3. Lyon

Les accès à l’emploi, à l’enseignement pré-universitaire et universitaire, aux achats, aux loisirs et à la santé sont étudiés dans le cas lyonnais.

Deux pôles d’emplois principaux ont été localisés, le centre (Presqu’île) et le quartier qui s’étend autour de la Part-Dieu. Aucun pôle d’emploi périphérique n’a été pointé. Ce qui détermine avant tout autre facteur le degré d’attraction des territoires où se trouvent les emplois des Lyonnais est le lieu de résidence. La spécificité des résidents du centre ressort nettement sur le graphe 40. Près de 40 % d’entre eux profitent de la présence d’un grand nombre d’emplois à proximité de leur logement. Peu de leurs emplois sont situés dans des pôles secondaires ou dans des zones non-attractives. Plus les citadins lyonnais habitent loin du centre, moins fréquentes sont leurs visites dans les pôles d’emplois pour leur travail, ils se dirigent alors plus largement vers les zones non-attractives. L’Ouest lyonnais fait exception à cette tendance (pratique élevée des pôles d’emplois relativement à leur éloignement du centre) tandis que les actifs des banlieues sont ceux qui travaillent le moins souvent dans les zones les plus attractives.

Graphe 40 : Usages des pôles d’emplois selon le lieu de résidence à Lyon
Graphe 40 : Usages des pôles d’emplois selon le lieu de résidence à Lyon

Les modes utilisés pour se rendre sur le lieu de travail dépendent des destinations concernées et plus encore des localisations résidentielles (graphe 41). Nous avons distingué ici les pôles d’attraction situés dans le centre de ceux qui ne le sont pas, dans la mesure où les modes utilisés diffèrent beaucoup selon cette spécificité spatiale. Les résidents centraux ont une pratique particulière de la ville vis-à-vis de l’ensemble des autres citadins lyonnais. Ils utilisent plus largement les transports collectifs, même lorsque l’emploi se situe dans un des pôles secondaires. Evidemment, lorsqu’ils travaillent dans le centre, ils y vont majoritairement à pied (ce qui explique les proportions faibles d’utilisation des transports collectifs et de la voiture particulière). A l’opposé, les résidents périphériques (de la première couronne à la périphérie lointaine) ont plutôt recours à la voiture particulière, y compris pour aller dans le centre de Lyon. Des différences nettes en termes de pratiques s’observent parallèlement entre les destinations centrales et les autres, ce qui veut dire que l’accès aux pôles d’emplois hors-centre (dont la Part-Dieu) nécessite un usage de la voiture particulière.

Au-delà de la description des accès à l’emploi par les citadins lyonnais, le choix du mode utilisé pour le déplacement domicile/travail a un effet sur l’ensemble de la relation tissée par le citadin avec la ville. Cette réflexion n’a pas pu être portée sur les terrains niaméens et poblanais pour des questions d’effectifs (le niveau de décorrélations étant trop élevé). Le choix de mode pour le déplacement domicile-travail détermine d’une part les pratiques modales pour l’ensemble des autres déplacements réalisés dans la journée, et d’autre part les activités hors-travail. A l’exception des résidents centraux et péricentraux, les automobilistes font plus d’achats, de visites et d’accompagnement que les usagers des transports collectifs.

Graphe 41 : Pratiques modales selon les localisations du logement et de l’emploi à Lyon
Graphe 41 : Pratiques modales selon les localisations du logement et de l’emploi à Lyon

La localisation des emplois dépend du lieu de résidence, mais varie également selon le genre. Les femmes travaillent en proportion plus grande dans le centre tandis que les territoires non-attractifs concernent plutôt les emplois des hommes. Cette différence se retrouve dans les pratiques modales, avec un usage plus fort des transports collectifs par les femmes.

Les pôles d’enseignement pré-universitaire ont été principalement localisés dans le centre et sur quelques territoires de la première couronne. La localisation résidentielle a une influence importante sur les territoires pratiqués selon leur degré d’attractivité. Le graphe 42 permet d’en rendre compte.

