B. Centre et centralité

Dans cette réflexion sur les fonctions urbaines, leur configuration et leur articulation, nous abordons directement la notion de centralité et nous sommes amenés à délimiter un territoire urbain particulier, le centre. Comment peut-on le caractériser et quelles sont les raisons qui lui donnent un statut atypique dans l’organisation de l’aire urbaine ? Centre et centralité sont des notions qui peuvent être mobilisées pour qualifier plusieurs territoires des aires urbaines, mais il est nécessaire de pouvoir pointer ce en quoi elles prennent un sens spécifique pour un seul des territoires qui est le centre de l’aire urbaine. La centralité peut être associée à plusieurs axes forts considérés comme essentiels à son existence et à sa reconnaissance [Monnet, 2000]. Une revue de la littérature portant sur ces notions permet d’en dresser une liste. « Un centre est un ensemble pertinent perçu comme un seul et même lieu, ce lieu se détachant de ce qui l’environne par ses caractéristiques visibles » (Lebrun, 2002:20). Dans un contexte urbain, un centre va donc être un lieu spécifique relativement aux espaces qui l’entourent, et cette spécificité va provenir d’un attribut, la centralité. « Du centre à la centralité, l’écart est celui qui oppose le lieu à la fonction » (Bordreuil cité dans Lebrun, 2002:21). La centralité serait donc le signifiant permettant de définir un centre, qui serait le signifié. « La centralité est associée à un espace fonctionnel, capable d’attirer et de rassembler » (Rémy, 1999:200). Elle renvoie à une concentration et une diversification de plusieurs fonctions urbaines sur un même territoire, qu’il est possible alors de distinguer par rapport à ses voisins. La centralité d’accessibilité est une manière détournée de caractériser les territoires avec la même perspective fonctionnelle. Elle suggère l’étude des réseaux de transports, en se basant sur l’hypothèse d’un développement parallèle des transports avec l’attraction du territoire.

Les axes forts permettant de caractériser la centralité d’un lieu renvoient dans un premier temps aux fonctions urbaines évoquées précédemment. On parle de centralité politique, économique, commerciale et sociale, mais aussi de centres hospitaliers, de centres administratifs ou plus fréquemment encore de centres commerciaux. Le danger d’un tel glissement sémantique (qui revient à parler de centralité périphérique) est de perdre « la dimension symbolique du centre comme visée d’unité fondée sur un passé et projetée dans l’avenir » (Rémy, 1999:200). En ce sens, l’approche fonctionnelle ne peut suffire et, tant que faire se peut, il est nécessaire de considérer les notions de centralité historique et symbolique. L’histoire du développement de la ville puis de l’aire urbaine permettent de pointer les territoires au cœur des dynamiques urbaines. On remarque souvent, par exemple, que les zones de première implantation jouent un rôle spécifique ensuite dans la ville. La centralité symbolique peut quant à elle être approchée par les discours des citadins, rendant compte de leurs représentations des territoires urbains. Ces éléments ont donc été considérés au mieux (selon les sources à notre disposition) pour localiser et délimiter le centre, en complément de l’approche fonctionnelle.