2. Puebla

Les accès à l’emploi, à l’enseignement pré-universitaire et universitaire, aux achats, aux loisirs et à la santé sont successivement étudiés dans le cas poblanais.

Les pôles d’emplois poblanais sont concentrés dans et autour du centre. La nature des territoires où se rendent les citadins pour leur travail dépend largement de leur localisation résidentielle (graphe 33). Les emplois des résidents du centre sont plus fréquemment situés dans les pôles tandis que ceux des résidents des périphéries sont plutôt établis dans des zones où l’attractivité mesurée est faible. Les différences sont moins nettes pour ce qui est des accès des résidents péricentraux et de la périphérie proche.

Les pôles d’emplois sont des destinations moins fréquentes pour les citadins les moins instruits, 26 % des citadins ayant un niveau d’études primaire ou inférieur s’y sont rendus alors que c’est le cas de respectivement 35 % et 37 % de ceux qui ont un niveau secondaire et supérieur. Aucun effet de genre ou d’âge n’a été noté.

Graphe 33 : Pratiques des pôles d’emplois selon le lieu de résidence à Puebla
Graphe 33 : Pratiques des pôles d’emplois selon le lieu de résidence à Puebla

Les modes utilisés pour se rendre au travail varient assez peu selon le degré d’attractivité de la zone de destination, à l’exception d’un usage légèrement supérieur des transports collectifs à destination des pôles d’emplois, usage compensé par une baisse de la marche à pied (écarts de 6 %). Les différences sont plus nettes selon la localisation résidentielle (graphe 34). L’usage de la voiture particulière conducteur est ainsi nettement plus fort de la part des résidents du péricentre aisé, ils utilisent d’autant moins les transports collectifs. Ils ne se dirigent pas plus cependant vers les pôles d’attraction, l’usage de la voiture particulière leur permet un gain de confort ou un accès vers des territoires uniquement accessibles par ce mode. Les effectifs dont nous disposons ne permettent pas d’en savoir plus à ce niveau.

Les habitants de la périphérie lointaine populaire utilisent peu les transports collectifs pour se rendre à leur travail (au regard des autres citadins poblanais). Par contre, la pratique assez forte de la marche à pied suggère des distances plutôt faibles (ou des temps potentiellement longs), ce qui s’associe à des destinations non ou faiblement attractives à l’échelle de l’aire urbaine. Plus de 80 % des résidents de la périphérie proche construite d’immeubles utilisent les transports collectifs pour aller travailler. Ces espaces résidentiels sont bien desservis, ce qui explique les pratiques plutôt élevées des pôles d’emplois par ces citadins. Malgré la proximité relative des emplois, l’usage de la voiture particulière par les résidents du centre reste assez fort.

Graphe 34 : Modes utilisés pour le déplacement domicile-travail selon la localisation résidentielle à Puebla
Graphe 34 : Modes utilisés pour le déplacement domicile-travail selon la localisation résidentielle à Puebla

Les pôles d’enseignement secondaire ont été localisés dans le centre et le péricentre poblanais.

Les accès effectifs des scolaires selon leur localisation résidentielle renvoient à un parallèle entre les localisations des ménages et celles des territoires les plus attractifs (graphe 35).

Graphe 35 : Pratiques des pôles d’enseignement secondaire selon le lieu de résidence à Puebla
Graphe 35 : Pratiques des pôles d’enseignement secondaire selon le lieu de résidence à Puebla

Les résidents du centre et du péricentre ont des pratiques des pôles d’enseignement secondaire plus fréquentes que ceux des zones périphériques. Les modes utilisés pour ces déplacements sont plutôt orientés vers les transports collectifs, en particulier pour les résidents du péricentre populaire. La marche à pied conserve une place assez forte chez ceux qui habitent le centre et plus encore la périphérie lointaine populaire. 20 % de scolaires habitent finalement le péricentre aisé et font le déplacement en voiture particulière passager. Les modes utilisés varient peu selon le degré d’attractivité de la destination.

Les pôles d’enseignement universitaire sont concentrés en quelques territoires très attractifs (il n’existe que peu d’établissements au sein de l’aire urbaine). Nous ne présenterons pas les graphiques associés à l’accès aux études universitaires dans la mesure où les variations associées aux lieux de résidence sont faibles. Quel que soit le lieu de résidence, 60 % des étudiants se dirigent vers les pôles d’attraction à l’exception des résidents de la périphérie proche construite d’immeubles, où ils sont 74 % dans ce cas. Deux facteurs expliquent cette particularité, leur proximité relative du campus de la B.U.A.P. (la plus importante université poblanaise) et leur desserte plutôt favorable en transports collectifs, déjà pointée dans le cas des déplacements domicile-travail. L’accès aux études universitaires se fait d’ailleurs plus largement par ce mode pour les résidents de cette zone (92 % l’utilisent). Il s’agit en fait de la norme pour l’accès aux pôles d’enseignement universitaire puisque 80 % des étudiants qui y étudient utilisent les transports collectifs pour s’y rendent. Les autres variables dont nous disposons ne permettent pas non plus de discriminer l’accès aux lieux d’études universitaires.

