2.2.3. Les chartes

Les chartes, considérées dans un sens assez large comme l'ensemble des actes officiels promulgués par des seigneurs, ne figurent pas, contrairement aux sources sérielles, au cœur du corpus documentaire constitué dans le cadre de cette étude. Toutefois, certaines d'entre elles présentent un intérêt réel pour la compréhension du système seigneurial, des rapports de pouvoir ou de la perception de l'espace par les contemporains.

  1. Les chartes laïques En raison de leur diversité, la principale difficulté concernant les actes des seigneurs laïques résidait dans l'identification des chartes potentiellement intéressantes, problème contourné par le dépouillement systématique des inventaires sommaires des archives départementales et des regestes dauphinois et genevois. Parallèlement, un travail d'étude a été mené sur les chartes déjà publiées dans des ouvrages généraux ou spécialisés. On peut par exemple citer la charte de franchises accordée par Guichard de Beaujeu aux habitants de Montluel en 1276PERCEVAUX (P.), Histoire de Montluel, p. 31 à 45., leur attribuant notamment l'entretien des murs de la ville, qui permet de mieux comprendre des lettres d'Amédée VI, écrites en 1357, relatives aux fortifications de celle-ci.GUIGUE (M-C.) et VALENTIN-SMITH (M-M.), Bibliotheca Dumbensis, t. 2, CLXXXII, p. 251. Certains de ces documents sont extrêmement précieux : une charte du XIVe siècle nous apporte ainsi la seule description de la maison-forte de la Tivolière, dans le mandement de Moras.ADI B2655, Moras, 1ère pièce (1334). Un acte inédit, issu d'archives privées, concernant la cession du château bressan de Crangeat en 1477, a pu être étudié. Bien qu'il soit relativement tardif, il a paru intéressant de l'éditerAnnexe 9., car il donnait une description d'un château seigneurial de la région ne relevant pas directement d'une autorité princière, tout en témoignant des pratiques juridiques de la fin du XVe siècle.
  2. Les chartes ecclésiastiques Les établissements religieux, en particulier les monastères, sont de grands producteurs de chartes, qui présentent l'avantage pour un grand nombre d'entre elles d'avoir été regroupées dans des cartulaires, souvent édités au XIXe siècle. On peut les diviser en deux grands groupes : les cartulaires des monastères de la région (Notre-Dame-de-Bonnevaux, Saint-André-le-Bas, Saint-Chaffre) et ceux des grands ordres religieux possédant des établissements dans la région : Cluny, Saint-Philibert-de-Tournus, les Templiers. Ces chartes sont, pour la plupart, des actes de vente ou de donation impliquant lesdits établissements monastiques. Elles nous informent sur la valeur des terres, l'occupation des sols, mais surtout la géographie seigneuriale. Ces chartes, comme les sources administratives, doivent être considérées avec précaution, car elles sont rassemblées pour faire valoir les droits des établissements en question, ce qui peut impliquer certaines lacunes volontaires.