C. Les relations des citadins aux espaces urbains, la place du local, des pôles d’attraction et du centre de l’aire urbaine dans le quotidien des citadins

Le troisième temps de cette partie offre à voir directement les relations des citadins aux espaces urbains. Nous pointons tout d’abord les pratiques géographiquement limitées de l’espace, avec l’immobilité (absence de déplacements le jour enquêté) et la pratique exclusive du local (tous les déplacements de l’individu confinés dans un espace circulaire de 1,25 km de rayon autour du domicile). L’espace local a été construit autour des centroïdes de chaque zone (nous avons choisi les découpages les plus fins dont nous disposions pour chaque ville). Pour les zones les plus grandes, ce travail à partir des centroïdes est peu performant. Nous avons tout de même vérifié la stabilité des résultats, jugée satisfaisante, dans l’hypothèse où nous faisions varier la distance limite autour de 1,25 km. Ce choix fait référence à un temps de déplacements en marche à pied de 15 minutes, réalisé à 5 km/h. Cette définition du local ne tient aucune considération des effets de coupure éventuels évoqués dans la seconde partie (relief accidenté, fleuve, rivière, axes routiers ou autoroutiers importants, etc.), et le local ne doit pas être placé sur le même plan que le quartier, pour lequel nous n’aurions pu trouver une définition comparable dans les quatre contextes. Les calculs (parfois importants, ils portent par exemple sur plus de 1400 zones à Montréal) ont été réalisés grâce à un logiciel de cartographie (MapInfo). Il ne s’agit pas ici de porter un regard connoté sur la proximité. Elle peut être tant contrainte, imposée que choisie, voulue et assumée. Nous souhaitons mettre en valeur les différences interindividuelles en termes de pratiques, non les inégalités.

La relation entre citadins et espaces urbains a ensuite été appréhendée sur la base de la pratique éventuelle des pôles d’attraction (associés aux activités réalisées) et du centre de l’aire urbaine (quel que soit le motif). Ces territoires sont effectivement considérés comme spécifiques et s’y diriger signifie que l’individu participe à leur attraction. Le centre est considéré ici comme un territoire attractif spécifique et son appréhension vise à comprendre la place du cœur de l’aire urbaine dans les espaces pratiqués quotidiennement. Nous ne portons pas non plus de jugements sur les bienfaits ou les problèmes suscités par ces pratiques éventuelles, nous souhaitons simplement les qualifier et les comprendre, pour porter à terme un discours sur la ségrégation urbaine contemporaine. Les modes utilisés sont décrits pour préciser les pratiques spécifiques des citadins dans les espaces urbains.

Nous décrivons la variabilité des pratiques individuelles spatiales entre les groupes grâce à des pourcentages de variance expliquée, calculés à l’occasion d’une analyse de variance. L’objet de cette technique statistique est de comparer, au sein d’un groupe, les moyennes entre différents sous-groupes, pour pouvoir éventuellement statuer sur leur non-égalité statistique. Si tel est le cas, la partition à la base de l’obtention des sous-groupes peut être considérée comme pertinente. Elle le sera d’autant plus que le pourcentage de variance expliquée est important. Il correspond à la variance entre les sous-groupes divisées par la variance totale (du groupe initial). Nous précisons cependant que ces pourcentages sont généralement faibles dans le domaine des études de transports.

Pour pouvoir visualiser les différences entre les contextes considérés, ceux-ci seront abordés successivement dans chacun des trois temps que nous venons de décrire. Une synthèse comparative clôturera cette partie.