecteurs :
‘Il est hors de doute que personne n’a plus d’intérêt à la conservation et à la prospérité de l’Association de la Propagation de la Foi que les élèves du Collège de Pinang ; car sans les ressources qu’elle nous a fournies ces dernières années, il nous aurait été impossible de soutenir cet établissement. Vous faites donc bien de les engager à écrire à cette pieuse association979.’Lorsqu’ils sont en congé en France, les missionnaires prennent leur bâton de pèlerin et partent à la recherche de nouvelles bourses d’études pour leurs élèves :
‘7 décembre 1891 : M. le supérieur annonce aux confrères qu’il a recueilli durant son séjour en Europe 10 bourses complètes et 5 autres partielles donnant ensemble 21 900 frs. On se demande à ce sujet si au lieu de laisser la bourse au prix nominal de 400 $, il ne serait pas bon de mettre exactement le nombre de piastres que les 2000 f. représentent actuellement ou même s’il ne vaudrait pas mieux employer pendant quelque temps les intérêts de ces bourses à augmenter le capital, attendu que les intérêts de 400 $ sont loin actuellement de suffire à l’entretien régulier d’un élève, et de revenir plus tard sur la question980.’Sait-on qui étaient ces donateurs ? Certains noms sont connus, Melle Delarue, Mme Durand, Mme la Baronne Didelot, bienfaitrice de l’élève Paul Kinh981. Ce sont des femmes catholiques, laïques pieuses, croyant en l’importance de l’évangélisation, espérant, comme Melle Marie Roger, que ce geste leur vaudrait la protection du ciel :
‘J’ai reçu un chèque de mille francs. C’est m’écrit-on, un second versement pour la fondation d’une bourse à votre séminaire de Pinang. Cette bonne demoiselle remet aujourd’hui cette fondation entre les mains de la Ste Vierge pour en être disposé selon sa volonté et en obtenir une maternelle protection tant sur elle-même que sur Melle Marie Roger qui n’est pas étrangère à la fondation982.’Ou bien, elles s’apprêtent, comme Melle d’Ogny, à entrer au couvent et distribuent leurs biens :
‘J’ai reçu une belle petite somme de 900 f. pour faire faire à un élève son grand séminaire. Veuillez donc choisir un élève entrant en Philosophie et attribuez-lui la somme susdite. La pieuse bienfaitrice s’appelle Mademoiselle Marie d’Ogny. Je lui ai promis en votre nom que son protégé lui écrirait aussitôt qu’il aurait été désigné par vous pour la remercier ; une fois tous les ans au moins tant qu’il resterait au Collège de Pinang ; plus tard, au moins une fois quand il serait arrivé à la prêtrise […] il est de votre intérêt de désigner tout de suite l’élève et de lui faire écrire une lettre de remerciement à sa bienfaitrice. Voici pourquoi. J’ai profité de l’occasion pour écrire moi-même à Mademoiselle d’Ogny lui expliquant en quelque sorte l’occasion de la fondation et le but du Collège de Pinang ; à la fin je me suis permis d’ajouter que si elle avait pu ajouter à ces 900 f. encore 1100 f. elle aurait fondé à Pinang une bourse perpétuelle ; que si elle connaissait d’autres personnes s’intéressant comme elle à la formation du clergé indigène, elle voulût bien ne pas oublier le Collège de Pinang. Or, comme elle avait manifesté expressément le désir, presque la condition, que son protégé lui écrivît, en recevant cette lettre il est possible qu’elle soit si contente et si satisfaite qu’elle envoie de quoi compléter la somme, soit d’autres bourses […] Hier mercredi, pendant que nous étions en promenade, Monsieur d’Ogny (je suppose que c’est le père de la demoiselle) est venu au séminaire et m’a fait demander. C’était pour compléter la somme de 2000 Frs !!! J’ai pu enfin rencontrer Monsieur d’Ogny, le père de la demoiselle qui a versé pour un élève la somme de 900 frs. Voici l’histoire : Mademoiselle d’Ogny, sa fille ainée ayant reconnu que sa vocation était de se faire religieuse, a distribué avant de prendre le voile quantité d’aumônes. Ces 900 frs en étaient. Elle entre dans l’ordre des Dames de Marie Réparatrice (Maduré)983.’Les missionnaires leur expliquent ce qu’est le Collège général, les convainquent éventuellement de faire une fondation perpétuelle. Les bénéficiaires s’engagent en échange, à écrire chaque année à leur protectrice. Mais il arrive que les missionnaires s’acquittent eux-mêmes de cette tâche, lorsque les anciens élèves du Collège ne peuvent le faire à cause de circonstances défavorables :
