c. Apprentissage du sacerdoce (1830-1836)

Après des études au collège épiscopal de Senaide, Jean-Claude Miche entre au grand séminaire de Foucharupt1638. Il est ordonné à St Dié, le 5 juin 1830. Cette date mérite un bref commentaire ; la même année, deux mille trois cent cinquante-sept nouveaux prêtres ont été ordonnés en France. C’est alors un record absolu, fruit de l’effort de redressement de l’Eglise depuis la Restauration. Non seulement les places vacantes peuvent être comblées dans les paroisses, mais on crée de nouvelles succursales, en particulier dans les campagnes. On a fait observer que l’origine populaire des prêtres compensait – aux yeux de leurs paroissiens les plus modestes –, les effets de la longue formation dispensée en latin dans les grands séminaires, destinée à former des hommes à part, au dessus du commun des mortels. D’extraction modeste, le futur explorateur de la région du Mékong était fort opportunément habitué à une vie rude. Peut-être ses racines rurales expliquent-elle également l’intérêt qu’il porta, lors de ses voyages, à l’acclimatation des plantes ? Jean-Claude Miche devient vicaire à Moyenmoutier, paroisse dont son frère Joseph-Victor était le curé. Deux ans plus tard, en 1832, il est nommé vicaire à Fraize, fonction qu’il occupe jusqu’à son entrée au séminaire des Missions étrangères, le 10 septembre 1835. Comme il est déjà prêtre, il ne reçoit qu’une rapide formation : théologie morale1639, notions de géographie, la pastorale consistant en témoignages et en recommandations de missionnaires retraités ou de passage à Paris. L’étude de la langue du pays imparti au nouveau missionnaire commence pendant la traversée qui, jusqu’à l’ouverture du canal de Suez en 1869, dure environ six mois. Enfin, chaque « partant » reçoit, en guise de viatique, un exemplaire des Monita de Pallu et Lambert de la Motte1640. Jean-Claude Miche s’embarque pour la Cochinchine le 27 février 1836, à l’âge de trente et un ans1641.  Conformément à la tradition des Missions étrangères, il n’a appris son affectation que quelques jours plus tôt, lors de la cérémonie du départ, dans l’élégante et sévère chapelle de la rue du Bac.

Notes
1638.

On ne peut que déplorer, à ce propos, la disparition, lors d’un incendie, des archives diocésaines, qui nous auraient sans doute procuré d’utiles renseignements sur les études de Jean-Claude Miche au grand séminaire.

1639.

Aux M.E.P., on penche, contrairement à Saint-Sulpice - parangon des séminaires français -, pour la théologie plus « romaine » d’Alphonse de Liguori, dont la première traduction française date de 1828.

1640.

Instructiones ad munera apostolica, ou Monita, règle des missionnaires, ouvrage rédigé à partir de 1664, (première impression en 1669) par les fondateurs de la Société des M.E.P., Pierre Lambert de la Motte, (1624-1679) et François Pallu, (1626-1684).

1641.

Vietnam : Tonkin (nord), Annam (centre) et Cochinchine (sud).