Les pôles d’achats ont été localisés dans le centre et sa proximité, dans les quatre directions cardinales. Leur pratique est élevée pour les résidents du centre puis baisse au fil de son éloignement (graphe 36). Les résidents de la périphérie lointaine populaire font exception à cette règle. Nous verrons par la suite que cela se fait au prix d’un usage plus élevé de la voiture particulière pour ce motif. Tel que le montre le graphe 37, les pratiques modales varient nettement pour ce type de déplacement selon la localisation résidentielle. La marche à pied conserve une place importante en particulier pour les résidents du centre, tandis que les habitants du péricentre aisé et de la périphérie lointaine populaire utilisent plus largement la voiture particulière (conducteur et passager). Les premiers sont plus dans une situation de choix que les seconds si l’on se réfère aux localisations des pôles d’achats dans l’aire urbaine.

Graphe 36 : Pratiques des pôles d’achats selon le lieu de résidence à Puebla
Graphe 36 : Pratiques des pôles d’achats selon le lieu de résidence à Puebla
Graphe 37 : Modes utilisés pour le déplacement domicile-achats selon la localisation résidentielle à Puebla
Graphe 37 : Modes utilisés pour le déplacement domicile-achats selon la localisation résidentielle à Puebla

Les pôles de loisirs ont été localisés dans le centre et sur deux des grands campus de l’aire urbaine poblanaise (au sud et au nord-est du centre). Le centre de Cholula, en périphérie-ouest de Puebla, est également apparu parmi ces territoires attractifs. L’accès à ces pôles d’attraction est assez commun pour les résidents du centre, puis décroît au fil de l’éloignement du logement par rapport au cœur de l’aire urbaine (graphe 38). La périphérie proche construite d’immeubles se distingue une fois de plus avec une proportion de loisirs dans les pôles d’attraction assez élevée, qui de pair avec un usage élevé des transports collectifs.

Les modes utilisés pour les loisirs varient peu selon la nature de l’attractivité de la zone de destination. Par contre, les écarts sont plus importants relativement aux localisations résidentielles (graphe 39). Nous avons déjà évoqué le cas des résidents de la périphérie proche construite d’immeubles, une autre spécificité concerne les habitants du péricentre aisé, avec un usage de la voiture particulière très fort vis-à-vis des autres citadins poblanais. Comme dans le cas du travail ou des achats, cela n’implique pas cependant une pratique plus large des pôles d’attraction.

Graphe 38 : Pratiques des pôles d’achats selon le lieu de résidence à Puebla
Graphe 38 : Pratiques des pôles d’achats selon le lieu de résidence à Puebla
Graphe 39 : Modes utilisés pour le déplacement domicile-loisirs selon la localisation résidentielle à Puebla
Graphe 39 : Modes utilisés pour le déplacement domicile-loisirs selon la localisation résidentielle à Puebla

La faiblesse du nombre de citadins ayant effectué des déplacements de motif santé nous interdit des traitements aussi précis que pour les autres activités. Nous notons uniquement le plus faible usage des pôles de santé par les résidents des périphéries, qui se déplacent largement à pied pour aller se soigner. Une partie de ces citadins semble ainsi à l’écart des services de santé offerts dans les grands établissements de santé poblanais.

Cette étude des accès aux activités par les citadins poblanais nous a permis de mettre en relief plusieurs tendances récurrentes. Contrairement aux Niaméens du péricentre aisé, les résidents des zones les plus aisées ne semblent pas plus prompts à se diriger vers les pôles d’attraction, par contre, ils utilisent plus souvent la voiture particulière pour se déplacer. Il est possible alors de replacer cette tendance dans un cadre socioculturel plus large. F. Dureau [2006b] évoque deux choix de modes de vie dans les villes latino-américaines. Le premier est plutôt récent et valorise le centre (il se situe dans mouvement de gentrification). Le second, majoritaire, rejette le centre à cause de la pollution et de l’insécurité qui y règnent, mais également pour valoriser un entre-soi périphérique au sein des espaces résidentiels et des activités. Cela n’est possible que grâce à la voiture particulière.

La bonne desserte en transports collectifs des zones de périphérie proche construites d’immeubles s’associe pour ces citadins à un usage assez large des pôles d’attraction, auxquels ils accèdent généralement par ce mode. Il semble que dans le cas de ces citadins, l’offre en transports collectifs a un véritable effet sur leur rapport à la ville. Leur situation géographique (périphérie proche) et socio-économique moyenne (population de classe moyenne inférieur) ne laissait pourtant pas présager un rapport quotidien si fort avec les pôles d’attraction.