‘Chère Madame et bienfaitrice de la B.298. Le premier bénéficiaire de la bourse 143 que vous avez fondée, le Père Thadée Yang, de la mission du Thibet, a eu une année terrible en 1936, à la suite du passage des communistes à travers sa mission. Il a dû se réfugier dans la mission voisine de Chengtu. Enfin il a pu revenir dans sa mission, où les ruines ont été accumulées par les communistes. Voici ce que Mgr Valentin son évêque m’écrivait de lui le 22 mai dernier : Le P. Thadée a hérité d’un des districts les plus turbulents et les plus ravagés par les Rouges. Il passe une année terrible au milieu d’une population diminuée de la grande moitié qui meurt de faim et s’entr’égorge. Chez lui, les affamés, au désespoir, sont revenus au cannibalisme. Il se pratique couramment dans toute la région. Malgré cela ce jeune prêtre tient bon ; il mène son monde avec fermeté et intelligence. Il a instruit et baptisé une soixantaine d’adultes. Cet apport bouchera en partie les pertes du district984.’D’autres ressources complètent les allocations et les bourses d’études. Dans de très rares cas, des élèves fortunés peuvent être mis à contribution :
‘On me remet une liste de quelques livres chinois, que quelques-uns de nos élèves me prient de leur faire acheter à Hong Kong. Je vous envoie cette liste ; ici, je me rembourserai sur l’argent de ces élèves. Un autre élève, qui est riche, me prie de lui acheter le dictionnaire anglais-chinois (horloo ou saoutchou) et chinois-anglais imprimé à Hong-Kong. Veuillez, s’il vous plait, remplir encore cette commission985.’Très couramment, en revanche, il y a des fondations de messes. Là encore, c’est un moyen pour venir indirectement en aide aux missions. Le tarif varie selon le type de messe, avec ou sans « intention », en l’honneur de Sainte Anne, de la Vierge, etc. :
‘Bien cher et vénéré M. Laigre. Par la dernière malle je vous ai envoyé 31 messes c’est-à-dire une pour chacun des jours du mois de décembre. Aujourd’hui je vous en envoie une vrai kyrielle.Cette pratique n’est pas propre aux missions, elle existait aussi dans les paroisses françaises987. Dans certains cas, les donateurs offrent une fondation de messes perpétuelle, ce qui revient à allouer une rente au Collège :
‘Je viens de recevoir et d’accepter pour le Collège de Pinang une fondation de cinq cents francs à la charge pour vous de dire (non de chanter) 12 messes par an. Je me suis dit que 500 f. font au moins 100 piastres par les temps qui courent et que 100 piastres donnent 12 piastres d’intérêt […] il faudra mettre cette fondation sur un cahier à part et bien en règle, ne pas mêler avec autre chose ; placer cet argent sur un bien tout à fait sûr et solide ; Comme ce placement sera exposé plus d’une fois à subir des intermittences, vous pourrez, pour que le Collège qui a la charge de la fondation ne perde rien, fixer l’honoraire de la messe à ½ piastre ? C’est ce qui se pratique ici au séminaire988. ’Il y a plus surprenant. La fondation de messes peut devenir une monnaie d’échange, pour financer l’acquisition d’objets de culte :
‘Ce n’est pas tout ; il y a en outre ici à votre disposition, moyennant deux messes à perpétuité (non chantées) un magnifique ostensoir qui, étant neuf, a dû coûter entre 600 et 700 frs. Pour en avoir une idée, prenez le catalogue de la Société catholique que vous a apporté M. Henriot et allez à la page 45, n° 408. Voilà à peu près le modèle de l’ostensoir dont je vous parle. Seulement les rayons ne sont point aussi éparpillés, le pied non plus n’est pas aussi surchargé et les deux anges ne s’y trouvent pas, mais l’ange du milieu s’y trouve ce qui ne rend pas l’ostensoir plus commode à tenir. Si vous l’acceptez, je vous le ferai peut-être redorer […]989.’Pour conclure, examinons brièvement la question du « viatique » alloué aux directeurs. Le Collège se charge d’une partie de leur entretien et la société verse une somme qui couvre leurs frais annuels :
