3. La structure des ménages, l’âge et le genre à Lyon

Faute de facteurs jugés suffisamment discriminants, ni les scolaires, ni les chômeurs n’ont fait l’objet de partitions supplémentaires.

Les 966 étudiants ont été distingués selon leur autonomie au sein du foyer. S’ils correspondent au chef de ménage49 ou à son(sa) conjoint(e), nous les avons considérés autonomes, ce qui ne veut pas dire bien sûr que tout lien (en particulier de nature financière) a été coupé avec les parents. Au niveau de leurs activités, la différence la plus nettement marquée se porte sur les déplacements réalisés pour les achats, deux fois plus nombreux chez les étudiants autonomes. Ils sont également plus dynamiques en termes de visites et de loisirs. Les deux groupes finalement obtenus sont présentés sur le schéma 21.

Schéma 21 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux étudiants lyonnais
Schéma 21 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux étudiants lyonnais

Cette partition des étudiants selon leur autonomie renvoie directement à leur âge et aux revenus de leur ménage d’appartenance. L’autonomie se généralise au fil des années, ce qui fait que les étudiants autonomes sont en moyenne plus âgés que leurs homologues vivant chez leurs parents. Les revenus des ménages sont faibles pour les premiers (75 % d’entre eux vivent dans un ménage du premier quintile de revenus par unité de consommation) tandis que ceux des seconds (qui proviennent des parents) sont donc plus élevés. Il n’y a pas de différence liée au genre.

Les actifs à temps plein forment, à l’issue de la partition par les statuts, le groupe le plus important en termes d’effectifs (5 024 individus). La première partition réalisée porte sur la structure des ménages d’appartenance. Quatre sous-groupes émergent selon que les citadins en question vivent seuls, en couple, en famille ou dans un ménage d’une autre structure. Les différences notées renvoient aux achats, bien plus fréquents chez les actifs vivant seuls. Les loisirs et les visites prennent également une place plus grande chez eux. L’accompagnement concerne plus largement les actifs vivant au sein d’une famille et ceux que l’on retrouve dans les structures de ménage autres (familles monoparentales, familles polynucléaires, etc.).

La structure du ménage d’appartenance varie avec les autres caractéristiques individuelles ou liées au ménage. Les citadins faisant partie d’un ménage de structure autres sont relativement jeunes, à l’inverse de ceux qui vivent en famille. Les hommes sont parallèlement sur-représentés parmi les couples et les familles, et les femmes parmi les actifs à temps partiel et surtout les sans-activité (femmes au foyer). Les revenus sont plus importants enfin pour les actifs vivant seuls, tendance plus nette encore pour ceux vivant en couple.

Schéma 22 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux actifs lyonnais à temps plein
Schéma 22 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux actifs lyonnais à temps plein

A l’issue de cette première partition pour les actifs à temps plein, nous avons décidé d’en opérer une seconde (liée au genre) pour ceux qui vivent au sein d’un couple, d’une famille et d’une structure autre de ménage. La différence la plus nette selon le genre des citadins concerne les achats (schéma 22). La réalisation de cette activité est jusqu’à deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (35 % contre 18 % parmi les familles, 35 % contre 23 % parmi les couples et 36 % contre 24 % dans les structures autres). Les accompagnements et les déplacements pour la santé concernent plus les femmes que les hommes (à l’exception des actifs en couple) et les visites sont légèrement plus fréquentes chez les hommes. Aucune différence n’est notable pour les loisirs.

