C. Au Nord, Lyon en France et Montréal au Canada

1. Lyon et son agglomération

L’aire urbaine de Lyon comptait selon le recensement réalisé en 1999 près de 1,68 millions d’habitants. Quant à la population de la seule commune de Lyon, elle était de 445 000 habitants16. Existant depuis au moins vingt siècles, la ville a connu des périodes de grande apogée politique, religieuse et commerciale. Sa localisation stratégique dans la vallée du Rhône a joué un rôle important dans son développement au fil de l’histoire.

  • Le contexte géographique

Vis-à-vis du Niger, du Mexique et évidemment du Canada, la France est un pays de taille relativement modeste, elle couvre une superficie de 675 000 km² (dont 550 000 km² pour le territoire métropolitain). A l’ouest de l’Europe, elle possède des débouchés maritimes sur l’Océan Atlantique, la mer Méditerranée, la Mer du Nord et la Manche. Elle a également des frontières communes avec plusieurs pays : l’Espagne, Andorre, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, et Monaco. Les reliefs et les paysages sont variés, puisque de grandes plaines côtières recouvrent l’Ouest et le Nord de la France tandis que s’élèvent les Vosges, le Jura et les Alpes à l’Est, les Pyrénées au Sud et le Massif Central dans le centre sud du Pays. Le Mont Blanc, sommet de l’Europe à 4810 mètres, se situe proche des frontières italiennes et suisses. Il est visible par beau temps depuis Lyon.

Par sa latitude et l’air chaud apporté par le gulf stream, le climat français est globalement tempéré. Plusieurs variations peuvent être observées, avec une tendance océanique à l’Ouest, continentale à l’Est et méditerranéenne au Sud-Est. Le climat lyonnais est semi-continental avec des étés chauds et des hivers rigoureux.

Lyon est située à la confluence du Rhône et de la Saône. Sur la rive droite de la Saône s’étendent en particulier le Vieux Lyon, la colline de Fourvière (où la ville romaine s’est initialement installée) et le quartier de Vaise. La zone située entre la Saône et le Rhône est appelée la Presqu’île. Dans sa partie Nord s’élèvent les pentes de la Croix Rousse puis le Plateau du même nom. Une grande partie de la ville (dont le quartier de la Part Dieu) et Villeurbanne s’étendent sur la rive gauche du Rhône. Les reliefs sont nombreux et marquants, au travers de plusieurs collines dont la Croix-Rousse et Fourvière, mais une partie importante des communes de Lyon et de Villeurbanne est relativement plate. La périphérie Ouest est accidentée, avec les Monts d’Or et les Monts du Lyonnais, on y trouve des populations aisées à la recherche d’un cadre de vie à l’interface entre ville et campagne. Toute la partie Est de l’agglomération est plate, elle s’étend assez loin dans cette direction sur les territoires de plusieurs communes.

Carte 5 : La France
Carte 5 : La France

Source : Emmanuel RAVALET selon World Atlas

  • Histoire de la France et de Lyon

La France tire son nom des Francs, un peuple germanique qui participa à partir du IIIe siècle aux Grandes Invasions. Une grande partie du territoire actuel de la France fut réunie sous Clovis au VIe siècle, avant de s’étendre avec Charlemagne puis se réduire avant la fin du Xe siècle. Hugues Capet, élu roi des Francs en 987, modifie les règles de succession (de père en fils). Règneront à sa suite les dynasties des Capétiens, des Valois et des Bourbons, ce jusqu’en 1789, date de la Révolution Française. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » datent de cet évènement fondateur de la France contemporaine. Après un retour éphémère de la monarchie entre 1830 et 1848 (la Monarchie de Juillet) et les deux Empires (sous Napoléon 1er et Napoléon III), la République Française devient pérenne en 1875, c’est déjà la Troisième République. Cette période est marquée par l’extension de l’empire colonial et la victoire de la Première Guerre Mondiale. Après la Seconde Guerre Mondiale, la quatrième République est promulguée en 1946. La décolonisation se fera difficilement à partir de cette période. C’est en 1958 que la Cinquième République est instaurée. Le paysage politique et constitutionnel s’est stabilisé depuis cette période.

