5. Synthèse comparative

Dans un premier temps, l’espace n’a pas été pris en compte dans la construction de la typologie individuelle. En étudiant ex ante ses effets, nous avons fait l’hypothèse d’une influence de l’espace indépendante de celle des facteurs socio-économiques et démographiques classiques sur les activités réalisées. Cette approche en deux temps a permis de relever quelques tendances intéressantes.

Les typologies résidentielles ont été construites (partie II) sur la base de plusieurs variables parmi lesquelles les niveaux de revenus et les structures des ménages. Il est logique de ce fait d’observer des répartitions spécifiques dans les espaces résidentiels des ménages à une personne ou des familles et des ménages défavorisés ou favorisés. Tel qu’évoqué dans la problématique, les choix de localisation de l’habitat renvoient à des logiques propres aux ménages. Deux cas de figure différents se présentent alors à nous au moment de l’étude du lien entre localisations résidentielles et activités réalisées. Ils concernent le recours pour expliquer la réalisation éventuelle des activités à des variables liées aux ménages d’une part et caractérisant les individus d’autre part.

Les revenus des ménages distinguent les actifs dans les deux villes du Sud, et les structures des ménages sont fortement discriminantes dans les cas lyonnais et montréalais. Selon les modalités de ces deux variables, d’importantes disparités sont apparues dans les activités réalisées, ainsi que des répartitions spécifiques dans les espaces résidentiels. Il est possible dans ces cas précis de parler d’une première distinction dans les modes de vie, plutôt relatives à la structure des ménages dans les deux villes du Nord et aux niveaux de vie dans les deux villes du Sud. Ces deux dynamiques ségrégatives spécifiques se retrouvent dans la littérature, avec les travaux de N. Haumont et M. Ségaud [1989] et de J.-Y. Authier & alii [2005] pour le lien entre les structures familiales et les modes de vie et diverses contributions de l’ouvrage coordonné par F. Dureau et alii [2000] pour ce qui est des différenciations d’ordre économique dans les villes du Sud.

Une part importante des partitions se sont basées sur des variables individuelles (statut, genre, âge, etc.). Les groupes de citadins issus de ces segmentations ne sont que rarement répartis d’une manière spécifique dans les espaces résidentiels. Les rôles sociaux et les situations économiques associés aux statuts explique bien plus que la localisation du logement les différences d’activités réalisées. Certaines tendances ont pu cependant être mises en évidence dans les quatre villes, tandis que d’autres relèvent de spécificités locales. Parmi les points communs, nous retiendrons la propension plus élevée des citadins centraux à effectuer des loisirs. Au-delà de la proximité plus grande des activités associées, cela est à mettre en relation avec la spécialisation des espaces résidentiels relativement aux statuts de leurs habitants. Les étudiants et les retraités sont par exemple sur-représentés dans le centre, tandis que les scolaires sont plus nombreux dans les périphéries. Dans le même temps, les chômeurs et les sans-activité se concentrent plus dans les zones défavorisées et les actifs dans les quartiers les plus aisés. Cette remarque, qui n’est pas surprenante, permet tout de même de mieux comprendre les dynamiques quotidiennes des territoires urbains.

A un tout autre niveau, une différence apparaît entre les lieux de résidence des étudiants de Niamey et Puebla d’un côté, et de Lyon et Montréal de l’autre. Ils correspondent plutôt aux quartiers aisés dans le premier cas, ce qui suggère que la pratique des espaces urbains par les étudiants de ces deux villes est marquée par la forte ségrégation résidentielle économique. Dans le second cas, ils vont habiter préférentiellement dans le centre et le péricentre, et délaisser plus largement les zones périphériques. Dans leur cas, la localisation de leur logement est plutôt déterminée par l’organisation fonctionnelle des territoires urbains. Nous proposons maintenant de caractériser les espaces au sein desquels les citadins exercent leurs activités.