3. Lyon

Sept grands types d’espaces résidentiels ont été distingués dans l’aire urbaine lyonnaise : le centre, le péricentre dense, le péricentre populaire, la première couronne populaire, les banlieues de grands ensembles, l’Ouest lyonnais et la périphérie.

Relativement aux statuts, il est possible de souligner, parmi les résidents du centre, la sur-représentation des étudiants (ils sont trois fois plus nombreux en proportion que dans la moyenne de l’aire urbaine) et la sous-représentation des scolaires et des retraités (respectivement 5 % et 12 % contre 9 % et 19 % dans l’ensemble de Lyon). Les étudiants sont également plus nombreux en proportion dans le péricentre et moins présents dans les espaces périphériques. La localisation de leurs établissements d’enseignement ne suffit pas à expliquer cette concentration, et leur préférence pour le centre va de pair avec l’offre importante de services et de transports.

La seconde spécificité géographique porte sur les banlieues puisque les actifs à temps plein, les étudiants et les retraités y sont sous-représentés, et les scolaires, les chômeurs et les citadins sans-activité sur-représentés. Ces espaces souffrent d’une image négative. Les citadins qui en ont les moyens sont souvent amenés à quitter ces quartiers. Cela explique en partie les répartitions observées. Le graphe 23 permet de visualiser les répartitions observées selon les statuts dans les quartiers centraux et de banlieues vis-à-vis de la répartition moyenne dans l’aire urbaine.

Graphe 23 : Répartition des citadins lyonnais dans le centre et les banlieues selon leur statut
Graphe 23 : Répartition des citadins lyonnais dans le centre et les banlieues selon leur statut

Les étudiants ont été distingués selon leur autonomie dans le logement (elle résulte du départ de chez le(s) parent(s)). Les écarts de répartition sont très nets selon les espaces résidentiels (graphe 24). L’autonomie se décline clairement par une concentration dans le centre ou dans le péricentre des étudiants concernés, tandis que ceux qui habitent encore chez leurs parents sont plus nettement majoritaires dans les zones périphériques. La place du centre-ville dans les représentations des étudiants et leurs capacités de transports encore peu développées motivent ces localisations spécifiques.

Graphe 24 : Répartition des étudiants lyonnais selon leur autonomie au sein du logement
Graphe 24 : Répartition des étudiants lyonnais selon leur autonomie au sein du logement

Pour les actifs à temps plein, la structure du ménage d’appartenance est nettement dépendante des espaces résidentiels considérés. Ce résultat est logique puisque la typologie résidentielle a été créée en partie sur la base des structures de ménages. On retrouve avec l’éloignement au centre une proportion décroissante de ménages individuels et croissante des familles. La seule exception à cette règle est portée par les banlieues, au sein desquelles les familles sont relativement fréquentes. Le graphe 25 permet d’apprécier la force de ces tendances.

Les actifs à temps partiel ont été distingués quant à eux sur la base de leur âge (moins ou plus de 40 ans). Les plus âgés sont alors sur-représentés dans l’Ouest lyonnais (ils représentent 69 % des actifs à temps partiel contre 47 % dans l’ensemble de l’aire urbaine). Ils sont parallèlement sous-représentés dans le centre et les banlieues (31 % et 36 %). Ces deux types de territoires, pour des raisons différentes, sont des lieux de résidence que les actifs ont tendance à éviter lorsqu’ils en ont les moyens, et/ou qu’ils vieillissent.

Graphe 25 : Répartition spatiale des actifs à temps plein selon la structure de leur ménage d’appartenance à Lyon
Graphe 25 : Répartition spatiale des actifs à temps plein selon la structure de leur ménage d’appartenance à Lyon

Les sans-activité ont été distingués selon la présence d’enfants de 14 ans ou moins dans le ménage. Les sans-activité avec enfants(s) sont plutôt présents alors dans les banlieues (56 % contre 37 % en moyenne), et dans une moindre mesure en périphérie. Nous savons les familles (couples avec enfant(s)) assez présentes dans ces deux espaces, mais les personnes qui s’occupent du ou des enfant(s) sont plus fréquemment sans-activité dans les banlieues, et plutôt actives à temps plein ou partiel dans les périphéries et l’Ouest lyonnais.