La ville de Lyon date de l’antiquité, elle s’appelait Lugdunum. Une présence humaine antérieure a cependant été attestée par diverses fouilles archéologiques. Sa fondation est attribuée selon la mythologie aux deux celtes Momoros et Atepomaros. Lug-dunum signifierait la colline de Lug (dieu suprême des celtes) ou selon d’autres hypothèses la colline aux corbeaux (présage de la présence de Lug) ou la colline éclairée… Plus probablement fondée après la Guerre des Gaules par les Romains victorieux, Lugdunum devient capitale des Gaules (romaines) dès 27 avant J.C.. La ville connaît alors un essor important. Au déclin de l’empire romain (au milieu du Ve siècle), Lugdunum est prise par les Burgondes qui en font immédiatement une de leur capitale, avec Vienne et Genève. La ville est vite marquée par l’empreinte du christianisme, l’histoire de Sainte Blandine et de Saint Irénée marquent cette période. La ville passe ensuite sous domination franque, puis musulmane, avant de repasser dans les mains franques à l’occasion des campagnes de Pépin le Bref. Dans les périodes suivantes, Lugdunum devient Lyon, et le rayonnement de la ville doit beaucoup à la religion catholique. Deux conciles s’y tiennent, et deux papes y sont couronnés. Elle profite parallèlement de son positionnement géographique et devient un haut-lieu du commerce, en particulier grâce à la proximité de l’Italie. C’est à partir du XVIe siècle que le travail de la soie se développe et devient une spécialité de la ville de Lyon. L’architecture des immeubles témoigne de l’essor de cette activité, avec de nombreux appartements aux plafonds hauts (il fallait 4 mètres sous plafond pour le métier à tisser).

Jean-Antoine Morand trace dans le courant du XVIIIe siècle les plans (en damier) du développement de la ville sur la rive gauche du Rhône. Après la Révolution Française, Lyon profite directement de la révolution industrielle grâce à son expérience du travail de la soie et développe son industrie textile. L’architecture des immeubles lyonnais est alors propice à une ségrégation verticale décrite par Y. Grafmeyer [1991]. Les classes favorisées habitent le bas des immeubles tandis que les plus défavorisés logent dans les « chambres de bonnes » dans les étages les plus élevés. Au XIXe siècle, c’est un grand centre industriel, bientôt relié à Saint-Etienne par une des premières lignes de chemin de fer de la planète. Le cadre bâti lyonnais connaît à cette période d’immenses transformations. Plusieurs percées sont réalisées au cœur même de la Presqu’île et le Parc de la Tête d’Or est aménagé. La ville continue son développement après les troubles qui marquent le début de la IIIe république. Le Docteur Gailleton, maire de 1881 à 1900, participe de ce mouvement en dynamisant la rénovation de plusieurs quartiers et en installant le tramway. Edouard Herriot sera ensuite un maire emblématique de la ville de 1905 à 1957. Un grand nombre de projets urbanistiques et architecturaux voient le jour sous ses mandats, avec le travail entre autres de Tony Garnier. Après la Seconde Guerre Mondiale, de grands ensembles d’habitation sont construits en périphérie comme dans les autres villes françaises pour répondre à la forte demande de logements. Sous le mandat de Louis Pradel, la période est propice à la voiture particulière, un axe autoroutier est construit au cœur même de la ville-centre, sur la Presqu’île. Parallèlement, le quartier de la Part-Dieu s’élève autour d’une gare (du même nom) et devient le centre des affaires de la métropole. Le métro est inauguré en 1978. Les styles architecturaux datant de la Renaissance ont été conservés dans le Vieux-Lyon, mais également dans certaines zones de la Presqu’île et des Pentes de la Croix-Rousse. Une partie importante de la ville a été classée au Patrimoine Mondial par l’UNESCO.

