2.2.2. Les moyens de contrôle et de correction

Si la reddition du compte suit dans les deux principautés un déroulement similaire, il n'en est pas de même en ce qui concerne le contrôle et l'éventuelle correction du compte en question. Le seul point commun est le fait que les auditeurs ressortent, lors de la venue du châtelain, le compte de l'exercice précédent, ce qui facilite le suivi des dossiers de longue haleine et permet de comparer l'activité du châtelain d'une période à l'autre. Les rubriques ayant fait l'objet d'une mention uide lors de l'exercice précédent sont systématiquement vérifiées.

En Savoie, les auditeurs disposent en outre des extentes, censiers récapitulant l'ensemble des droits dont jouit le prince dans la châtellenie en question.174 Elles leur permettent de vérifier que les sommes versées par les fermiers et autres vassaux correspondent aux attentes et donc de demander au châtelain de produire les pièces justifiant toute différence. Comme on a pu le voir plus haut, cette demande est faite également aux châtelains delphinaux ; il est toutefois rare de retrouver des documents annexes dans les registres delphinaux, alors qu'on trouve de nombreux documents cousus à la fin des rouleaux savoyards, surtout dans ceux du XVe siècle. Parfois, les auditeurs demandent un complément d'informations, le plus souvent pour vérifier le montant et le motif des sommes versées par les châtelains. Les auditeurs cherchent évidemment à limiter les risques de malversations et ainsi à préserver le trésor princier. C'est la marque d'une réflexion approfondie sur l'organisation de l'Etat et la gestion de ses finances, que l'on retrouve aussi dans d'autres principautés. Bertrand Schnerb cite ainsi l'exemple de plusieurs enquêtes ouvertes entre 1387 et 1396 par la chambre des comptes de Dijon, en raison de soupçons, d'ailleurs confirmés, concernant la destination de certains fonds alloués aux receveurs et trésoriers ducaux. Dans l'un de ces cas, le personnel de la Chambre parvient même à démontrer que les justificatifs fournis par le trésorier incriminé sont des faux. 175

Notes
174.

Voir CARRIER (N.) et MOUTHON (F.), "Les "extentes" de la principauté savoyarde (fin XIIIe – fin XVe siècle) : étude d'une source et de ses apports à la connaissance des structures agraires dans les Alpes du Nord", dans BRUNEL (G.), GUYOTJEANNIN (O.) et MORICEAU (J.-M.) (dir.), Terriers et plans terriers, p. 217 à 242.

175.

SCHNERB (B.), "L'activité de la Chambre des comptes de Dijon entre 1386 et 1404", p. 60-62.