‘Voici quel serait notre vœux à tous. La maison ne fournirait plus aux Directeurs du Collège leur entretien personnel en habillement c’est à dire que tout vêtement soit de nuit soit de jour, de la chaussure à la coiffure inclusivement, serait à la charge désormais de chacun des confrères du Collège. Cette donnée générale est assez claire par elle-même. Cependant comme il y a quelqu’éléments qui pourraient peut-être donner lieu plus tard à quelques doutes, nous pensons qu’il est mieux d’en dire un mot : Ainsi linge et petits objets de toilette, savon, peignes, brosses, cirage, parapluies, flanelles, fournitures de bureau seraient également à la charge de chacun. À côté, les directeurs seraient encore comme par le passé logés, nourris, blanchis, éclairés, soignés, payés de leurs correspondances par le Collège. Quand à la somme à fixer, nous pensons qu’il serait bien difficile de fixer une somme inférieure à quarante piastres pour chaque Directeur chaque année. Ce serait croyons-nous plutôt un minimum qu’un médium. Toutefois nous rappelant que missionnaires, le strict nécessaire doit nous suffire et comptant d’ailleurs sur le soin plus particulier que chacun prendrait certainement de son petit butin, nous pensons que quarante piastres avec ordre et économie suffiraient990.’Dans les correspondances, comme dans les comptes, la distinction n’est pas toujours très claire, entre le total des allocations et les viatiques individuels. Le terme de viatique semble parfois utilisé pour désigner la dotation globale du Collège : « La seconde lettre envoyée par le Conseil de Paris en date du 17 avril, et reçue le 13 juin, annonce à MM. les Directeurs que le viatique du Collège ne sera pour cette année que de seize mille francs 991 . » Notons que cette somme a tendance à augmenter à partir de 1850. Elle se monte à 20 000 f. en 1851 : « Monsieur et cher confrère, Vous recevrez par cette malle nos comptes du Collège pour 1850, qui vous sont envoyés par notre conseil. Vous remarquerez que j’ai fait porter dans le viatique toute la somme de 20 000 f. sans faire mention de tous nos petits comptes qui ordinairement embrouillaient les choses 992. » Bien entendu, les Pères se plaignent ! En mai 1854, ils écrivaient à Paris : « 1 er mai, le Conseil a rédigé en outre une lettre pour exposer au Conseil de Paris que le viatique de 1854, déjà épuisé en partie en 1853, était épuisé, et que nous nous trouvions dans la nécessité d’emprunter pour subvenir aux dépenses du Collège. » En juillet 1857, le viatique passe à 30 000 f993. Mais il arrive qu’on leur fasse le reproche de dilapider leurs revenus : « Ce n’est pas avec un viatique de 100 piastres qu’on peut boire l’eau de vie et le vin à discrétion 994 . »Dans ce cas, le montant indiqué semble bien correspondre à une somme par personne, et non collective. L’appréciation de l’importance de ces salaires est d’autant plus ardue qu’ils sont exprimés en trois monnaies différentes, dont la valeur a forcément fluctué en cent cinquante ans. À titre de comparaison, le salaire d’un curé de paroisse concordataire, en 1802, allait de cinq cents à mille francs. Un ouvrier qualifié parisien touchait alors environ 1 200 f. La loi de 1847 attribua entre 800 et 1 100 f. aux desservants, les vicaires étant plus mal lotis : leurs émoluments plafonnaient à 400 f. en 1870, ce qui était inférieur au salaire d’un facteur rural. Le casuel, souvent très maigre dans les petites paroisses rurales, plus important dans les grandes paroisses urbaines, complétait leurs revenus995. La rétribution des missionnaires de Penang s’inscrit dans ces modestes proportions. Il y avait sept ou huit directeurs permanents à Penang en 1857, alors que le viatique se montait à 30 000 f. Chaque missionnaire disposait donc d’environ 350 f. par mois, soit un peu moins que le salaire d’un simple vicaire en France. Sans doute la comparaison entre la France et Penang n’est-elle pas pertinente, mais rappelons tout de même que les missionnaires se sont toujours plaints de la cherté de la vie sur l’île. Assurément, on vivait assez chichement au Collège général.