Les 795 actifs à temps partiel ont été séparés en deux selon leur âge. La limite retenue entre les deux groupes a été fixée à 40 ans, dans la mesure où cet âge équilibrait les effectifs et permettait d’obtenir la variabilité inter-groupes la plus forte. Ce facteur d’âge a été préféré à la présence éventuelle d’un enfant pour diverses raisons. Des différences d’âge se font ressentir sur toutes les activités. On remarque un tassement au-delà de 40 ans de la proportion d’actifs à temps partiel se déplaçant pour le travail, les visites et divers accompagnements. A l’inverse, les fréquences de ceux qui sont sortis de chez-eux pour la santé, les loisirs, les démarches et surtout les achats (49 % des plus de 40 ans ont fait un déplacement de ce type contre 34 % des moins de 40 ans) s’accroissent à partir de cet âge. Ces différences peuvent certes s’interpréter par la présence d’enfants en bas-âge dans les ménages les plus jeunes, mais ce seul facteur ne suffit à expliquer les différences observées50. La seconde interprétation porte sur la précarité des actifs à temps partiel de moins de 40 ans. Celle-ci apparaît aussi bien au niveau de la structure que des revenus des ménages d’appartenance : 30 % des moins de 40 ans vivent dans des ménages de structures autres (colocations, familles polynucléaires, etc.) contre 6 % des plus de 40 ans et, parallèlement, 30 % des moins de 40 ans vivent dans des ménages des deux quintiles de revenus les plus élevés contre 40 % des plus de 40 ans. Le temps partiel serait donc plus subi par les plus jeunes qu’il ne l’est par les autres. Cette tendance est confirmée par l’étude réalisée par J. Bué [2002], qui relève la plus forte proportion des plus jeunes et des moins diplômées parmi les individus concernés par le temps partiel dit « d’embauche », i.e. contraint. Le schéma 23 présente la partition réalisée et les effectifs associés.

Schéma 23 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux actifs lyonnais à temps partiel
Schéma 23 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux actifs lyonnais à temps partiel

Une seule partition supplémentaire (présentée sur le schéma 24) a été réalisée pour les 1 146 personnes sans activité, qui rappelons-le sont à 97 % des femmes. Celle-ci est basée sur la présence éventuelle d’un ou plusieurs enfants de 14 ans ou moins (jusqu’au collège compris). Les résultats sont significatifs puisque l’on mesure une contraction importante des déplacements liés aux achats et surtout aux loisirs et aux visites des sans-activité vivant dans un ménage avec enfant(s). A l’inverse, deux personnes sur trois parmi eux font au moins un accompagnement dans la journée enquêtée contre seulement 12 % parmi les autres. La présence d’un enfant dans le ménage limite donc en proportion les déplacements et les activités des personnes qui s’en occupent en contraignant leur temps par une augmentation des activités contraintes au domicile [Degenne et alii, 2002].

Schéma 24 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux sans-activité lyonnais
Schéma 24 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux sans-activité lyonnais

Au-delà de 40 ans, la présence d’enfant(s) de 14 ans ou moins se fait plus rare. Mais contrairement à la situation des actifs à temps partiel, la prise en compte de l’âge ne permet pas d’interprétation supplémentaire.

En ce qui concerne finalement les retraités, ils ont été distingués selon leur âge. Les retraités de plus de 75 ans, couramment appréhendés comme des membres du quatrième âge, ont des comportements de mobilités et d’activités sensiblement différents des retraités plus jeunes. Seuls les achats sont plus fréquents chez eux, tandis que les loisirs, les visites ou encore les déplacements liés à l’accompagnement chutent. L’avancement dans le cycle de vie s’accompagne d’effets de génération importants parmi lesquels le rapport à la voiture particulière. La proportion de plus de 75 ans n’ayant pas le permis de conduire atteint 50 % par exemple contre 20 % pour les retraités de moins de 75 ans.

Schéma 25 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux retraités lyonnais
Schéma 25 : Branche de la typologie individuelle correspondant aux retraités lyonnais

Nous obtenons finalement une typologie individuelle de 17 groupes pour les citadins lyonnais. Une fois le statut fixé, nous avons pu apprécier l’importance de la structure du ménage d’appartenance, qui est apparu directement discriminant pour les actifs à temps plein et les étudiants, et indirectement pour les actifs à temps partiel et les sans-activité. L’âge n’intervient qu’en second plan, bien que ses effets s’avèrent déterminants pour les retraités, et les actifs à temps partiel. Le genre n’intervient qu’en troisième variable de différenciation pour les actifs lyonnais à temps complet.

Notes
49.

Le chef de ménage est la personne référente au moment de l’enquête.

50.

Nous avons testé l’effet de la présence dans le ménage d’enfants de moins de 3 ans (avant la maternelle), de moins de 6 ans (avant l’école primaire), de moins de 11 ans (avant le collège) et de moins de 15 ans (avant le lycée) sur la nature des activités réalisées. Aucune de ces variables n’offre des résultats significatifs.