3. Délimitation du centre de Lyon

Nous avons pu constater dans nos études de chaque fonction urbaine une certaine concentration des activités. La localisation et la délimitation de ce pôle polyfonctionnel sont basées comme dans le cas de Puebla sur une synthèse de la centralité fonctionnelle, approchée par le travail déjà réalisé sur les pôles d’activité, ainsi que sur les effets de coupure générés par les fleuves et collines qui marquent le paysage lyonnais. Nous avons également pris en compte l’histoire de la ville de Lyon, en particulier par la localisation des sites investis dans les premiers siècles du développement de la ville. Si l’on s’en tient à notre approche fonctionnelle, le cœur de la ville de Lyon est indiscutablement situé sur la Presqu’île, entre la Place Bellecour et l’Hôtel de Ville, avec comme axe structurant la rue de la République. Les effets de coupure permettent ensuite de délimiter le centre-ville qui s’étend autour de cette zone.

Le Rhône représente vers l’est une coupure nette, tant architecturalement parlant que du point de vue des types d’activités que l’on rencontre sur la rive droite et sur la rive gauche. Ce choix est à la source de la seule différence entre notre découpage et celui que notre analyse d’autocorrélation spatiale suggère (voir schéma 2). Rappelons à ce titre que cette analyse repose sur l’attraction globale sans considérer la nature (fonctionnelle) de cette attraction. Au nord, la colline de la Croix-Rousse s’associe à une évolution très nette dans le cadre bâti. Les pentes de la Croix-Rousse sont essentiellement résidentielles et véhiculent une identité de quartier qui leur est spécifique. Ce quartier mérite donc d’être dissocié du centre-ville en tant que tel. Vers le sud, l’effet de coupure ne provient pas de la Place Bellecour, pourtant très grande, mais bien de l’échangeur de Perrache, où se concentrent une autoroute et plusieurs voies de chemin de fer. Le quartier de Perrache, de l’autre côté de la gare que nous venons d’évoquer, date du milieu du début du XIXe siècle après plusieurs décennies de travaux pour détourner le lit du Rhône et raccorder plusieurs îles au reste de la Presqu’île. Ce quartier reste marqué par son histoire orientée vers l’industrie. Un grand projet urbanistique vise aujourd’hui à redynamiser ce quartier au travers en particulier d’un Musée de la Confluence, d’un grand pôle de loisirs et d’un Parc de la Saône. Reste à délimiter le centre-ville sur son flanc ouest. La Saône représente une coupure naturelle, mais se situe sur sa rive droite le Vieux Lyon, qui fait partie des premiers sites d’implantation de la ville de Lyon (Lugdunum à l’époque).

Schéma 2 : Résultats de l’analyse d’autocorrélation spatiale locale pour le centre de Lyon
Schéma 2 : Résultats de l’analyse d’autocorrélation spatiale locale pour le centre de Lyon

Les quartiers Saint-Georges, Saint-Jean et Saint-Paul, qui composent le Vieux Lyon, n’apparaissent dans notre analyse fonctionnelle que comme des pôles d’attraction d’importance secondaire, pour l’enseignement secondaire et les loisirs. Ils jouent pourtant un rôle symbolique qu’il convient de prendre en compte et sont des lieux de sorties très pratiqués le week-end (non considéré dans l’enquête-ménages). Selon nous, la coupure la plus opportune est plutôt celle générée par la colline de Fourvière, immédiatement à l’ouest du Vieux Lyon. L’analyse d’autocorrélation spatiale locale de Moran confirme également notre positionnement vis-à-vis du Vieux Lyon. En ce qui concerne le découpage en 87 zones, le centre recouvre les zones 1, 3 et 5.

La délimitation finalement retenue est présentée sur la carte 31, basée sur une vue satellite de Lyon. Relativement au découpage le plus fin dont nous disposons, à savoir celui qui découpe l’aire urbaine en 331 zones, seront considérées comme faisant partie du centre les zones 101, 102, 151, 301, 302, 501 et 502. Ces deux dernières zones ont été sélectionnées bien que la moitié de leur surface ne fasse pas partie de notre découpage initialement réalisé sur la base des effets de coupure. Cela revient à considérer la basilique de Fourvière comme faisant partie du centre. L’importance symbolique de cet édifice est telle que ce choix nous paraît plus opportun que celui qui aurait consisté à exclure le Vieux Lyon du centre-ville.

Carte 31 : Le centre de Lyon, coupures et zones fines
Carte 31 : Le centre de Lyon, coupures et zones fines

Source : Emmanuel Ravalet à partir d’une vue Google Earth