Graphe 42 : Usages des pôles d’enseignement secondaire selon le lieu de résidence à Lyon
Graphe 42 : Usages des pôles d’enseignement secondaire selon le lieu de résidence à Lyon

Plus ils habitent loin du centre, moins les scolaires sont nombreux à se rendre dans les pôles d’enseignement secondaire. Parallèlement, peu de ceux qui habitent dans les banlieues et le péricentre populaire s’y dirigent (même si dans le cas de ces derniers, les établissements fréquentés sont plus souvent localisés dans les zones d’attraction intermédiaire). Malgré la concentration importante de familles et d’enfants dans les banlieues, leurs écoles se trouvent sur des territoires peu attractifs à l’échelle de l’aire urbaine (du point de vue scolaire), ce qui suggère une attractivité principalement locale des établissements concernés, et renvoie à une certaine ségrégation scolaire. Les jeunes citadins des périphéries sont plus répartis quant à eux dans l’espace, ce qui explique que leurs écoles soient situées sur des territoires moins attractifs.

Les modes utilisés pour les déplacements domicile-études des scolaires sont présentés sur le graphe 43. Plus ces citadins résident loin du centre, moins ils marchent pour aller à l’école, et plus ils s’y rendent en voiture particulière. Les transports en commun sont très utilisés, quel que soit le lieu de résidence, grâce aux systèmes de transports scolaires mis à disposition des familles vivant dans les zones peu denses. Si l’on observe le lien entre les modes utilisés et les territoires où se déroulent les études, on ne relève qu’un léger surplus de la pratique de la marche à pied à destination des zones les moins attractives, compensé par un usage moins fréquent des transports collectifs. La proximité joue effectivement un rôle fondamental dans le choix de l’établissement scolaire.

Graphe 43 : Les modes utilisés pour le déplacement domicile-études par les scolaires selon leur localisation résidentielle à Lyon
Graphe 43 : Les modes utilisés pour le déplacement domicile-études par les scolaires selon leur localisation résidentielle à Lyon

La relation aux territoires attractifs pour l’enseignement universitaire ne dépend que peu des localisations résidentielles. Les étudiants lyonnais se dirigent massivement vers les quelques pôles attractifs que constituent les grands campus universitaires de l’agglomération. Les conditions d’accès à ces territoires vont changer cependant selon leur lieu de résidence.

Les pratiques modales, présentées sur le graphe 44, font écho à l’éloignement du lieu de résidence au centre de l’aire urbaine, avec une baisse de la marche à pied et une hausse de la voiture particulière (conducteur et passager). Les transports collectifs sont dominants, sauf pour les étudiants des zones périphériques (dont plus de 40 % utilisent déjà la voiture particulière). Le mode utilisé pour le déplacement domicile/études a une influence ensuite sur les activités hors-études des étudiants. Celui-ci provient de la concentration déjà énoncée des étudiants autonomes au centre ou au péricentre, où les pratiques modales sont différentes de celles des étudiants résidents en périphérie proche ou lointaine.

Graphe 44 : Les modes utilisés pour le déplacement domicile-études par les étudiants selon leur localisation résidentielle à Lyon
Graphe 44 : Les modes utilisés pour le déplacement domicile-études par les étudiants selon leur localisation résidentielle à Lyon

Les pôles d’achats ont été localisés dans le centre ou sa proximité (la Presqu’île et dans le quartier de la Part-Dieu), puis sont relativement bien répartis dans la périphérie proche ou lointaine (hypermarchés et centres commerciaux). Si les résidents du centre font leurs achats majoritairement sur ce même territoire (plus de 70 % d’entre eux), celui-ci est plutôt délaissé par les citadins vivant dans le reste de l’agglomération. Les pôles d’achats et les pôles secondaires gardent une place sensiblement similaire dans leurs destinations, quel que soit le lieu où ils résident. Les territoires non-attractifs (à l’échelle de l’agglomération) sont plus souvent pratiqués par les résidents périphériques. Ces tendances apparaissent sur le graphe 45.

Les modes utilisés pour les achats dépendent de la localisation résidentielle (graphe 46). De 20 % dans les périphéries, la proportion de citadins ayant réalisé ces déplacements à pied croît jusqu’à près de 70 % pour les résidents centraux. La pratique de la voiture particulière suit la tendance inverse. Si l’on étudie le lien entre le mode utilisé et le type de destination, on remarque une nette association entre l’usage de la voiture particulière et les pôles d’achats. L’opposition marche à pied/voiture particulière conducteur, très marquée pour ce type de déplacement, fait écho à l’opposition entre les petits achats de proximité et les courses de plus grande envergure. Le choix du mode pour faire les courses est également lié au statut, avec un usage plus grand de la voiture par les actifs, des transports en commun par les étudiants et encore de la marche à pied par les sans-activité et les retraités.