Pour finir, nous avons étudié la répartition des retraités selon leur appartenance au troisième ou quatrième âge (respectivement moins et plus de 75 ans). Ces derniers préfèrent le centre et le péricentre aux zones périphériques, certainement pour la proximité des services et activités. Les stratégies de localisation semblent donc évoluer après l’âge de l’activité.

Les activités varient-elles directement selon la localisation résidentielle des citadins considérés ? L’effet le plus net porte sur les loisirs, plus fréquents chez les résidents de l’Ouest lyonnais et du péricentre, et moins habituels chez les résidents des banlieues, du péricentre populaire ou encore de la première couronne populaire. Une interprétation socio-économique de ces différences semble pertinente. Cette plus faible fréquence des loisirs pour les résidents des banlieues est compensée dans ces territoires par des visites (de membres de la famille, d’amis, de voisins), plus fréquentes en moyenne que celles des autres citadins lyonnais. Les effets des statuts individuels sur les activités réalisées restent bien plus marqués cependant. Il convient alors de fixer cette variable.

La localisation résidentielle des scolaires joue peu sur leurs activités. Par contre, les activités des étudiants sont plus fréquentes et diversifiées pour les résidents des zones centrales ou péricentrales, où les activités de proximité sont les plus denses. Cela fait également écho à la localisation concentrée vers le centre des étudiants autonomes. Les étudiants non-autonomes ont sensiblement les mêmes activités selon leur lieu de résidence, avec toutefois une plus faible fréquence de loisirs et de visites pour ceux qui vivent dans la première couronne populaire.

Pour ce qui est des actifs à temps plein, les tendances sont peu marquées, même après les décorrélations successives par les statuts, la structure des ménages et le genre. Les activités dépendent finalement assez peu du lieu de résidence pour ces catégories de population. Les actifs à temps partiel qui vivent dans les zones populaires lyonnaises et en particulier dans les banlieues font moins d’achats et de loisirs que les autres. Ceci est compensé par des visites plus fréquentes. On retrouve ici la question déjà abordée du caractère choisi ou subi du temps partiel.

Les chômeurs sont sensibles à la localisation de leur logement. Leurs activités (achats, loisirs, visites, etc.) sont d’autant moins fréquentes et variées que leur zone de résidence est loin du centre et défavorisée. L’enjeu, pour garantir une certaine dynamique d’activités, semble donc être de leur donner les moyens de trouver à se loger dans des espaces centraux ou péricentraux. Les sans-activité ont quant à eux des activités qui ne diffèrent pas vraiment selon leur lieu de résidence, à l’exception des habitants de l’Ouest lyonnais dont les loisirs sont près de deux fois plus fréquents.

Dans le cas des retraités, la rareté des loisirs (qui concerne plutôt le centre, le péricentre populaire et les banlieues) passe par une plus forte fréquence des achats, et inversement. Cette substituabilité des loisirs et des achats suggère alors l’importance des seconds dans le quotidien de ces citadins.

La localisation résidentielle est apparue à plusieurs reprises et ne semble pas étrangère à la réalisation éventuelle d’activités. Les résidents centraux, quels qu’ils soient, font plus d’achats et se déplacent plus pour leurs loisirs (ce qui est également le cas pour ceux qui vivent dans l’Ouest lyonnais). Les résidents des banlieues ont également moins de loisirs mais font plus souvent des visites. Ces tendances restent peu marquées cependant vis-à-vis de celles qui ont pu être mises en évidence par les variables explicatives utilisées pour la construction de la typologie individuelle. Comme c’est le cas pour les étudiants autonomes, la partition effectuée est mieux comprise grâce à la localisation des citadins concernés dans les espaces résidentiels.