2.2.4. Les documents figuratifs

Parmi les documents utilisés, les documents figuratifs médiévaux, modernes, voire contemporains, représentent une source d'informations extrêmement importante. Ils permettent en effet d'identifier des éléments disparus tout en étant caractéristiques de la représentation de l'espace par les contemporains.

  1. Cartes et plans anciens Pour la région qui nous intéresse, il existe de nombreux plans remontant au XVIe siècle, en particulier les cartes du Dauphiné réalisées par Jean de Beins. Ce type de document ne nous renseigne que sur l'existence et la localisation des principaux centres de peuplement, ainsi que sur la perception du cadre géographique (mention de montagnes, de lacs et de cours d'eau). La représentation du relief est très sommaire et pose donc de nombreux problèmes d'interprétation, en particulier dans les secteurs de haute montagne étudiés ici (vallées de l'Arve et du Guil). Cette difficulté est atténuée à partir du XVIIIe siècle et de l'amélioration des techniques cartographiques. La carte de Cassini, achevée au milieu du XVIIIe siècle, donne ainsi de précieuses informations sur l'implantation des hameaux, des moulins, des ponts ou encore l'emprise des forêts et des vignes, de même que sur la nature des centres d'habitat (fermes isolées, villages, villes, etc.) et des édifices religieux. Toutefois, en milieu montagneux, elle souffre encore de distorsions entre les distances reportées et la réalité du terrain ; on ne peut donc se fier avec une quasi-certitude qu'à la position relative des chorèmes les uns par rapport aux autres, ce qui représente déjà une source majeure d'informations. L'espace savoyard présente la particularité d'avoir été cadastré dès les années 1730, dans le cadre d'une refonte du système fiscal. La mappe sarde, instrument et résultat de ce travail, nous fournit des informations du même ordre que celles de la carte de Cassini, mais beaucoup plus précises et plus fiables. En outre, comme il s'agit d'un document cadastral, les édifices privés et publics y sont reportés, d'où un intérêt considérable. Du côté dauphinois, il faut attendre le XIXe siècle et l'établissement du cadastre napoléonien pour arriver à ce degré de précision. Son intérêt, bien que certain, est moindre que celui de la mappe sarde pour ce qui est de la localisation d'édifices anciens, en raison des destructions survenues à partir de 1789. Ces deux documents ont été remplacés dans les années 1950 par la nouvelle édition du cadastre, qui peut notamment servir à faire le lien entre les cartes topographiques et ces cadastres anciens. Le statut particulier de Château-Queyras, qui était encore un site militaire lors de la seconde guerre mondiale, fait qu'on dispose, pour ce site, d'une série de plans exacts dressés depuis les réfections ordonnées par Vauban au début du XVIIIe siècle.
  2. Les documents iconographiques Pour l'étude des châteaux médiévaux dauphinois et savoyards, en particulier celle de leur organisation interne et de leur place dans le paysage médiéval, on peut s'appuyer sur quelques documents iconographiques. On trouve ainsi quelques représentations intéressantes de châteaux dans les fresques de l'abbaye d'AbondanceCommune de Haute-Savoie, dans le Chablais. (XVe siècle) ou dans des comptes de châtellenies. Plus tardives (XVIIe siècle), mais plus nombreuses, sont les représentations des principales villes savoyardes insérées dans le Theatrum Sabaudiae, ouvrage à la gloire du duché de Savoie et de ses souverains. L'illustration de l'article sur Sallanches permet ainsi de localiser les édifices fortifiés de la ville.WEIGEL (A.), Le Theatrum Sabaudiae, p. 153.