4. Délimitation du centre de Montréal

Du point de vue des fonctions urbaines abordées à Montréal, nous avons pu observer une concentration de plusieurs types d’activités dans la zone située à l’est du Mont-Royal. La zone centrale s'étend de chaque côté de la Rue Sainte Catherine, toujours très achalandée. Elle traverse la Place des Arts, qui, d’un point de vue symbolique, rend compte au mieux de la centralité de cet espace, avec ses grandes salles de spectacles, ses galeries commerçantes, ses restaurants, ses bars et quelques grands hôtels. C’est également à cet endroit que se déroulent les grands évènements et festivals qui dynamisent la ville pendant l’été. Cette place sépare au nord-est une zone plutôt associée aux activités de loisirs nocturnes (bars, cinémas, salles de concert, boîtes de nuit, etc.) du centre des affaires en tant que tel au sud-ouest, avec de nombreux gratte-ciel. La dynamique de ce lieu est largement articulée autour des emplois qui s’y situent. La description du Loop de Chicago réalisée par E.W. Burgess [1925], au cœur de son modèle, correspond bien à ce territoire essentiellement diurne. Pour délimiter au mieux cet espace, nous basons principalement notre travail sur une approche fonctionnelle, tout en insistant sur les effets de coupure permettant la délimitation en tant que telle. Du point de vue des activités, ce sont les études universitaires, les emplois et les loisirs qui donnent au centre de Montréal son statut.

Plusieurs grands axes routiers, comme pour le centre de Puebla, génèrent des coupures de par les trafics importants qu’ils écoulent. C’est le cas de la rue Sherbrooke au nord-ouest du centre. Cette rue constitue un axe majeur à Montréal pour traverser la ville en son sein. Les trafics y sont importants. L’autoroute Ville-Marie a été considérée comme une coupure sur une partie de la délimitation sud-est du centre. Malgré le rôle assez différent joué par le centre historique vis-à-vis du centre culturel et des affaires, nous avons considéré qu’il faisait partie du centre de Montréal. Il s’affirme en effet comme un des pôles d’emplois importants à l’échelle de l’aire urbaine, et tient une place de premier ordre parmi les espaces de loisirs montréalais. L’analyse d’autocorrélation spatiale locale de Moran, présentée sur le schéma 3, confirme les choix réalisés quant à la délimitation du centre ville. Dans la direction sud-ouest, nous avons choisi de délimiter le centre par l’axe formé par la Rue Guy, très achalandée puisqu’elle permet d’accéder au Chemin de la Côte-des-Neiges, donc au flanc ouest du Mont-Royal. Plus proche du Saint-Laurent, c’est l’autoroute Bonaventure qui incarne la coupure entre le centre-ville et ses quartiers adjacents. Au nord-est enfin, la rue Berri sépare le centre du village gay tel qu’il est couramment appelé.

Au regard des choix réalisés, six secteurs de recensement sont finalement considérés comme faisant partie intégrante du centre de Montréal. Ce sont les zones numérotées 55.01, 56, 58, 59, 60 et 64. Nous avons considéré comme faisant partie du centre la zone du Vieux-Montréal numérotée 55.01, qui pourtant s’étend de part et d’autre de la rue Berri. Plus de la moitié de la surface couverte par ces zones est située en effet dans le centre. Ce n’est pas le cas des zones 51, 54, 69 et 70, qui n’ont donc pas été retenues.

Schéma 3 : Résultats de l’analyse d’autocorrélation spatiale locale pour le centre de Montréal
Schéma 3 : Résultats de l’analyse d’autocorrélation spatiale locale pour le centre de Montréal

L’analyse d’autocorrélation spatiale locale permet de confirmer l’attraction forte et continue que nous avons mesurée pour plusieurs zones proches du centre des affaires. La délimitation choisie du centre-ville (carte 32) présente quelques différences par rapport aux résultats de l’analyse. Les zones situées au nord-ouest de la rue Sherbrooke et au sud-ouest de la rue Guy sont cependant plutôt monofonctionnelles, ce qui n’est pas le cas des zones centrales.

Carte 32 : Le centre de Montréal, coupures et zones fines
Carte 32 : Le centre de Montréal, coupures et zones fines

Source : Emmanuel Ravalet à partir d’une vue Google Earth