« Les établissements communs de la Société sont : le séminaire de Paris, le Collège général, les maisons de correspondance et tous les autres établissements fondés et entretenus aux frais généraux de la Société. Ils sont placés sous l’autorité et la direction du séminaire de Paris ; c’est lui qui en nomme les supérieurs et les directeurs, en approuve les règlements particuliers, fixe leurs allocations et contrôle leurs comptes », Règlement, 1874, op. cit., chap. 11, « Des établissements communs », articles 192 & 194, p. 74.
Règles concernant les Supérieurs et Directeurs du Collège général de Pulo-Pinang (1847), op. cit.
Comptes de 1849 à 1918 : « Registre des Procès-verbaux du conseil du séminaire » - CG054.
N’étant nullement spécialiste des questions monétaires, nous ne faisons que donner ici quelques repères de seconde main. Le terme de piastre a été utilisé en Nouvelle France jusqu’en 1760. Cette monnaie était fondée sur la livre française (proche alors de l’anglaise). Les britanniques la conservèrent et l’on utilise encore parfois ce mot au Québec, comme synonyme de dollar. Le mot piastre fut de nouveau utilisé à partir de 1885 en Indochine et jusqu’en 1952. Il désignait une monnaie d’argent divisée en 100 cents. Au début du XIXe siècle, en Asie du sud-est, cohabitaient diverses monnaies de bronze et d’argent, métal qui s’imposa. Le dollar espagnol (ou real) en argent, venant d’Amérique du sud et de Mexico, gagna l’Asie par le canal du marché londonien. Mais il existait des monnaies locales, dont le dollar de Penang. Le développement du commerce rendait indispensable l’harmonisation des monnaies en circulation. Mais la croissance galopante des échanges entraîna une grave pénurie de minerai d’argent, qui risquait de ralentir l’économie, faute de monnaie. En 1837, dans les Straits Settlements, alors rattachés à l’Inde, la roupie fut mise en circulation, concurrençant le dollar espagnol. En 1845, une monnaie propre aux Straits fut créée, équivalente en valeur au dollar espagnol (1 dollar valant 100 cents). Séparés administrativement de l’Inde en 1867, les Straits conservèrent cette monnaie. En 1898, les premiers billets de banque en dollar apparaissent. Sous Victoria, en 1899, le gouvernement des Straits fut autorisé à battre monnaie. Comme de nombreux autres pays d’Asie du sud-est, afin de stabiliser et de renforcer leurs monnaies, les Straits Settlements adoptèrent le « gold exchange standard » (1904), donnant naissance au Straits dollar. Seule la France conserva l’étalon-argent, en Indochine. En 1951, le Straits dollar fut remplacé par le Malayan dollar. Cf. Pierre van der Eng, « Coinage and currency in southeast Asia », in Southeast Asia : a Historical Encyclopedia, Santa Barbara, 2004.
