1. Les grands pôles d’emplois

Les déplacements pris en compte pour étudier la localisation des grands pôles d’emplois à l’échelle des aires urbaines des quatre villes de notre corpus concernent tous les motifs liés au travail. Ils correspondent aux motifs travail, professionnel (motif professionnel autre), travail secondaire et chômage (déplacement lié à une recherche d’emploi) dans l’enquête de Niamey et au motif travail dans l’enquête poblanaise. Les motifs travail habituel, travail non habituel et recherche d’emploi dans le cas lyonnais et travail et rendez-vous d’affaires dans le cas montréalais ont été retenus. Nous avons donc fait le choix de considérer l’ensemble des déplacements liés au cadre professionnel, qu’ils soient réguliers, plus exceptionnels, ou associés à une recherche d’emploi de la part du citadin considéré.

  • Niamey

Tel qu’indiqué sur la carte 9, à Niamey, le travail non salarié (qui correspond ici assez largement au travail informel) se concentre dans quatre territoires de la ville, qui correspondent aux marchés les plus dynamiques de la ville. Le Grand Marché, le Petit Marché et le Marché Katako dans un premier temps, le marché de Wadata ensuite, regroupent nombre de marchands non salariés sur les emplacements dédiés des marchés (enregistrés auprès de l’administration de la ville) mais également à leurs abords. Le Grand Marché est un marché d’équipements divers, et de tissus en particulier. Les fruits et légumes et plus largement les produits de consommation immédiate sont plutôt disponibles au Petit Marché. Quant au Marché Katako, on y trouve divers accessoires de quincaillerie et nombre de ferrailleurs. Le Grand Marché et le Marché Katako sont les seuls marchés de la ville où relativement peu de nourriture est vendue.

Carte 9 : Le travail salarié et non salarié dans la métropole niaméenne
Carte 9 : Le travail salarié et non salarié dans la métropole niaméenne

La différence de localisation des emplois salariés et non salariés est nette. La fonction publique joue un rôle prépondérant au sein des emplois salariés du secteur tertiaire (elle concerne deux tiers des entrées recensées). Deux pôles d’attraction de première importance ressortent alors, à savoir le Centre/Petit Marché et le Plateau. Tandis que le premier concentre à la fois la Communauté Urbaine de Niamey, l’Assemblée Nationale, les Ministères du Travail et de l’Agriculture et plusieurs banques, l’attraction du second est liée aux nombreux ministères (de l’Intérieur, de la Santé, de l’Equipement, etc.) et aux O.N.G..

La zone Industrielle apparaît dans un second temps. Elle ne porte pas très bien son nom puisqu’elle est également le siège de nombre d’entreprises (publiques, semi-publiques ou privées) du secteur tertiaire. C’est toutefois dans cette même zone que sont localisés presque tous les emplois salariés dans le secteur secondaire. La zone du petit-marché (Centre/Petit-Marché) concentre quant à elle emplois salariés et non salariés.

  • Puebla

Les emplois du secteur secondaire se concentrent à Puebla dans sept zones (carte 10). Les deux plus attractives sont, d’est en ouest, le Parque Industrial Chachapa et le Parque Industrial Puebla 2000 (où se trouve en particulier l’entreprise Petróleos Mexicanos plus connue sous le nom de PEMEX). Les 5 autres zones sont situées dans le centre, de part et d’autre du Zócalo. Si les deux premières sont des zones industrielles de taille importante, les activités présentes sur les 5 autres zones sont plutôt liées à l’artisanat qu’à l’industrie.

Trois fois plus d’entrées ont été recensées pour les emplois du secteur tertiaire, avec une localisation extrêmement concentrée. Le Zócalo, ainsi que plusieurs zones autour de lui s’affirment comme des pôles d’activité de première importance dans le secteur tertiaire. L’attraction exercée par ces zones centrales est continue et s’étend au sud jusqu’à la Plaza Dorada, qui est un important centre commercial. Une seule autre zone ressort pour le secteur tertiaire, à savoir la Central de Autobus de Puebla (CAPU) au nord du centre. Cette énorme gare routière concentre les flux d’autobus interurbains, très développés dans l’ensemble du Mexique, et dispose de nombreuses boutiques destinées aux voyageurs.

