1. Urbanisation et métropolisation

Pour évoquer les reconfigurations fonctionnelles et/ou morphologiques des grandes villes contemporaines, il est fréquent de voir employer le terme de métropolisation ([Ascher, 1995], [Leresche & alii, 1995], [Lacour & Puissant, 1999], [Dureau & alii, 2000], [Cervero, 1998], etc.). Celui-ci renvoie alors à « un ensemble de processus qui transforme la ville en métropole » (Derycke, 1999:2). Ne considérons pas cependant la métropolisation comme une phase de transition entre deux états stables et bien délimités. Elle recouvre plutôt une série de processus concomitants : « l’étalement spatial, les spécialisations fonctionnelles, le creusement des inégalités socio-territoriales, la différenciation croissante des espaces-temps des citadins, l’élargissement de leur espace de vie quotidienne et l’intensification des mobilités géographiques intra-urbaines » (Dubresson, 2000:13). Si les termes de métropoles et de métropolisation sont utilisés surtout en Europe, ils recouvrent des réalités communes à la plupart des villes du monde. Ces termes font assez directement référence à l’insertion et la dépendance croissantes des villes aux réseaux mondiaux (économiques, culturels, informationnels ou encore de solidarité). L’étalement spatial et les inégalités socio-territoriales représentent à nos yeux les tendances les plus fortes, leurs conséquences sociales seront largement développées dans la suite de cette thèse.

Pour rentrer dans le détail des reconfigurations spatiales des métropoles contemporaines, il est nécessaire d’aborder successivement les situations des villes occidentales et des villes dites du Sud (Amérique Latine, Afrique, Asie). « L’explosion urbaine ne prend pas les mêmes aspects à travers le monde et elle ravive, semble-t-il, le clivage entre pays industrialisés et tiers-monde » (Roncayolo, 1997:218). L’étalement spatial résulte ainsi plutôt d’une concentration au Sud (arrivée des populations dans les zones centrales, augmentation des densités et débordement) et d’une déconcentration au Nord (recherche des moindres densités) [Dureau & alii, 2000]. Nous aborderons enfin l’opposition ville/campagne et sa remise en cause par les reconfigurations spatiales contemporaines, au Nord comme au Sud.