DB 460 – 5, Messieurs Langlois et Barondel à M. Lolivier, missionnaire apostolique, supérieur du Collège des missions à Pinang , Paris, le 8 mars 1832.
Dans une lettre adressée au P. Ouillon, le 11 janvier 1940, on peut lire : « Faire parvenir au Collège un chèque de 6 000 Straits $, soit deux mois de vie pour la communauté », DB 460-4. En 1940, 36 000 Straits $ permettaient donc de faire vivre la communauté (qui comptait environ 150 personnes) pendant un an…
Op. cit. Comptes de 1849 à 1918 : « Registre des Procès-verbaux du Conseil du séminaire » - CG054.
Idem.
De viaticum, argent pour le voyage d’un religieux.
Thomas Cochrane, 1775-1860, 10e Comte de Dundonald, s’est illustré en luttant contre l’Empire napoléonien, puis devint célèbre pour avoir soutenu les Grecs contre les Turcs en 1826. En 1846, il est en Indonésie et s’empare, au nom de la couronne britannique, d’un îlot qui commandait toute la baie de Bruni (capitale de Sarawak), dont il fit un bastion sur la route de Singapour à Hong-Kong. Ce faisant, il affaiblissait la Hollande, bien implantée jusqu’ici dans la région et ouvrait la voie à la colonisation anglaise. En 1854, il participa à la guerre de Crimée. Nous ne savons pas dans quelles circonstances il connut le Collège de Penang.
La noix d’arec est le fruit d’un grand palmier d’Asie équatoriale.
Aromate tiré du tégument de la noix de muscade.
Pendant l’occupation japonaise, les directeurs furent sommés de produire un état des finances du Collège, qui a été conservé : Document de présentation du Collège aux autorités japonaises en 1942 (16 may 2603), Carton 3, CG007 :
« Approximate annual income & expenditure :
Expenditure :
Upkeep & general expenses 3 000 $
Boarding of staff & students 8 000 $
Clothing 1 000 $
Dispensary 200 $
Stationery 150 $
12 350 $
Income :
Coconut plantation Pulau Tikus 200 $
Tg Tokong 400 $
House & Grount rents 6 000 $
Deficit 5 750 $
12 350 $ »
M. Lolivier à Mgr Garnault, Penang, 12 août 1809, BG 1401 (E-6).
V. 171, Lettre commune, Signée Langlois, Dubois, Albrand, etc. 1840 (première lettre commune lithographiée).
Cf. Mgr Delecroix et coll. Histoire universelle des missions catholiques, t. 3, p. 279. Guide des missions catholiques, publié sous le haut patronage de la Sacrée Congrégation de la Propagande, OPF, Paris, 1937 (sur les recettes de l’OPF, p. 77-78).
« Le Collège de Penang est pour nous depuis assez longtemps l’objet d’une attention toute spéciale. Il y a actuellement 117 élèves appartenant en grande majorité à la mission de Cochinchine. Les dépenses de cet établissement ont été fort considérables ces années dernières. M. Libois, sur notre autorisation, lui a fourni de fortes sommes en 1844 et 1845 pour suppléer à l’insuffisance de ses allocations et nous-mêmes nous avons dû, pour tirer nos confrères de l’état de gêne où ils se sont trouvés, leur faire des avances qui nous ont mis fort peu à notre aise. Nous avions pensé que ces divers envois ne rétabliraient pas seulement l’équilibre entre les dépenses et les recettes, mais encore qu’il y aurait du côté de celles-ci un excédent qui nous permettrait de rentrer cette année dans une partie de nos déboursés. Il parait que nous nous serons trompés car on nous écrit que des augmentations fort considérables allaient être faites au dit Collège, de sorte que les Comptes rendus de 1845 pourraient bien encore accuser quelque nouveau déficit. Cependant il faut que nous nous dédommagions de nos avances et point d’autre moyen que de prendre sur les fonds alloués cette année à notre Société par la Propagation de la foi. Cela sans doute les diminuera considérablement, mais il nous est impossible de supporter seuls les frais d’un établissement ruineux, tandis que nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes. D’un autre côté, il nous semble qu’il n’est point de bonne justice de faire contribuer toutes les missions à l’entretien d’un séminaire qui n’a, à proprement parler, d’utilité que pour deux d’entre elles et ne paraît devoir jamais mériter le titre de collège général qu’on lui a faussement décerné », DB 460– 5, M. Legrégeois aux directeurs du Collège de Pinang, Paris, 17 avril 1849
DB 460-5, M. Armbruster à M. Wallays, 12 octobre 1885.
