5. Synthèse comparative des typologies individuelles

Les variables utilisées pour la construction des typologies individuelles des quatre aires urbaines sont présentées dans le tableau 7. Pour comprendre la nature des activités réalisées par les citadins, nous avons eu recours dans les quatre aires urbaines à la même première variable de différenciation, le statut. Les rôles sociaux associés à cette caractéristique individuelle sont plus marqués cependant à Niamey et à Puebla qu’à Lyon et Montréal.

Tableau 7 : Récapitulatif des variables discriminantes utilisées pour la construction des typologies individuelles à Niamey, Puebla, Lyon et Montréal
Tableau 7 : Récapitulatif des variables discriminantes utilisées pour la construction des typologies individuelles à Niamey, Puebla, Lyon et Montréal

La suite des constructions des typologies individuelles a confirmé dans le cas niaméen l’importance du genre pour expliquer les activités réalisées. Cette variable est également apparue comme directement discriminante pour les scolaires et les étudiants à Puebla et pour les actifs lyonnais (à structure du ménage d’appartenance fixée). Si elle n’est pas apparue en tant que telle à Montréal, les groupes obtenus sont souvent inégalement composés d’hommes et de femmes. Le genre conserve donc dans les quatre villes un pouvoir explicatif important, mais à des degrés variés. J. Coutras [2007] met ainsi en parallèle le redéploiement des systèmes productifs et urbains pendant les Trente Glorieuses avec la place grandissante prise à cette période par les femmes dans les emplois de type tertiaire. Cela s’est fait cependant pour elles au prix du développement des doubles emplois du temps (hors-domicile et domicile). Les différences hommes/femmes ne se sont pas réduites uniformément et la mobilité des femmes de certaines catégories sociales fragiles reste « réduite et contrainte » (Coutras, 2007:171). Dans les pays du Sud, la même auteure relève que « l’insertion des femmes sur le marché du travail doit encore et toujours être reliée à l’organisation du travail domestique » (op.cit.:172). Dans les contextes urbains africain L. Diaz Olvera et alii [2004] soulignent que l’emploi des femmes se concentre sur le secteur informel, tandis que l’accès à un emploi formel serait plus largement « un moyen pour échapper quelque peu à l’emprise du contrôle masculin sur les lieux qu’elles fréquentent » (op.cit.:240). Ces mêmes tendances ressortent de nos analyses.

Dans les deux aires urbaines du Sud, les revenus ont permis de distinguer les actifs au niveau des activités qu’ils réalisent, même si à Puebla, cette variable intervient par l’intermédiaire des niveaux de motorisation (nous ne disposions pas dans l’enquête associée des revenus des citadins). Le niveau socio-économique a donc, dans ces deux villes, un effet non négligeable sur la réalisation de diverses activités. Cela a été mis en évidence dans diverses recherches sur les contextes du Sud, avec comme facteur d’explication principal les différences importantes d’accès à la voiture particulière selon les niveaux de revenus ([Plat, 2002], [Bussière et alii, 2005]).

L’âge des citadins, ou leur position dans le cycle de vie, intervient à plusieurs reprises mais concerne surtout les citadins lyonnais et montréalais. Il permet de rendre compte, en particulier à Montréal, d’effets de génération particulièrement marqués pour les personnes les plus âgées. C’est également ce que soulignent divers spécialistes ([Bussière & Thouez, 2005], [Pochet, 2003], [Benlahrech, 2002]). Ils renvoient alors à la dégradation de l’état de santé, l’isolement relationnel croissant, mais également au faible accès à la voiture particulière des générations les plus anciennes [Pochet, 2003].

La structure des ménages d’appartenance est une variable discriminante de première importance à Lyon et Montréal, mais ressort peu à Puebla et Niamey. Dans ces deux dernières aires urbaines, elle est largement uniformisée autour de la structure de base de la famille. Pourtant, la variabilité des activités réalisées dans les deux villes du Nord est très marquée selon la forme du ménage. Les pratiques quotidiennes, en termes d’activités réalisées, varient alors nettement. Ces écarts importants se retrouvent dans les travaux de A.-M. Seguin et Y. Bussière [1997].

Nous n’avons considéré dans cette partie de notre travail que des variables a-spatiales, pour pouvoir ensuite aborder plus spécifiquement les effets portés par le lieu de résidence des citadins et des ménages auxquels ils appartiennent. Le degré d’attractivité des territoires où se déroulent les activités recensées concerne le second axe de notre approche spatialisée.