2. Le cadre bâti et la localisation des zones dans l’aire urbaine de Puebla

Trois autres variables qualitatives ont été construites pour rendre compte des caractéristiques du cadre bâti et de la localisation des zones dans l’aire urbaine. Ces variables renvoient aux différents types de construction, aux densités de population et à la distance des zones au centre.

  • Les différents types de construction

Différents types d’habitat coexistent dans l’aire urbaine de Puebla. Nous allons en faire une rapide description. Dans cette ville, comme dans la plupart des villes moyennes d’Amérique Latine, les «traditions architecturales (…) prennent la forme d’un habitat tourné vers l’intérieur plutôt que vers la rue et où donc l’exposition sociale est moins structurante que dans des pays du Nord » (Germain & Polèse, 1995:327). Il n’est effectivement pas évident, de la rue, de repérer les logements occupés par les populations défavorisées. Le phénomène des quartiers fermés renforce cette idée d’un repli de l’unité résidentielle sur la sphère privée. Il est effectivement impossible de traverser certains quartiers dont l’accès est réglementé et surveillé par des gardiens. Les résidents de ce type de quartiers ne sont pas uniquement des populations aisées mais concernent également les strates moyennes voire inférieures [Germain & Polèse, 1995]. Nous ne disposons pas dans cette étude des données nous permettant de mesurer et localiser le phénomène, qui aurait pourtant nécessité une étude spécifique.

Les couches populaires occupent principalement deux types d’habitat : les vecindades et l’habitat précaire (constructions de fortune ou azoteas). Les vecindades tout d’abord sont des unités pluri-familiales de logements situées plutôt dans les centres des villes mexicaines. Les immeubles en question regroupent de petits logements (d’une à deux pièces), généralement en location, et distribués autour d’un patio [Bélanger, 2005]. Les résidents partagent souvent une unique cuisine et une salle de bain. Ces constructions sont des vestiges (convertis par la suite) des résidences de l’ancienne aristocratie espagnole, ce dont le patio témoigne. Des bâtiments ont cependant été construits sur le même modèle au début du XXe siècle (pour cause de pénurie de logements pour les populations des couches populaires). La faible rentabilité de la location de ces unités de logements a pour conséquence leur faible entretien par les propriétaires, ce qui explique l’état de délabrement parfois avancé de certaines vecindades [Bélanger, 2005]. Il est possible de trouver dans certains quartiers quelques unités d’habitation précaires partiellement délabrées, mais généralement construites en matériaux durs. Certains citadins vivent parallèlement sur les toits plats (azoteas) des bâtiments de la ville, sur lesquels une ou deux pièces peuvent avoir été construites. L’accès se faisant par l’intérieur des bâtiments, il ne peut s’agir de squats en tant que tel. Les azoteas accueillent donc soit du personnel travaillant pour les résidents de l’immeuble, soit des citadins en location, mais ce type d’habitat est minoritaire à Puebla. Tel que nous le précisions en introduction, il est difficile depuis la rue d’apercevoir les logements des citadins des couches populaires.

Le reste de la population poblanaise occupe pour une part des appartements (nombreux dans certaines zones mais totalement absents dans d’autres), et pour la majorité d’entre eux des maisons, soit mitoyennes, soit isolées. Les maisons isolées peuvent être de petites constructions comme d’imposantes villas avec un grand jardin. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de considérer également la taille des logements à travers le nombre de pièces.

Pour construire la variable rendant compte de la diversité des types d’habitat des citadins poblanais, nous nous sommes appuyés sur deux variables quantitatives, construites à partir des types de logements (maisons isolées, maisons mitoyennes, appartements ou vecindades) et de leur taille (2 pièces ou moins, entre 3 et 5 pièces, 6 pièces ou plus). Elles renvoient aux fréquences relatives (sur l’ensemble des habitations) de ces deux variables croisées. Nous avons donc 12 variables quantifiant dans chaque quartier la fréquence de maisons individuelles de 2 pièces ou moins, de maisons individuelles ayant entre 3 et 5 pièces, etc… Ces variables ont été combinées au sein d’une analyse des correspondances simples. Les quatre premiers axes (qui expliquent environ 75 % de l’inertie du nuage de points) ont été conservés et les cordonnées des zones sur ces axes ont pu être utilisées pour une classification ascendante hiérarchique (le schéma 9 correspond au dendrogramme associé). Cette dernière suggérait alors une partition en 5 groupes :

  • Groupe log.mmtm : 47 zones composent ce groupe au sein duquel les maisons mitoyennes sont majoritaires (elles regroupent près de deux tiers des logements). De taille moyenne, celles-ci sont plutôt composées de 3 à 5 pièces (40 % de l’ensemble des logements).
  • Groupe log.mmgt : 10 zones où la proportion moyenne de maisons mitoyennes atteint 77 %. Vis-à-vis du groupe précédent, celles-ci ont plutôt tendance à être de grande taille (46 % des logements sont des maisons mitoyennes ayant 6 pièces ou plus…).
  • Groupe log.mi : 6 zones au sein desquelles la proportion de maisons isolées atteint 60 %, celles de 2 pièces ou moins ne représentant que 5 % de l’ensemble.
  • Groupe log.vec : 12 zones dont la spécificité forte tient de l’importance en proportion des vecindades (36 % des logements). Ces zones sont majoritairement centrales.
  • Groupe log.app : 7 zones dans lesquelles les logements sont pour 62 % d’entre eux des appartements, à 94 % composés de 3 à 5 pièces.
Schéma 9 : Dendrogramme associé à la classification ascendante hiérarchique concernant les types de logement à Puebla
Schéma 9 : Dendrogramme associé à la classification ascendante hiérarchique concernant les types de logement à Puebla
  • La densité de la population
  • La distance au centre

Dans la mesure où aucun axe routier majeur ne permettait de délimiter les zones concentriques sur la base desquelles nous cherchons à construire les groupes de zones selon leur distance au centre-ville, nous nous sommes basés sur notre connaissance de l’aire urbaine de Puebla (effets de couupure) et sur les limites des municipalités. Trois groupes ont été distingués sur la municipalité même de Puebla (centre, péricentre et périphérie proche) et le quatrième groupe (périphérie lointaine) correspond aux municipalités voisines.