Carte 10 : Les emplois du secteur secondaire et tertiaire dans l’agglomération poblanaise
Carte 10 : Les emplois du secteur secondaire et tertiaire dans l’agglomération poblanaise
  • Lyon

Une partie de la Presqu’île, située entre l’Hôtel de Ville et la Place Bellecour, correspond au pôle attracteur lyonnais le plus important en termes d’emplois (carte 11). Elle concentre plus de 5 % des entrées considérées. S’y situent l’Hôtel de Ville, plusieurs banques et des services divers, une offre commerciale diversifiée et nombre de cinémas, bars, restaurants. Une partie importante des emplois situés dans cette partie de la Presqu’île sont des emplois de bureaux. Viennent ensuite 5 zones attirant plus de 1,5 % des emplois de l’aire urbaine lyonnaise. La Part-Dieu dans un premier temps correspond à un pôle de service de première importance. Se situent dans cette zone la Cité Administrative (cœur administratif de l’agglomération), le siège de la Communauté Urbaine de Lyon, la Gare de la Part-Dieu (première gare de Lyon en termes de trafics), ainsi que de nombreux bureaux. Le quartier de Gerland a été un pôle industriel de première importance pendant de nombreuses années. La revalorisation du quartier, autour du Stade éponyme et du palais des sports, a fait évoluer sensiblement son image ouvrière ces dernières années. L’école Normale Supérieure et une partie de l’Université Lyon 1 s’y sont installées. Ces transformations ne sont que peu décelables dès 1995, et nous considèrerons les emplois localisés dans ce quartier comme des emplois essentiellement industriels.

Une autre des zones attractives mises en évidence sur la carte thématique 11 peut être considérée comme un pôle industriel : il s’agit de la pointe de la Presqu’île, près de la confluence entre le Rhône et la Saône. Ce quartier fait lui aussi l’objet d’une requalification urbaine. Plusieurs autres pôles d’emplois, d’importance secondaire, ont pu être pointés. Les pentes de la Croix-Rousse, au nord du quartier attractif de la Presqu’île et le cours Lafayette et ses abords, entre la Presqu’île et la Part-Dieu s’affirment également par l’importante relative des emplois qui y sont situés. Aucune commune périphérique n’apparaît sur notre carte.

Carte 11 : Les emplois dans l’aire urbaine lyonnaise
Carte 11 : Les emplois dans l’aire urbaine lyonnaise
  • Montréal

Relativement à la population importante résidant dans l’aire urbaine montréalaise, les seuils d’attraction ont été fixés à 0,5 % et 1 % de l’ensemble des entrées enregistrées (les zones les plus dynamiques attirant plus de 1 % des entrées). Les pôles d’emploi les plus importants sont situés pour la plupart d’entre eux sur l’île de Montréal. Ils s’articulent autour de deux axes, qui sont d’est en ouest le centre des affaires et Dorval. Dans le premier cas, il s’agit largement d’emplois de bureau, concernant des fonctions administratives et de service, et concentrés dans des gratte-ciel entre les rues Sherbrooke et René-Lévesque. Plus à l’est, une partie du Vieux Montréal est également concernée. Cet espace est presque entièrement dédié aux activités diurnes autour des emplois et peu de citadins montréalais y résident. Six zones ressortent quant à elles dans la partie ouest de l’île de Montréal. Les deux plus attractives correspondent aux espaces aéroportuaires (Aéroport International Pierre-Eliott Trudeau) et aéronautiques de Dorval. Il s’agit d’un des pôles industriels majeurs de l’aire urbaine montréalaise. Deux zones sont également mises en évidence dans la partie Est de l’île de Montréal. Ce sont les zones industrielles dynamiques d’Anjou et Saint-Léonard. Les zones situées sur les municipalités de Longueuil et de Laval (de part et d’autre de l’île de Montréal) correspondent aux mêmes types d’emplois. Les pôles d’emplois mis en évidence dans cette partie ont la particularité d’être situés sur des espaces dans lesquels personne ne réside. La carte 12 permet de visualiser les pôles d’emplois mis en évidence. 

Carte 12 : Les emplois dans l’aire urbaine montréalaise
Carte 12 : Les emplois dans l’aire urbaine montréalaise

Les zones centrales des quatre villes étudiées sont des pôles d’emplois de première importance. Ce sont des zones administratives et commerciales dynamiques. D’autres territoires péricentraux ou périphériques ont pu être mis en évidence par leur forte attraction en termes d’emplois. À l’exception du Plateau à Niamey, les fonctions associées sont les fonctions commerciales et de production plutôt que la fonction administrative.