Le Secrétariat de la S.I. et l’Etat fédéral

Cette interpénétration des milieux intellectuels et fédéraux au Cosmos Club se retrouve à d’autres niveaux : les fonctions exercées par le secrétaire de la Smithsonian Institution suggèrent par exemple la même imbrication. En 1940, Alexander Wetmore, qui est alors sous-secrétaire à la S.I., est nommé secrétaire général du huitième congrès scientifique américain qui se tient sous l’égide du Département d’Etat. En février 1948, alors qu’il est désormais secrétaire de la S.I., Wetmore est nommé par le président, Harry Truman, à la tête de la commission interministérielle sur la recherche et le développement (Interdepartmental Committee on Research and Developpment), dont le but est de coordonner la recherche scientifique au niveau national83.

Dans le même esprit, à la fin des années 1960, le secrétaire de la S.I., Dillon Ripley, est impliqué dans l’organisation de la célébration du bicentenaire des Etats-Unis par l’Etat fédéral au sein de la Commission sur le Bicentenaire de la Révolution Américaine (American Revolution Bicentennial Commission). Il est intéressant de noter que Ripley y siège à plus d’un titre : en tant que secrétaire de la Smithsonian Institution il est membre de droit de la commission, mais il y siège également en tant que président du conseil fédéral des arts et des humanités(Federal Council on the Arts and Humanities), qu’il préside en 1966-1967 puis en 1973-1974. Parmi les autres membres de droit, on trouve non seulement les principaux membres du cabinet présidentiel 84 mais également, aux côtés du secrétaire de la Smithsonian Institution, l’Archiviste des Etats-Unis, le président du National Council for the Arts and Humanities et le Librarian of Congress 85.

Si quelque chose a changé entre les fonctions qui incombent à Alexander Wetmore au lendemain de la guerre et celles de Dillon Ripley dans les années 1960, c’est le relatif déclin de la mission scientifique de la Smithsonian Institution auprès de l’Etat, alors que les Musées Nationaux sont désormais son aspect le plus visible – c’est en effet à ce titre que l’on envisage la contribution de la S.I. aux festivités nationales pour le Bicentenaire. Le rôle de la Smithsonian Institution évolue donc vers de nouvelles formes de collaboration au sein de l’Etat : à travers la Commission sur le Bicentenaire de la Révolution Américaine, on voit se dessiner les contours d’un système institutionnel chargé de la représentation culturelle de la nation.

Notes
83.

Paul Oehser, transcription du 3e entretien avec Pamela Henson, 5 mars 1975, S.I.A., record unit 9507, pp. 87-88 et « In Memoriam : Alexander Wetmore », Paul Oehser, http://elibrary.unm.edu/sora/Auk/v097n03/p0608-p0615.pdf , p. 4.

84.

Notons que dans cette liste, la Smithsonian est représentée par son secrétaire (Secretary), dont le titre est identique à celui des secrétaires à la tête des différents ministères. Malgré la différence institutionnelle entre la S.I. et ces derniers, l’équivalence symbolique des titres est importante.

85.

American-Revolution-Bicentennial-Administration, The Bicentennial of the United States of America : a Final Report to the People, vol. 2 (Washington: U.S. Government Printing Office, 1977), « ARBC membership » pp. 10-12.