3.2. La prospection systématique des sites castraux

Pour les quatre sites étudiés, outre les prospections sommaires, une méthodologie spécifique a été mise en œuvre, reposant sur le quadrillage systématique des sites castraux et de leurs alentours immédiats. Les plans anciens disponibles (cadastre napoléonien pour Moras et Montluel, mappe sarde pour Sallanches et plans des XVIe-XVIIe siècles pour Château-Queyras) ont servi de point de départ, toutes les structures reportées sur ces derniers ayant été vérifiées in situ. De même, toutes les informations mentionnées dans les comptes de châtellenies et les procès-verbaux de visites de châteaux ont fait l'objet de vérifications systématiques sur le terrain : contrôle de la viabilité des hypothèses émises, recherche de structures éventuelles, de mobilier archéologique, examen des alentours immédiats à la recherche d'autres éléments intéressants.

La première étape de ce travail a été la recherche du tracé des enceintes des châteaux et des bourgs, dans le but de définir l'emprise globale du site castral. Un soin particulier a été attaché à la recherche d'indices topographiques susceptibles de révéler la présence de voie, de fossés ou de talus, ainsi, naturellement, qu'au repérage des éléments encore en élévation. Ce type de prospection a commencé à se développer sur les châteaux normands, à l'instigation d'Anne-Marie Flambard-Héricher, avec une approche centrée sur l'analyse microtopographique des ensembles castraux.104 Dans les quatre cas abordés, ce travail a pu être mené à bien, malgré quelques incertitudes liées aux bouleversements récents de la topographie des lieux.

La deuxième étape a consisté en un repérage, dans l'espace ainsi délimité, de tous les éléments en élévfation ou fossoyés pouvant correspondre à des structures internes au château. Toutes ces structures ont fait l'objet d'un positionnement au GPS, de relevés en plan ou de photographies, redressées par la suite sur Gimp 2.6.7. La troisième étape, de loin la plus longue, a été la comparaison des données ainsi rassemblées avec celles issues du dépouillement des sources écrites. Ce recoupement a permis de compléter les plans dressés au cours de la phase précédente, d'identifier la majeure partie des structures relevées et, inversement, de recenser les édifices du château restant non localisés.

Le résultat et l'ampleur des différentes phases de prospection ont considérablement varié selon les sites. A Moras, le peu de vestiges en élévation a poussé à s'intéresser principalement à la topographie du site, pour retrouver le tracé des remparts et les délimitations internes du château. A Montluel, les prospections ont porté surtout sur les zones non directement concernées par la fouille de sauvetage de 1980105, c'est-à-dire les alentours de la motte et la basse-cour. A Sallanches, le logis du château, toujours en élévation, a fait l'objet d'une étude sommaire de ses élévations, par photogrammétrie, le reste du site d'une prospection systématique. Enfin, dans la forteresse de Château-Queyras, outre des prospections sur la partie accessible des flancs de la colline, la plus grande partie du travail a consisté en l'identification des éléments médiévaux conservés après les transformations des XVIIIe et XIXe siècles, d'après l'analyse régressive des plans anciens et celle d'une partie des élévations.

Notes
104.

Notamment les thèses en cours de Bruno Lepeuple sur Les châteaux du Vexin du X em e au milieu du XII eme siècle et de Thomas Guérin sur La place du château dans les systèmes de défenses urbains en Normandie orientale aux XIV eme et XV eme siècles.

105.

REYNAUD (J.-F.), Montluel : sauvetage de la motte et étude d'ensemble du site