Vol. 171, Lettres communes, p. 176, février 1846.
« De plus, on a communiqué au Conseil une lettre dans laquelle Messieurs les Directeurs du séminaire de Paris témoignent que la révolution française leur inspire des craintes assez fondées pour le revenu ordinaire des missions, qu’il est douteux qu’ils puissent faire une allocation au Collège pour l’année 1850 et qu’il paraît certain qu’au moins elle sera très faible », Procès-verbaux, 26 juin 1849.
« Nous sommes menacés d’une forte diminution des allocations de l’Œuvre de la Propagation de la Foi. C’est un grand malheur car nos besoins augmentent. Il était d’usage que les catéchumènes de la mission de Pinang vinssent au Collège tous les mercredis pour se faire instruire par nos élèves. Œuvre excellente en elle-même. Mais aujourd’hui, ces catéchumènes sont au nombre de 40 à 50 et le Collège ce jour là doit les nourrir. Vous pouvez facilement concevoir que c’est une dépense considérable à faire et qui est en dehors des buts du Collège », DB 460 – 5, M. Chamaison aux Directeurs du Collège de Pinang, Paris le 18 juin 1848.
Entre 1823 et 1923, l’OPF a collecté 498.649.767 francs. Le décollage des recettes se situe en 1835-1838. Cf. Claude Prudhomme, « Entre idéal et réalité », actes du colloque Finances et religion, publications de l’Institut d’études du Massif central, n° V, Université de Clermont-Ferrand, op. cit.
Procès-verbaux, 12 février 1855. Cette même année, les recettes de l’OPF atteignirent 3. 778. 180 f.
DB 460-9, P. Robert au P. Michotte, 10 avril 1930. Le P. Michotte était procureur de la Société à Rome. Le Père Léon Robert (1866-1956), après avoir été procureur à Shangaï puis à Hong Kong, avait été élu premier assistant du supérieur général des MEP. En 1930, il fut réélu et succéda à Mgr de Guébriant en 1935. Il démissionna en 1945.
Guide des missions catholiques, publié sous le haut patronage de la Sacrée Congrégation de la Propagande, OPF, Paris, 1937 (p. 78).
Idem, p. 90.
Stéphanie Bigard-Cottin (1834-1878) et sa fille Jeanne-Alexandrine (1859-1934). Stéphanie Bigard était en relation épistolaire avec le P. Villion, missionnaire des MEP à Kyoto. Ce fut le début de l’Œuvre. Aimé Villion (1843-1932).
F. Marchetti, secrétaire du card. Préfet Guillaume van Rossum, à Mgr de Guébriant et aux Vicaires apostoliques, Rome, 5 décembre 1924, SCPF, objet : Pinang.
Claude Prudhomme, « Entre idéal et réalité », op. cit., p. 387.
Cf. J.C. Baumont, « Une association de laïcs catholiques : la congrégation de Lyon, 1817-1840 », Mélanges A. Latreille, Lyon, 1972.
Idem, p. 369.
« L’Œuvre de la Propagation de la foi est « centralisée » à Rome en 1922, c’est-à-dire placée sous l’autorité directe de la Curie et de la congrégation Propaganda fide. Lyon perd ainsi sa place privilégiée dans le dispositif missionnaire catholique et cesse d’être un point de passage obligé pour une bonne partie des financements destinés à l’Asie. Un recul symétrique s’observe en matière de presse missionnaire. L’audience des Annales et des Missions Catholiques stagne, puis se réduit au profit de nouvelles publications lancées par les congrégations missionnaires », in Claude Prudhomme, Lyon et les missions catholiques en Asie orientale à l’époque contemporaine, Cahiers d’histoire, t. XL, 1995, n° 3-4.
