2. L’âge, la motorisation des ménages et le genre à Puebla

Les chômeurs et les retraités sont représentés par des effectifs trop faibles (respectivement 264 et 427 citadins) pour qu’ils fassent l’objet d’une partition supplémentaire. La suite de la construction de la typologie individuelle va donc porter sur les scolaires/étudiants, les actifs et les sans-activité.

  • Les scolaires et les étudiants

Nous disposons pour la seconde partition de 2 559 scolaires/étudiants. Nous les avons distingués selon leur niveau de scolarité, i.e. selon la nature pré-universitaire ou universitaire de l’établissement dans lequel ils suivent leurs études. Les activités diffèrent nettement selon cette caractéristique, en particulier pour ce qui est des achats et des loisirs puisque près de deux fois plus d’étudiants que de scolaires se déplacent pour ces motifs. L’âge des citadins n’est évidemment pas le même pour les citadins de chacun des deux groupes.

1 530 scolaires et 1 029 étudiants résultent de cette partition. Les variations à l’intérieur de chacun de ces deux groupes sont plutôt faibles, à l’exception des achats et des loisirs, avec des variations notables selon le genre des citadins en question. Parmi les scolaires, les garçons sont trois fois moins nombreux à faire des achats et deux fois plus que les filles à se déplacer pour leurs loisirs. Ces mêmes déséquilibres se retrouvent pour les étudiants. Le genre est donc finalement à la base de la dernière partition de ces citadins. Les variations dans les activités vis-à-vis de l’autonomie ou non des étudiants ne sont pas significatives. Le schéma 18 présente les groupes finalement obtenus et les partitions dont ils proviennent.

Schéma 18 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux scolaires et étudiants poblanais
Schéma 18 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux scolaires et étudiants poblanais
  • Les actifs

La partition choisie dans le cas des 5 256 actifs poblanais s’est basée sur la motorisation des ménages d’appartenance (corrigée par le nombre d’adultes). Trois modalités existent pour cette variable : la non-motorisation du ménage, la faible motorisation (présence d’au moins un véhicule dans le ménage mais au maximum d’un véhicule pour deux adultes), la forte motorisation (présence de plus de un véhicule pour deux adultes). Globalement, la mobilité des Poblanais appartenant à un ménage fortement motorisé est plus variée et dynamique. Cela se ressent pour l’ensemble des activités (à l’exception de la religion). Ils sont plus nombreux à suivre une formation complémentaire, à faire des achats ou encore à se déplacer pour leurs loisirs. De manière plus nette, les accompagnements sont bien plus fréquents pour eux qu’ils ne le sont pour les autres.

La motorisation des ménages d’appartenance est liée avec les niveaux de scolarité (qui est une variable individuelle). Parmi les citadins non motorisés, 73 % ont suivi au plus des études primaires ou secondaires (ou n’en ont pas suivi du tout), contre 54 % des faiblement motorisés et 36 % des fortement motorisés. Ce lien renvoie aux niveaux de revenus, dont la scolarisation est un des proxys les plus usuels. Nous rappelons ici que nous ne disposions pas à Puebla des revenus des ménages, qui auraient sans doute joué un rôle dans cette typologie. Nous aurions pu également avoir recours à la possession du permis de conduire, mais les différenciations interindividuelles associées à cette dernière variable sont moins nettes.

Schéma 19 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux actifs poblanais
Schéma 19 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux actifs poblanais

Chacun des sous-groupe obtenu s’est finalement révélé peu affecté par les autres variables à notre disposition (la faible fréquence des activités extra-professionnelles n’étant pas étranger à cet état de fait). Nous nous limitons donc à la partition présentée sur le schéma 19.

  • Les sans-activité

Tel qu’évoqué précédemment, 98 % des sans-activité sont des femmes et 92 % n’ont pas le permis de conduire. La variable utilisée pour la seconde partition de ces citadins est l’âge. Trois modalités ont été choisies, ce sont les moins de 40 ans, les 40-60 ans et les plus de 60 ans. Elles s’associent à des effectifs respectifs de 1 788, 1 049 et 488 personnes. Les achats sont effectués plus fréquemment par les 40-60 ans vis-à-vis des deux autres groupes (33 % des premiers se sont déplacés pour ce faire contre 22 % et 23 % pour les deux autres groupes). La fréquence de sans-activité se déplaçant pour ses loisirs ou pour accompagner quelqu’un chute avec l’âge tandis que la relation inverse s’observe pour les déplacements de motifs santé et religion. Au-delà de 60 ans, les citadins confirment assez nettement un repli sur le logement et le quartier typique des personnes âgées.

Il existe un lien entre l’âge de ces citadins et l’appartenance à des ménages où il y a des enfants de moins de 15 ans48 (une autre des variables retenues pour l’analyse). 80 % des moins de 40 ans vivent en effet dans des ménages de ce type, contre 53 % et 37 % pour les 40-60 ans et les plus de 60 ans. Cela confirme en partie l’interprétation proposée pour expliquer les différences entre les moins et les plus de 40 ans.

Parce que les effets des variables restant à notre disposition étaient trop faibles, nous avons décidé de ne pas faire de partition supplémentaire. Le schéma 20 présente la partition réalisée pour le groupe des citadins sans-activité.

Schéma 20 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux Poblanais sans-activité
Schéma 20 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux Poblanais sans-activité

Quatorze groupes émergent finalement de notre typologie individuelle poblanaise. Après les statuts, les facteurs discriminants sont l’âge, la motorisation des ménages et le genre. Si cette dernière variable n’apparaît que pour les scolaires et les étudiants en troisième variable de différenciation, les répartitions des statuts à l’âge de l’activité entre hommes et femmes sont déséquilibrés, les effets de genre restent donc très forts. Le fait cependant de ne pouvoir relever de différences importantes dans les activités hors-domicile des hommes et des femmes parmi les actifs revient à appuyer l’idée que les différences de genre à ce niveau proviennent principalement de l’accès à l’activité professionnelle (comme c’est le cas à Niamey avec l’accès à un travail salarié). Une appréhension des activités réalisées dans le domicile aurait pu à ce niveau permettre d’évaluer les « doubles journées » et autres cumuls d’activités contraintes (travail professionnel et travail domestique) telles qu’elles sont considérées par A. Degenne et alii [2002].

Notes
48.

Cet âge a été retenu car il correspond à l’âge au-delà duquel les enfants quittent l’école secondaire, et sont donc amenés ensuite à être plus autonomes.