Partie 1 : Modes de vie et modes de ville, le rapport des citadins à l’espace urbain

Les sociétés contemporaines sont entrées depuis plusieurs décennies dans une « civilisation des grandes métropoles » (Mumford, 1961:658). Si le pessimisme de cet auteur quant à l’évolution des villes supporterait aujourd’hui quelques nuances que les dernières décennies permettent d’évaluer, vivre en ville reste assujetti à de nombreux maux (pour rester dans la sémantique de ce même auteur) dont l’étude et la compréhension ne cessent d’animer les spécialistes du monde entier. La ségrégation urbaine fait partie de ces tendances, inscrites dans le temps [Fourcaut, 1996] mais évoluant sans cesse dans ses proportions et ses formes. La perspective la plus fréquemment adoptée par les spécialistes pour l’aborder relève des localisations résidentielles. La place centrale et socialement ambiguë de la mobilité quotidienne dans les métropoles contemporaines suggère un renouvellement des approches. La description de la relation entre ségrégation urbaine et mobilité quotidienne sera au cœur du premier chapitre de cette partie.

Pour rendre compte de la variabilité des contextes urbains à travers le monde, quatre métropoles ont été considérées avec comme objectif de faire parler les contrastes qu’elles font émerger et les points communs autour desquels elles se rejoignent. Notre positionnement vis-à-vis de la comparaison et la méthodologie de ce travail de thèse, articulée autour des enquêtes-ménages transport, seront au cœur du second chapitre.