  • La population

La France compte aujourd’hui plus de 63 millions d’habitants17 (ce chiffre s’élevait à 59.4 millions en 199518). La population était particulièrement importante déjà à l’époque romaine et le territoire français concentrait près de 28 millions d’habitant à la fin du XVIIIe siècle [Dupaquier, 1993]. C’était à cette époque le troisième pays le plus peuplé de la planète. Mis à part pendant les périodes de guerres, la population n’a pas cessé de croître, de plus en plus lentement avec la baisse de la natalité. L’immigration joue depuis plusieurs décennies un rôle

Carte 6 : L’agglomération lyonnaise en 88 grandes zones
Carte 6 : L’agglomération lyonnaise en 88 grandes zones

Source : Emmanuel RAVALET

important dans cette croissance, avec des vagues successives en provenance d’Europe, du Maghreb ou d’Afrique Noire. L’urbanisation s’est déroulée en parallèle de l’industrialisation, à partir du XIXe siècle. Aujourd’hui, la population française vit majoritairement en milieu urbain (le taux d’urbanisation dépassait 75 % en 2000), mais il est difficile cependant de tracer des limites entre ville et campagne, tant l’étalement urbain s’est développé.

La France est un pays laïc depuis le début du XXe siècle. La tradition catholique reste tout de même assez fortement ancrée chez les Français (plus de la moitié des Français se déclarent catholiques19). Les musulmans, les juifs et les protestants sont minoritaires. Dans le même temps, la proportion de personnes athées (sans croyance religieuse) va croissante.

  • Le contexte économique français et lyonnais

La France est une grande puissance économique mondiale. Son P.I.B. était de 1 290 milliards d’euros en 2000, soient 22 030 euros par habitant. Bien positionnée au sein de l’Europe de l’Ouest, la France a tiré grand profit de la construction européenne. Le secteur agricole y est dynamique, en particulier grâce à la production céréalière et vinicole. La France est également une grande puissance industrielle et commerciale, avec un secteur tertiaire prépondérant. Le tourisme joue un rôle d’importance dans l’économie du pays.

Longtemps articulée autour de l’industrie textile (et du travail de la soie), Lyon possède aujourd’hui une économie diversifiée : tous les secteurs d’activités sont présents dans l’agglomération. Certains méritent cependant par leur ampleur d’être évoqués. Il s’agit par exemple du secteur chimique, qui s’est développé dans un premier temps pour subvenir aux besoins de l’industrie textile. La Vallée de la Chimie correspond à un corridor où sont regroupées les industries du secteur. L’aménagement du quartier de la Part-Dieu, articulé autour de sa gare, a permis au secteur tertiaire de se développer en tirant profit de la localisation géographique stratégique de la ville, dans la vallée du Rhône et en point d’entrée vers l’Italie et la Suisse. En 2005, cinq pôles de compétitivité sont reconnus au sein de l’agglomération lyonnaise, à savoir la biologie, la chimie, les camions et les bus, le secteur informatique et les textiles techniques. Ils représentent les axes spécifiques de l’économie lyonnaise (dans lesquels elle possède déjà une certaine compétitivité) et autour desquels elle cherche à se renforcer.