Graphe 45 : Usages des pôles d’achats selon le lieu de résidence à Lyon
Graphe 45 : Usages des pôles d’achats selon le lieu de résidence à Lyon
Graphe 46 : Les modes utilisés pour le déplacement domicile-achats par les citadins lyonnais selon leur localisation résidentielle
Graphe 46 : Les modes utilisés pour le déplacement domicile-achats par les citadins lyonnais selon leur localisation résidentielle

Ne sont considérés ici que les achats réalisés les jours ouvrables de semaine. La prise en compte des déplacements domicile/achats le week-end nous aurait certainement porté vers des résultats sensiblement différents (plus orientés vers les pôles d’attraction pour une partie des citadins). Les autres variables dont nous disposons ne permettent pas de compléter notre compréhension des pratiques des pôles d’achats selon leur attractivité.

Graphe 47 : Usages des pôles de loisirs selon le lieu de résidence à Lyon
Graphe 47 : Usages des pôles de loisirs selon le lieu de résidence à Lyon

Comme pour les accès aux autres activités, on remarque sur le graphe 47 une forte spécificité des résidents du centre vis-à-vis de la localisation de leurs pratiques de loisirs. Lorsque la résidence est plus distante du centre, les loisirs ont tendance à se dérouler sur des territoires moins attractifs. Les citadins de l’Ouest lyonnais font exception à cette règle, avec une relation avec les territoires attractifs qui reste assez forte. Pour ce qui est des pratiques modales associées aux déplacements domicile-loisirs, la voiture particulière se révèle peu utilisée, la marche à pied et les transports collectifs lui sont préférés. Ceci est d’autant plus vrai que le lieu de résidence du citadin considéré est proche du centre (vers lequel les pôles de loisirs sont concentrés).

Les résidents du centre n’ont pas été considérés ici car leurs effectifs se sont révélés insuffisants. Les pôles de santé lyonnais sont plutôt bien répartis dans le centre et le péricentre de l’aire urbaine.

Si l’on ne peut pas vraiment parler d’un effet lié à l’éloignement au centre des résidences sur la nature des destinations des déplacements de motif santé, on remarque tout de même sur le graphe 48 que les résidents des banlieues vont plus largement vers des territoires non attractifs pour se soigner, tandis que les résidents péricentraux et de l’Ouest lyonnais (qui se distinguent une fois de plus des autres espaces périphériques) sont plus prompts à l’usage des territoires les plus attractifs. La faiblesse des effectifs ne nous permet pas d’aller plus avant dans cette description de l’accès à la santé.

Graphe 48 : Usages des pôles de santé selon le lieu de résidence à Lyon
Graphe 48 : Usages des pôles de santé selon le lieu de résidence à Lyon

La spécificité des résidents du centre apparaît une nouvelle fois dans le cas lyonnais, les espaces qu’ils visitent au quotidien et les modes qu’ils utilisent diffèrent nettement de ce que l’on peut observer pour les autres citadins lyonnais. Vivre dans le centre a ainsi des répercussions très nettes en termes de pratiques des pôles d’attraction, grâce évidemment à la proximité des activités et des services et au bon maillage du réseau de transports collectifs (qui se ressent directement dans les pratiques modales de ces citadins).

Pour les activités considérées ici (emploi, études, achats, loisirs, santé, etc.), nous avons pu relever les différences d’une part entre les banlieues et les zones de première couronne, d’autre part entre l’Ouest lyonnais et les zones périphériques. Ces zones sont situées entre elles à une distance comparable du centre de l’aire urbaine et des zones les plus attractives, les pratiques des pôles d’attraction associés à chaque activité sont pourtant notablement différentes. Les habitants des banlieues exercent en général leurs activités dans des territoires moins attractifs que ceux qui vivent dans la première couronne populaire. A l’inverse, les citadins qui vivent dans l’Ouest lyonnais se rendent plus fréquemment dans les pôles d’attraction que ne le font les résidents des zones périphériques. Il semble donc que vis-à-vis de l’accès aux territoires les plus attractifs de l’aire urbaine lyonnaise, les pratiques des espaces au quotidien accentuent la ségrégation des plus défavorisés et nuancent celle des plus riches. Cette tendance a déjà été mise en valeur dans les cas niaméens et poblanais.