4. Montréal

La typologie résidentielle a permis distinguer huit groupes de zones : le centre, le péricentre-ouest, le péricentre-est, les noyaux populaires péricentraux, la première couronne francophone, l’Ouest anglophone, la seconde couronne montréalaise et la périphérie lointaine.

Les localisations résidentielles ne varient que faiblement selon les statuts. On remarque cependant une légère sur-représentation des actifs à temps complet en périphérie lointaine, en seconde couronne montréalaise et dans l’Ouest anglophone, couplée à leur sous-représentation dans le centre ou dans les noyaux populaires péricentraux. Les scolaires/étudiants et les retraités sont plus présents dans les zones centrales.

Pour les actifs à temps plein, la structure des ménages et la localisation résidentielle sont très liées. Ceux qui habitent seuls sont plus de 5 fois plus nombreux en proportion dans le centre qu’en périphérie lointaine, et à l’inverse, les familles sont près de 4 fois plus nombreuses en périphérie lointaine que dans le centre. Ces variations sont visibles sur le graphe 26. Les proportions de couples, de familles monoparentales et des structures autres de ménage sont moins sensiblement affectées par la localisation résidentielle. La localisation résidentielle ne varie ensuite que très peu selon l’âge des citadins (troisième variable de différenciation) ou la présence éventuelle d’enfant(s) de moins de 15 ans dans les familles ou familles monoparentales.

Pour les actifs à temps partiel, la première segmentation a porté sur l’âge des citadins. Les moins de 35 ans sont plutôt présents en proportion dans le centre, le péricentre-est et les noyaux péricentraux populaires. Dans le même temps, les actifs à temps partiel qui ont plus de 35 ans sont sur-représentés dans le péricentre ouest et surtout dans l’Ouest anglophone. Les temps partiels chez les plus jeunes résultent sans doute moins fréquemment d’un choix de leur part que ce n’est le cas pour les plus de 35 ans.

Graphe 26 : Relation entre la structure du ménage et la localisation résidentielle chez les actifs montréalais à temps plein
Graphe 26 : Relation entre la structure du ménage et la localisation résidentielle chez les actifs montréalais à temps plein

Les scolaires se répartissent plus spécifiquement à l’image des familles, c’est-à-dire dans les zones périphériques ou l’Ouest anglophone. Quant aux étudiants, ils sont plus présents dans les noyaux populaires centraux et dans le péricentre est. Cette localisation est plus nette encore pour ceux qui se sont installés dans leur propre logement. Ils se portent effectivement vers les territoires centraux ou péricentraux de l’aire urbaine où les loyers sont suffisamment faibles pour leur être accessibles. La même tendance avait pu être pointée à Lyon.

On remarque pour les retraités que ceux qui ont moins de 60 ans sont plus concentrés en périphérie lointaine tandis que ceux appartenant aux deux autres classes d’âge (60-75 ans et plus de 75 ans) y sont moins présents. Ceux-ci sont alors sur-représentés en particulier dans le péricentre Ouest. La possession du permis de conduire, qui influe assez fortement les activités réalisées, s’associe à des localisations assez spécifiques. On observe une présence plus forte de ceux qui ont le permis en périphérie lointaine et dans l’Ouest anglophone, tandis que ceux qui ne l’ont pas se concentrent plus largement dans le péricentre-est et les noyaux populaires péricentraux. Ces derniers quartiers sont mieux desservis en termes de services de proximité, mais correspondent également aux zones les plus défavorisées. La possession du permis de conduire pour les retraités n’est donc pas qu’une question de génération…

Comme pour les actifs, la forme du ménage influe fortement sur les préférences de localisation des citadins dont le statut est autres (chômeurs et aux sans-activité). Ceux qui vivent seuls préfèrent les zones péricentrales (est et ouest) et délaissent les zones périphériques (les niveaux de revenus des individus de ce groupe sont les plus faibles de notre typologie). Ceux qui ont la responsabilité d’une famille monoparentale ont peu ou prou les mêmes préférences. La vie de famille est plus largement associée aux zones périphériques (en particulier les périphéries lointaines et l’Ouest anglophone). Cette remarque ne s’applique pas cependant à ceux qui n’ont pas le permis de conduire, qui se concentrent plus nettement dans les noyaux populaires péricentraux. Plus que l’effet générationnel, la non-possession du permis de conduire semble être liée pour ces citadins à une situation sociale et économique défavorable.