L’Œuvre de la Sainte Enfance a été créée par Mgr Charles-Auguste de Forbin-Janson, évêque de Nancy en 1843. C’était la plus importante collectrice de fonds après l’OPF.
DB 460-3, P. Delvaux, Penang, 28 avril 1935.
Autre exemple : « Ordre de S. Pierre apôtre : indiquer si les séminaristes sont déjà adoptés par l’œuvre (n° de bourse ou pension, conseil national, adoptant). Ou si du moins une demande a été faite… Il sera bon de présenter au Conseil Général de l’œuvre à Rome six mois avant l’entrée au Grand séminaire, une demande d’adoption, en indiquant qu’il sera l’année suivante au Grand séminaire à Penang. On évite ainsi de perdre une annuité de pension », CG 007-3, Admission des séminaristes au Collège général, janvier 1960.
Procès-verbaux, 19 août 1932.
Vol. 527, Sutchuen, Mgr de Maxula (Pérocheau) à Messieurs les Directeurs du séminaire de Pinang, 4 septembre 1844.
DB 460 – 5, lettre adressée à M. Delpech, Pinang, le 3 mai 1873 : « Bien cher Père Delpech. J’aurais pour mon compte beaucoup désiré qu’on attendît encore quelques années avant d’exiger la stricte observation de l’article du règlement qui réduit à 12 le chiffre des élèves que peuvent conserver sans payer les missions non persécutées […] 1° Dans deux ou trois ans d’ici, c’est à dire lorsque nous aurons fait toutes les dépenses nécessaires pour que le Collège soit propre, les réparations dans les bâtiments étant faites, pour nourrir et entretenir au Collège sept directeurs et vingt élèves, il faut compter vingt mille francs. Au dessus de vingt élèves jusqu’à 120 ou même 130, il suffit d’ajouter 200 f. de plus par tête. Au dessus de 130, 200 f. ne suffiraient plus parce qu’il faudrait faire des lits, des table, des bancs, etc. 2° Première conclusion : pour 70 élèves, 30 000 f. ; pour 120 élèves, 40 000 f […] Plus sera petit le nombre de nos élèves, plus forte proportionnellement paraîtra l’allocation qui devra être allouée au Collège. Les deux missions de Birmanie n’ont au total actuellement que sept élèves. La Cochinchine occidentale n’en a que trois ; la Malaisie deux seulement ; total pour quatre missions réunies, 12 élèves. Le bruit court que le Tong King méridional va cesser de nous envoyer de nouveaux élèves. Supposant que les quatre autres missions aient toujours en moyenne chacune 10 élèves, total 40, avec les 12 ci-dessus, total de nos élèves : 52. Si l’on divise 52 par 8 nous aurons 6 élèves ½ par classe ; mais comme on ne peut supposer que toutes les classes soient égales, les unes pourront être de trois ou quatre, les autres de 9 ou 10 […] Ceci étant, je doute fort que l’on trouve des missionnaires qui veuillent rester au collège pour enseigner des classes si peu nombreuses. Vous nous parlerez sans doute de l’enseignement mutuel, de faire enseigner les élèves par des élèves ? Hélas ! Ce mode est tout à fait condamné par tous ceux qui l’ont expérimenté. Je crains donc que l’observation stricte de l’article 16 ne compromette très gravement l’existence du Collège. »
La situation a perduré, comme le montre cette lettre de 1920 : « D’après le règlement, les missions n’ont droit qu’à 12 élèves et pour les autres, ils devront payer pension. Je suis convaincu que cette clause diminuera le nombre de nos séminaristes […] », vol. 340, n° 55, M. Pagès, 16 septembre.
DB 460 – 5, M. Delpech à Messieurs les directeurs du séminaire de Pinang, Paris, 5 octobre 1861.