  • L’organisation administrative

La Cinquième République, toujours en vigueur aujourd’hui, est un régime semi-présidentiel, dans lequel les pouvoirs législatifs et exécutifs sont séparés, mais disposent l’un sur l’autre de moyens de pression. En ce qui concerne la métropole lyonnaise, le pouvoir politique est dans les mains de la Communauté Urbaine de Lyon, autrement appelé Le Grand Lyon. A la fin de l’année 1966, une loi est votée pour créer ce type de regroupement communal, les décisions d’aménagement urbain méritant d’être pensées et prises à une échelle plus large que celle de la commune. Rapidement, la communauté urbaine est mise en place et se voit dotée de compétences relatives aux services au quotidien (voirie, distribution de l’eau, collecte des ordures, déplacements), aux décisions d’urbanisme et d’aménagement ainsi qu’aux thématiques de l’économie, du foncier et de l’immobilier20. Elle est administrée par un conseil de communauté, présidé en général par le maire de Lyon et composé d’élus de chaque commune, au prorata de leur population avec au moins un siège par commune. Les décisions de transports sont prises au sein d’une structure spécifique, le SYndicat mixte des Transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise (le SYTRAL), qui est l’autorité organisatrice. Le SYTRAL est composé de 26 membres élus (16 en provenance de la Communauté Urbaine et 10 du Conseil Général du Rhône) qui fixent les grandes orientations en matière d’investissements, de politique tarifaire et d’offre de transport 21 . Le financement vient majoritairement de la communauté urbaine (à plus de 80 %).

  • Les transports à Lyon

Lyon fait partie des grandes agglomérations occidentales qui ont connu ce que M. Wiel appelle la transition urbaine [1999]. La voiture particulière et son développement important ont permis de faciliter les mobilités quotidiennes et d’accroître les vitesses moyennes des déplacements. Le maillage du réseau routier et autoroutier est aujourd’hui très serré dans l’agglomération. L’usage de la voiture particulière est certes généralisé dans les zones périphériques mais les fortes densités des centres urbains permettent le développement d’alternatives à la voiture particulière. C’est le cas des transports collectifs, qui disposent d’infrastructures d’envergure. Celles-ci se sont assez largement développées à partir des années 70, au cours desquelles le versement transport a été instauré. Le réseau des transports collectifs lyonnais est composé aujourd’hui de quatre lignes de métro (dont une est automatique), de deux funiculaires (pour monter sur la colline de Fourvière), de deux lignes de tramways (qui n’existaient pas en 1996, au moment de l’enquête), de 97 lignes de bus et de 7 lignes de trolleys-bus (ces chiffres ont également augmenté depuis 1996)22. Des services de transport scolaire sont également offerts.

Le SYTRAL, autorité organisatrice des transports, délègue l’exploitation du Réseau des Transports en commun Lyonnais (T.C.L.) à une entreprise privée, Kéolis Lyon (filiale de Kéolis). Cette délégation est sujette à un appel d’offre renouvelé tous les 6 ans. « Le contrat s'articule autour d'un prix forfaitaire annuel indexé versé au délégataire et d'un engagement annuel sur les recettes, assorti d'un intéressement si les recettes réelles sont supérieures aux montants contractuellement fixés. Le contrat garantit au SYTRAL a minima les montants des recettes contractuellement définies. » 23. Pour faire front à l’augmentation incessante de l’usage de la voiture particulière, le SYTRAL a rédigé en 1997 un Plan de Déplacement Urbain (P.D.U.) dans lequel il s’engage à développer l’offre de transports collectifs et la complémentarité entre les différents modes. Divers aménagements parmi lesquels la mise en place du réseau de tramways ont suivi la rédaction de ce document. Un système de vélos en libre service a également été installé en 2005 par la Communauté Urbaine de Lyon dans le cadre d’un contrat publicitaire avec le groupe J.C. Decaux. Son succès inspire de nombreuses villes françaises, européennes et mondiales. La marche à pied conserve finalement une place importante dans la Presqu’île ou le Vieux-Lyon (entièrement piétonnier).

  • Synthèse

L’aire urbaine de Lyon présente de nombreux traits communs aux métropoles ouest-européennes parmi lesquels sa forme urbaine (densités, développement autour d’un centre historique encore très fort, etc.) et les pratiques modales des citadins qui y vivent. Les banlieues où s’élèvent des grands ensembles sont caractéristiques des villes françaises. Ses caractéristiques topographiques (collines et cours d’eau) ou encore l’inscription sur le cadre bâti de son histoire représentent ses singularités les plus fortes.

Notes