En comparant tout d’abord les activités réalisées par l’ensemble des résidents de chacun des espaces résidentiels, peu de variations sont notables pour le travail, les études, les achats ou encore les visites. Par contre, les loisirs suivent une double logique car ils déclinent avec l’éloignement au centre de l’aire urbaine et la pauvreté relative de la zone considérée.

A l’intérieur de chacun des groupes concernant les scolaires/étudiants, on relève une proportion plus importante de déplacements pour les achats de la part des résidents centraux, proportion qui va décroissant ensuite au fil de l’éloignement du centre. Cela renvoie à l’autonomisation plus importante des étudiants au centre, et la fréquence plus forte de scolaires vivant chez leurs parents dans les périphéries.

Pour chacun des dix groupes qui concernent les actifs à temps plein (à statut, structure du ménage et classe d’âge fixés), la localisation résidentielle ne joue que faiblement sur les activités et les mobilités individuelles. Les loisirs sont les plus sensibles au lieu de résidence, puisque l’on repère une baisse systématique de la pratique de ces activités pour les citadins résidant dans les périphéries lointaines et les noyaux populaires péricentraux (pour des raisons différentes). Les loisirs sont parallèlement plus fréquents pour les résidents du centre et du péricentre-ouest. Les achats et les visites sont quant à eux légèrement plus rares pour les citadins périphériques. Ces variations restent marginales puisqu’elles s’inscrivent dans un intervalle de 15 % autour de la moyenne de ces pratiques dans l’ensemble de l’aire urbaine.

Parmi les actifs à temps partiel, les tendances observées sont similaires à celles obtenues pour les actifs à temps plein. Les achats et les loisirs se font plus rares pour les citadins qui résident dans les noyaux populaires péricentraux et la périphérie lointaine. Par contre, les résidents de la seconde couronne montréalaise et de l’Ouest anglophone se déplacent plus souvent pour faire des achats. Quelques-uns combinent activité professionnelle et études, ils sont plus largement concentrés dans les zones centrales.

Les achats, qui font partie des activités les plus pratiquées par les retraités, sont plus fréquents chez ceux qui résident dans la seconde couronne montréalaise, le péricentre-ouest ou l’Ouest anglophone, tout au moins en ce qui concerne les retraités de moins de 60 ans ou ceux qui ont le permis de conduire parmi les 60-75 ans et les plus de 75 ans. Pour ceux qui n’ont pas le permis de conduire, la tendance s’inverse et les achats sont plus fréquents uniquement dans les zones péricentrales -est et -ouest. Ces mêmes remarques s’appliquent pour les loisirs. La contrainte du permis de conduire a donc un effet important sur les activités dans les zones périphériques, où, in fine, les différences en termes d’activités sont marquées entre ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas.

A l’intérieur des groupes de la typologie individuelle, les activités des citadins de statut autres varient avec les localisations résidentielles selon un schéma identique, quelle que soit la structure du ménage. On retrouve des tendances déjà observées en particulier pour les actifs, à savoir une inflexion des déplacements pour les achats et pour les loisirs dans les noyaux péricentraux populaires, tandis que ces mêmes résidents se déplacent plus fréquemment que les autres pour des visites. La plus grande disponibilité de temps de ces citadins vis-à-vis des actifs explique sans doute que ceux qui vivent dans les périphéries lointaines ne se déplacent pas moins pour leurs achats (ce qui était le cas pour les actifs).