Idem, 28 février 1883.
Procès-verbaux, 1877.
Procès-verbaux, 21 août 1888. Autre exemple : « Les 12, 13 et 14 août 1873, messe chantée sans diacre ni sous diacre à l’intention des bienfaiteurs morts de la Propagation de la foi »
DB 460 – 5, Paris, M. Langlois à M. Albrand, 7 février 1833.
Procès-verbaux.
DB 460-2, 4 novembre 1932.
DB 460-6, le P. Fleury au P. Wallays, Paris, 15 avril 1893.
DB 460-5, M. Chibaudel à M. Laigre, Paris, 17 février 1881.
CG 3271, P. Rouhan à Mme Durand, Penang, 1938.
DB 460-7, Lettre du P. Laigre au P. Lemonnier, Pinang, 12 septembre 1874.
DB 460-5, M. Chibaudel au Sup. Laigre, Paris, 31 janvier 1881.
« Dans le diocèse de Viviers, en 1850, on demande 1 f. pour une messe basse ordinaire, dite manuelle, car elle se règle de la main à la main ; 1,25 f. pour une messe « de bassin » ou de fondation ; 1,50 f. pour une messe chantée », in Pierre Piérard, Le prêtre français, Paris, Desclée, 1986, p. 373.
DB 460-5, M. Chibaudel à M. Laigre, Paris, 27 octobre 1881.
Voici d’autres exemples : « Monsieur le supérieur, Vous recevrez de Bruges, Belgique, un mandat poste de 100 francs. Veuillez je vous prie envoyer cette somme au R.P. Wallays pour qu’il dise tous les vendredis une messe aux intentions de ma famille vivante et défunte. Il nous connaît bien, étant de ce pays […] », Au Sup. des Missions Étrangères, Bruges, 8 avril 1893, DB 460-6.
Procès-verbaux, 18 octobre 1892: « Le Conseil, amené à considérer s’il n’y aurait pas lieu d’établir une fondation de messes pour le repos des âmes de MM. Martin et Laigre, anciens supérieurs du Collège, et qui ont laissé chacun une somme de mille piastres au Collège, a été d’avis qu’il serait plus expédient de dire un certain nombre de messes une fois pour toutes que de faire célébrer chaque année une ou deux messes. En conséquence, le Conseil a décidé que l’on ferait dire de suite cent messes pour M. Martin et autant pour M. Laigre. Le Conseil a ensuite levé sa séance. »
DB 460-5, M. Chibaudel à M. Laigre, Paris, 27 octobre 1881. L’affaire eut une suite :
Procès-verbaux, 26 février 1887 : « Trouvant trop onéreux pour le Collège la fondation à perpétuité de deux messes basses annuelles pour un ostensoir de vermeil estimé de 500 à 700 f. que nous avions reçu en 1886, le Conseil décide de faire des démarches auprès des donateurs pour obtenir des conditions plus favorables et surtout le retrait de la classe à perpétuité […] »
« Lettre du Conseil de Paris au séminaire de Penang », in Procès-verbaux, 22 avril 1869.
Procès-verbaux, 18 juin 1849.
Vol. 340 A (1) lettre n° 6, à M. Charrier, 2 février 1851.
7 septembre 1857 : « Le Conseil note qu’une lettre reçue au mois de juillet monte le viatique du séminaire général au chiffre de trente mille francs. » En 1952, le procès-verbal du 9 octobre indique : « Montant du viatique annuel fixé par l’économe général de Paris, le P. Vircondelet ; 300 $ de Malaisie. »
DB 460 – 5, M. Barondel à M. Albrand, Paris, 13 octobre 1837.
« Lorsque nous parlons de notre traitement, qui n’est pas gros, on nous oppose le casuel ! Quand nous parlons du casuel, qui n’est pas riche, ils nous opposent le traitement ! », Abbé Lemire, 1899, cité par Marcel Launay, Le bon prêtre, le clergé rural au XIX e siècle, Paris, Aubier, 1986.