B. Au-delà des statuts, les autres facteurs permettant d’expliquer la réalisation éventuelle des activités considérées

1. Le genre et les niveaux de revenus à Niamey

Les chômeurs enquêtés à Niamey ne sont que 39, ce qui interdit une quelconque partition supplémentaire pour ce groupe. Les scolaires/étudiants, les actifs salariés, les actifs non-salariés et les sans-activité ont quant à eux été segmentés par une seconde variable de différenciation.

  • Les scolaires et les étudiants

655 scolaires et étudiants ont été enquêtés. Ces effectifs, pas très élevés au regard des nombreuses décorrélations prévues, permettent néanmoins de réaliser une partition supplémentaire. Les étudiants étant trop peu nombreux pour constituer un groupe à part entière, nous avons finalement décidé de fonder cette partition sur le genre plutôt que sur la différence scolaire/étudiant. Les activités fortement contraintes varient peu, par contre les achats concernent deux fois plus de jeunes filles que de jeunes hommes. Les seconds sont plus nombreux à réaliser les autres activités, en particulier les visites (46 % d’entre eux en font contre 27 % des femmes), la pratique religieuse (16 % contre 1 %) et les loisirs (12 % contre 3 %). Le schéma 14 permet de visualiser cette partition et les effectifs des groupes créés alors.

Schéma 14 : Branche de la typologie correspondant aux scolaires et étudiants niaméens
Schéma 14 : Branche de la typologie correspondant aux scolaires et étudiants niaméens
  • Les actifs salariés

Les 544 actifs salariés sont des citadins plutôt favorisés. La variabilité interne à ce groupe, au regard des activités réalisées, est pourtant liée aux écarts de revenus du ménage d’appartenance (auxquels ils participent directement). Plus que le genre, le niveau de scolarité ou l’âge, cette variable distingue les ménages appartenant aux trois premiers quintiles de revenus par unité de consommation des deux derniers (qui correspondent aux 40 % de ménages les plus aisés). Tel que le graphe 16 le montre, les actifs salariés appartenant aux ménages les plus défavorisés se déplacent plus fréquemment que les autres pour leur pratique religieuse, les autres activités sont moins coutumières (achats, loisirs, visites, accompagnement, etc.). Comme souligné précédemment, les revenus du ménage d’appartenance sont positivement corrélés avec les niveaux de scolarité de l’individu en question, et (avec une moindre qualité) avec l’âge des citadins.

Graphe 16 : Fréquence d’actifs salariés effectuant chaque activité selon le niveau de revenus par U.C. du ménage d’appartenance à Niamey
Graphe 16 : Fréquence d’actifs salariés effectuant chaque activité selon le niveau de revenus par U.C. du ménage d’appartenance à Niamey

La motorisation accompagne également la croissance des revenus, mais cette variable n’a qu’un effet limité sur les activités réalisées. Cela sous-entend qu’avec des moyens supplémentaires, les citadins se déplacent plus en voiture, mais également par les autres modes (en particulier les taxis collectifs). Nous remarquerons ici qu’une fois fixé le statut d’actif salarié, les différences entre les hommes et les femmes s’amenuisent fortement et deviennent négligeables. La partition finalement réalisée est présentée sur le schéma 15.

Schéma 15 : Branche de la typologie correspondant aux actifs salariés niaméens
Schéma 15 : Branche de la typologie correspondant aux actifs salariés niaméens
  • Les actifs non salariés

Les 628 actifs non-salariés ont été distingués selon le genre. Les hommes se déplacent plus souvent dans le cadre de leur activité professionnelle que ne le font les femmes. La pratique religieuse a également une place importante dans leur quotidien. Les femmes s’occupent par contre plus souvent des achats. On ne remarque que peu de différences au niveau des visites. Le graphe 17 permet de visualiser ces écarts tandis que le schéma 16 représente la partition réalisée et les effectifs qui y sont associés.

Graphe 17 : Fréquence d’actifs non-salariés effectuant chaque activité selon leur genre à Niamey
Graphe 17 : Fréquence d’actifs non-salariés effectuant chaque activité selon leur genre à Niamey
Schéma 16 : Branche de la typologie correspondant aux actifs non-salariés niaméens
Schéma 16 : Branche de la typologie correspondant aux actifs non-salariés niaméens
  • Les citadins sans activité

La différence n’est pas faite dans ce groupe entre les citadins qui recherchent un emploi et ceux qui n’en recherchent pas, et qui correspondent respectivement aux « chômeurs » et aux personnes dites « sans-activité » dans les autres enquêtes. Dans l’enquête-ménages réalisée à Niamey, les chômeurs ont été considérés comme tels lorsqu’ils recevaient une allocation chômage, ce qui n’est pas le cas dans l’immense majorité des cas. Les personnes sans-activité, dont 868 ont été enquêtés, sont majoritairement des femmes (à 76 %). Les différences sont telles cependant entre les hommes et les femmes (graphe 18) que la partition suivante de ce groupe a été basée sur la variable de genre. Les activités des femmes se résument aux achats et aux visites, 36 % d’entre elles se déplacent pour la première et 48 % pour la seconde. Quant aux hommes, s’ils font moins souvent d’achats que les femmes, toutes les autres activités sont réalisées avec une plus grande fréquence. C’est le cas en particulier des visites, de la pratique religieuse et des loisirs. La partition finalement réalisée pour les sans-activité est présentée sur le schéma 17.

Graphe 18 : Fréquence de sans-activité effectuant chaque activité selon leur genre à Niamey
Graphe 18 : Fréquence de sans-activité effectuant chaque activité selon leur genre à Niamey
Schéma 17 : Branche de la typologie correspondant aux sans-activité niaméens
Schéma 17 : Branche de la typologie correspondant aux sans-activité niaméens

Nous obtenons finalement 9 groupes de citadins dont les activités sont différentes entre les groupes et plutôt ressemblantes à l’intérieur de chacun d’eux. Le genre et les niveaux de revenus (pour les actifs salariés) sont intervenus comme variables discriminantes. Les différences hommes/femmes se confirment donc dans le cas niaméen, alors même qu’en différenciant les citadins selon les statuts, nous observions dans la répartition des groupes des écarts importants entre hommes et femmes. La structure des ménages n’apparaît pas dans cette typologie.