1.2.4. Le bilan comptable

Les comptes de châtellenies s'achèvent systématiquement par le solde des recettes et des dépenses. Celui-ci peut être réduit à sa plus simple expression – mention du montant dû au prince ou par ce dernier – comme dans le compte de 1337 concernant le Queyras.

‘Et sic restat dictus castellanus debens domino : LXVII libras XVI solidos obolum grossorum.153

A Sallanches, le bilan du compte de 1430 est plus complexe ; au solde de l'exercice succède en effet la mention des sommes perçues en échange des autres denrées vendues par le châtelain et celle du solde définitif. Celui-ci, négatif, fait l'objet d'un règlement ultérieur de la part du châtelain :

‘Et sic finaliter debet IIIIC XLIII florenos VI et XVIIII unius denarii grossi turonensis. De quibus respondet in computo sequenti in arragium ante summam totius recepte. Et sic hic eque.154

En Savoie, il est fréquent que les ventes soient ainsi ajoutées après le calcul du solde de l'exercice, montrant que l'administration fait une différence, pour employer des termes actuels, entre rapport d'activité et bilan comptable. Un solde négatif est ainsi accepté, pour peu que le châtelain finisse par combler le manque à gagner. On peut enfin noter, pratique rendue possible par le système des rouleaux de parchemin, qu'un passage supplémentaire, consacré à des recettes initialement omises, a été ajouté au compte de 1430.

A travers cette présentation de la structure et du contenu des comptes de châtellenies transparaissent déjà des points communs et des différences entre les systèmes dauphinois et savoyard. Elle peut donc servir de point de départ pour comprendre la nature et l'organisation du système administratif des deux principautés et esquisser un premier portrait de celles-ci pendant la période étudiée.

Notes
153.

ADI 8B620, Queyras (1336-1337).

154.

ADS SA14243, Sallanches (1429-1430).